Sven Vanthourenhout préface les Mondiaux de cyclo-cross: «Une opportunité unique de sacre»

Sven Vanthourenhout n’est pas de ceux que l’inaction guette. Coach national des cyclocrossmen, il l’est également pour la route depuis un peu plus d’un an. Au terme d’un exercice 2021 particulièrement dense en rendez-vous, l’homme dresse un bilan serein mais réaliste, grandi tant par les réussites que par les revers. Investi et concentré sur sa mission, il préface ces Mondiaux de cyclo-cross, orphelins de Wout van Aert – qui privilégie ses objectifs printaniers – mais aussi les grands rendez-vous de la campagne sur route. Sven Vanthourenhout, vous avez bouclé votre première année complète en tant que coach fédéral route et cyclo-cross. Difficile ? Elle s’est en tout cas révélée chargée avec les Jeux olympiques et deux Championnats du monde en Belgique. Même si je m’y préparais, il a fallu gérer énormément de choses : j’ai appris au fil des semaines et gagné en expérience. Les résultats engrangés constituent dans l’ensemble une satisfaction. La pression pesait sur vos épaules pour ces Mondiaux made in Belgium, à Louvain (arrivée de la course en ligne) surtout… Les attentes étaient énormes en effet : celles du public, des coureurs, les nôtres à la fédération… Exigeante mais une très belle période avec de très bons résultats, supérieurs aux prévisions lors des épreuves chronométrées. Moins sur la route où le déroulement des courses nous a laissés déçus… Dans ces circonstances, quel aspect de votre rôle vous a surpris ou semblé plus compliqué qu’attendu ? En règle générale, les choses se sont déroulées assez naturellement mais je dois avouer que dans les périodes chargées, tu es pris dans une sorte de tourbillon, sans pouvoir se mettre de côté ou influencer le scénario. En tant que leader du groupe, tu partages les bons moments mais tu dois surtout affronter les critiques qui pleuvent quand cela tourne moins bien, en essayant de protéger les coureurs. Coxyde s’assimilait à un match « à la maison » là où Fayetteville se situe aux Etats-Unis, loin de chez nous : était-ce plus simple à appréhender ? Pas réellement non. Le coronavirus continue d’imposer ses restrictions et nous oblige à la plus grande prudence. Un tel déplacement a nécessité de gros moyens financiers et une organisation minutieuse afin de gérer la logistique dans le respect des règles. On doit remercier la fédération pour son soutien et sa volonté d’envoyer une délégation complète. Complète, si ce n’est le forfait d’un certain Wout van Aert. Son absence vous déçoit-elle en tant que coach ? Non, je sais que c’était une décision difficile à prendre pour Wout et je le soutiens, il nourrit d’autres ambitions. L’organisateur qui se voit privé de Van Aert et Van der Poel est davantage à plaindre, au même titre que les supporters et le grand public. Voilà donc Tom Pidcock propulsé favori, mais, du coup, d’autres peuvent revoir leurs prétentions à la hausse non ? Évidemment, des garçons comme Toon Aerts, Eli Iserbyt ou Lars Van der Haar savent qu’ils peuvent rivaliser avec, voire le battre ; ils ne peuvent en dire autant face à Van Aert ou Van der Poel. Ils doivent espérer connaître un jour de grâce et que Pidcock se trouve juste dans un jour… normal. Parmi vos sélectionnés, certains y croient, d’autres en rêvent. Comment former un collectif soudé dans ce contexte ? Le cross décidera rapidement quels sont réellement les prétendants au titre. Pour dominer Pidcock et d’autres, il s’agira d’œuvrer en équipe. Si chacun roule pour lui, c’est raté. Il faut profiter de ses points faibles, il ne démarre pas toujours idéalement, par exemple… Le cyclo-cross ment rarement, le meilleur l’emporte souvent mais évitons surtout de privilégier la concurrence. Eli Iserbyt se dégage dans le camp belge : le coureur qui a disputé le plus grand nombre de courses cet hiver mais aussi celui qui abandonne quand il se trouve en mauvaise posture. Fragile ou clairvoyant ? Je trouve ça plutôt… malin de sa part. En effet, s’il arrête les frais quand il sent qu’il ne réussira rien, il se montre aussi exact au rendez-vous quand il doit gagner. À Flamanville et à Hoogerheide, il a assurément pris des points et gagné en confiance. Le parcours de ces Mondiaux lui convient, il le sait. Sur la route, il y aura les Championnats d’Europe à Munich et les Mondiaux en Australie, à nouveau un long déplacement. En Allemagne, le circuit favorisera les sprinters, nous pouvons donc y présenter une belle équipe. Quant au contre-la-montre, Van Aert et Evenepoel constituent deux sérieux candidats. En Australie, un parcours destiné aux puncheurs amènera automatiquement des attentes élevées dans notre camp avec les leaders que nous emmenons. L’an dernier, vous aviez pu distribuer les rôles, l’Euro pour Evenepoel, le Mondial pour Van Aert. Ici, ils vont tous les deux viser le même objectif… Évidemment mais c’est un problème de luxe de présenter deux leaders capables de conclure. Selon le scénario, chacun peut tirer son épingle du jeu. On connaît le caractère offensif de Remco, là où Wout peut toujours compter sur sa pointe de vitesse. La relation et la confiance entre eux sont primordiales, ils le savent et ont eux-mêmes pris l’initiative de renouer le dialogue et repartir sur de bonnes bases.

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