La sortie de crise attendra chez les cheminots

Une sortie de crise, ce vendredi ? Nombreux sont ceux qui suivront attentivement l’issue de la réunion prévue à 11 h 30 entre les représentants syndicaux et la direction des chemins de fer afin de savoir s’ils pourront circuler en train… ce samedi. « Même si nous parvenons à un accord, la circulation des trains sera perturbée toute la journée », prévient d’emblée Michel Abdissi, président de la CGSP Cheminots. « Des avancées ont été engrangées ce jeudi, à l’issue d’une première réunion, mais il est impossible de se prononcer sur l’issue des négociations. » [scald=1099626:sdl_editor_representation] Le mouvement, rappelons-le, est parti mercredi de la base, à la suite de la réception d’une circulaire de la direction informant le personnel d’un changement dans le mode de calcul des jours de récupération. « On a évoqué une réaction émotionnelle, et elle était justifiée », plaide Marianne Lerouge, responsable générale de la CSC-Transcom. « On touche à un accord qui remonte à 20 ans. Les cheminots avaient alors accepté une réduction du temps de travail contre une promesse d’embauche compensatoire, et même une réduction de salaire. Au final, l’emploi a baissé, les cheminots ont payé, et la direction veut désormais faire passer en force une mesure que les syndicats avaient encore refusée en décembre. » Comment sortir du conflit ? A défaut de réaction du côté de la direction (en particulier HR-Rail, qui gère les ressources humaines de la SNB et d’Infrabel), on en est réduit au point de vue syndical. « La direction cherche à engranger des gains de productivité de 4 % par an. En 2015, d’après nos calculs, ces gains furent de l’ordre de 5,7 %. Il y a donc une marge de manœuvre, estime Michel Abdissi. Quoi qu’il en soit, la mesure contestée devra être retirée pour apaiser les esprits. Les gens sont déterminés à assumer une grève au finish. » [scald=1099627:sdl_editor_representation] Du moins… en Wallonie. « Il y a des différences de sensibilité, mais tous les cheminots du pays sont touchés et choqués de la même manière », assure Michel Abdissi. « Il y a aussi eu des grèves en Flandre mais la pression, politique et médiatique, y est beaucoup plus forte qu’en Wallonie. Certains cheminots ont peur de s’inscrire dans le mouvement », poursuit Marianne Lerouge. Quoi qu’il en soit de l’issue des négociations de ce vendredi, les usagers du train, voire des services publics, ne sont pas au bout de leurs peines. La CGSP wallonne a en effet jeté un pavé dans la mare ce jeudi : une manifestation nationale des services publics était prévue mardi prochain, mais le syndicat socialiste a souhaité frapper plus fort. « Nous avons lancé un appel à faire grève dans l’ensemble des secteurs publics à partir de mardi et pour une durée indéterminée », explique Patrick Lebrun, secrétaire fédéral de la CGSP. Faut-il, du coup, s’attendre à une grève générale de plusieurs jours ? Rien n’est moins sûr. « Cela ne veut pas dire que tous les secteurs débraieront en même temps. Ni même qu’il s’agira uniquement de grèves. Il peut y avoir d’autres types d’actions comme de nouvelles manifestations, des actions ponctuelles, etc. Par ailleurs, les actions peuvent avoir lieu localement ou, au contraire, rassembler tout un secteur, voire plusieurs ». [scald=1099628:sdl_editor_representation] Lancer un « combat continu » Bref, il reste difficile de savoir qui débraiera et pour combien de temps. « Tous les affiliés qui prendront part à un mouvement de contestation seront couverts par le préavis de grève ». Le secteur de l’administration a déjà annoncé qu’il rejoindrait le mouvement. « L’idée de durcir les actions est une demande de la base. Il y a un ras-le-bol vis-à-vis des mesures gouvernementales, explique Olivier Nyssen, secrétaire général de la CGSP-Admi. Aucun plan d’actions n’est défini, mais on peut penser à différents moyens de pression comme la fermeture de bâtiments communaux, de piscines. Ou la fermeture des administrations, ou l’arrêt de la collecte de déchets par les intercommunales. Nous voulons instaurer un “ combat continu” . Néanmoins, nous sommes bien conscients de notre rôle de service public. Et sans parler de service minimum, nous ne laisserons pas le pays sombrer dans le chaos ». Du côté des syndicats de l’éducation, on reste plus prudent et on se cantonnera à une journée d’action le 31 mai. « La CGSP-enseignement ne suit pas l’appel de la CGSP wallonne, signale Pascal Chardome, le président du syndicat socialiste des enseignants. Nous n’appelons pas à la grève pour le 31 mai. Nous nous en tenons au mot d’ordre initial. Nous couvrirons donc les enseignants qui souhaiteront participer à des actions. Pas davantage. En revanche, pour le 24 juin, la FGTB a appelé à la grève et, là, nous relayons cet appel ». [scald=1099625:sdl_editor_representation] Pour l’heure, la CGSP semble relativement isolée dans cette volonté de durcir le ton. « Nous devons rencontrer nos collègues du nord du pays et de Bruxelles lundi pour voir s’ils désirent se joindre à nous. Nous rencontrerons également probablement nos collègues de la CSC », explique Patrick Lebrun. La CSC Services publics ne prévoit pas pour sa part d’aller plus loin que la manifestation de mardi, prévue de longue date. « Nous maintenons le mot d’ordre de manifester le 31 mai, réagit Alphonse Vanderhaeghe, vice-président de la CSC Services publics. Néanmoins, nous refusons pour l’heure d’appeler à une grève plus longue. Aucune discussion ou mot d’ordre n’est donné en ce sens ». La FGTB, elle non plus, ne soutient guère le mouvement. Marc Goblet, par la voix de sa porte-parole, renvoie systématiquement vers les services de la CGSP car « il s’agit d’un appel sectoriel ». Quant aux chemins de fer, ils seront bel et bien à nouveau en grève le 31 mais la suite est imprécise. « Nous devons encore nous prononcer, dit Michel Abdissi pour la CGSP Cheminots. Notre priorité, c’est de parvenir à un premier compromis ce vendredi. »

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