Débat sur la consigne: quand les parlementaires entendront-ils enfin les citoyens?
L’instauration d’une consigne sur les canettes et déchets plastiques semble faire ses preuves dans certains de nos pays voisins. Mais au Parlement wallon, le débat peine à avancer...

Le débat sur l’instauration d’un système de consigne fait du « sur place » depuis de très nombreuses années. Récemment, la question a été relancée par le dépôt d’une proposition de décret initiée par le cdH et par une pétition citoyenne adressée au Parlement wallon.
Les auditions relatives à l’instauration d’une consigne sur les canettes et bouteilles en plastique se sont terminées le 21 janvier au Parlement de Wallonie… et les citoyens ont bien peur de ne pas avoir été entendus.
Le cdH défend son projet de décret, Ecolo s’intéresse à l’idée et s’informe, le PTB se positionne « pour » mais le PS reste extrêmement « frileux » sans vraiment opposer d’arguments et le représentant du MR applaudit chaque fois que des arguments anti-consigne sont amenés par les adversaires connus de la consigne. Fost Plus évidemment, mais aussi toutes les organisations qui composent cette ASBL (Fevia, Comeos, Denuo) et celles qui y sont liées (BeWapp, FIEB, Copidec, UCM).
Tous les partis n’ont pas semblé également sensibles aux arguments concrets présentés par les agriculteurs représentés par la Fugea et la FWA, ni aux pertes sèches subies par les fermiers : 3.000 vaches mortes chaque année (chaque vache représentant au moins 2.000 euros), diminution de la production de lait et de viande suite à l’ingestion de morceaux de métal, bennes de produits refusées parce que contenant des morceaux de canettes, temps perdu à redémarrer les machines agricoles qui s’arrêtent après avoir repéré du métal…
74 % des Belges y sont favorables
Les pertes réelles et récurrentes chez les agriculteurs n’ont pas été prises en compte par tous les députés alors que, dans le même temps, l’éventuel impact de la consigne sur les petits commerçants a été monté en épingle. Il est à noter que l’Allemagne et les Pays-Bas, qui pratiquent la consigne, ont eux aussi des petits commerçants, il serait intéressant de leur demander s’ils ont effectivement été impactés par la consigne.
Certains députés ont également balayé d’un revers de la main la voix des consommateurs relayée par Test-achats qui rappelait que 74 % des Belges sont en faveur de la consigne. Les sondages de Test-achats ont été violemment mis en doute alors qu’en même temps les opinions défavorables à la consigne de la Commission Inter-régionale de l’Emballage étaient considérées comme « parole d’évangile » même si elles n’étaient pas étayées par des arguments factuels. La représentante d’Inter-Environnement Wallonie n’a pas été suffisamment prise au sérieux.
L’exemple néerlandais
Durant les dernières auditions, il a été question de mettre en place une nouvelle étude… Celle-ci représenterait selon nous, un gaspillage inacceptable de temps et d’argent public, alors qu’une vraie étude EST actuellement menée aux Pays-Bas. En effet, la mise en place de la consigne en cours chez nos voisins offre des données chiffrées en temps et conditions réelles !
Que demander de plus précis ? Pour confirmer l’impact de la consigne, il est également possible d’aller interroger nos voisins allemands ou de s’intéresser à d’autres pays européens qui pratiquent la consigne ET le ramassage sélectif. Ils sont nombreux et la plupart ne sont pas des novices.
Les études minutieuses, réalisées via l’application Litterati par « Zwerfinator », un vaillant ramasseur néerlandais, ont été considérées comme inintéressantes par d’aucuns alors qu’elles sont prises en compte par le gouvernement néerlandais depuis des années et citées à l’étranger.
Ces études rapportent que, depuis l’introduction récente de la consigne sur les petites bouteilles, la présence de ce type de déchets dans la nature a diminué de façon spectaculaire. Quelle autre mesure que la consigne a généré rapidement une diminution notable des déchets sauvages ?
Certains députés wallons semblent ne pas vouloir comprendre que la situation actuelle est intolérable pour les citoyens, les agriculteurs et les « pigeons ramasseurs » qui souhaitent une solution concrète capable de réduire la présence de canettes et bouteilles dans l’environnement. Les mêmes semblent également avoir été sourds au plaidoyer des 125 communes wallonnes qui ont exprimé le souhait de voir instaurer un système de consigne.
Des citoyens ramasseurs désabusés
Nous rappelons que les citoyens ramasseurs sont sur le terrain au jour le jour et pas seulement lors des « Grands nettoyages de printemps », qu’ils sont excédés et qu’ils se rendent compte qu’ils travaillent pour les profiteurs du système : les industriels qui continuent à mettre de plus en plus d’emballages jetables sur le marché sans RIEN faire pour éviter que ces déchets ne se retrouvent dans la nature.
Durant ces auditions, de nobles idées ont été évoquées, par exemple cette évidence que « Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas ! ». Nous ne pouvons qu’être d’accord avec cette affirmation mais répéter ce mantra ne fait pas avancer les choses.
Différentes alternatives à la consigne ont été évoquées : généralisation du vrac, achat d’eau (et de coca ?) en vrac, suppression des canettes… Pourquoi pas ? Mais ces pistes nous paraissent terriblement difficiles à mettre en œuvre et utopiques alors que l’instauration de la consigne est tout à fait réalisable.
Nous savons pertinemment bien que la consigne n’aura pas l’effet d’une baguette magique mais continuer à refuser une solution simple et efficace qui a fait ses preuves depuis des années dans de nombreux pays s’apparente à de l’entêtement !
A moins que ce ne soit Fost Plus et Cie qui donnent les consignes à certains partis ?
*Signataires : Marc-André Henin (Agriculteur à Beauraing, victime des canettes), Anne Durieux (Clean Walker, Belgique), Pieter Elsen (Canal It Up, Initiateur pétition consigne au parlement flamand), Régine Florent (Professeure à l’IHECS, Initiatrice pétition consigne au parlement wallon), Mael Gerday (Etudiant, Fondateur de Clean Walker Belgique), Emmanuel Gervy (Membre des Amis de la Propreté ittrois, ramasseur découragé), Altay Manco (Docteur en psychologie et ramasseur d’ordures), Etienne Mayeur (Rebecq Biodiversité), Michel Rosart (Retraité, ramasseur Pour une Sambreville plus propre), Marc Sodoyez (Ingénieur qualité, ambassadeur de la propreté), Eddie Vanhassel(Enseignant retraité, ambassadeur de la propreté), Fernand Van den Abeel (Enseignant retraité, ambassadeur de la propreté), Jean Pirnay (Retraité, Vigilance et propreté sur le plateau des Hautes Fagnes).
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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir1 Commentaire
Et pourtant les députés reçoivent leur mandat de la population...