Vanzeir: un coup de sang inattendu

Samedi soir, l’attaquant de l’Union Saint-Gilloise en a surpris plus d’un au moment d’asséner un violent coup de poing à Ozornwafor. « J’ai été très étonné », confiait d’ailleurs, particulièrement interloqué, Alex Czerniatynski, l’ancien attaquant qui est aussi passé par l’Union comme entraîneur. « On a déjà vu un certain nombre de joueurs qui pétaient les plombs mais je ne m’attendais pas à lui. Si on m’avait demandé de citer des joueurs capables de cela, je ne l’aurais même pas placé dans mon top 100. » Comment Dante Vanzeir a-t-il dès lors pu en arriver à envoyer, d’un coup de poing rageur dans la figure, un adversaire à l’hôpital ? 1 Sa personnalité : « Il n’est jamais colérique ou énervé » Jusqu’à cette fatidique 45e minute et des poussières, Dante Vanzeir bénéficiait d’une image largement positive auprès du grand public. Car le joueur symbolise parfaitement la force de caractère et le courage. Annoncé comme un grand talent en devenir après un Mondial U17 largement réussi en 2015, il avait ensuite eu du mal à confirmer. Il n’avait jamais véritablement reçu sa chance à Genk, avait été prêté au Beerschot et à Malines et avait dû faire face à deux graves blessures au genou. Alors que sa carrière semblait ne jamais vouloir décoller, les choses allaient changer du tout au tout lorsque Mazzù allait l’attirer à l’Union la saison dernière. Un an et demi plus tard, 35 buts et 19 assists (en 56 matches) après, le voilà Diable rouge et en tête de la Division 1A. Un véritable conte de fées sublimé, en outre, par sa personnalité sur et en dehors du terrain. Car sur une pelouse, Vanzeir n’est pas réputé pour son mauvais caractère. Peu adepte des prises de bec avec les adversaires, il n’avait -jusqu’à ce week-end- jamais pris de carton rouge, et n’avait écopé que de cinq bristols jaunes depuis son arrivée à l’Union. « Et à la maison, il est toujours calme. Il n’est jamais colérique ou énervé », a confié Michel, son père, à « Het Laatste Nieuws ». « Cela n’a pas toujours été facile pour lui dans sa carrière, mais il est à chaque fois revenu plus fort. Et ce sont ses expériences qui m’ont également rendue plus forte », avait quant à elle déclaré sa sœur Luna, avant-centre d’OHL, dans nos colonnes. Un bel exemple de réussite, en somme. Et pourtant… 2 Son geste : « Dans une situation de stress extrême… » Qu’a-t-il dès lors bien pu se passer dans la tête du joueur au moment de « passer à l’acte » ? Certes, des circonstances atténuantes sont avancées par certains. Et notamment par son père qui déclarait que « Dante est aussi un humain. Cela arrive souvent qu’il soit accroché, comme par Dessoleil contre l’Antwerp et que le VAR n’intervienne pas. On continue à le tirer et à l’accrocher. La frustration arrive dès lors à un point tel que Dante a perdu le contrôle en un éclair ». Ou encore par Felice Mazzù qui avait affirmé en conférence de presse d’après match que « ce ne serait peut-être pas arrivé si l’arbitre avait sifflé la faute sur lui juste avant ». Mais de là à asséner un coup de poing et à envoyer son adversaire en observation à l’hôpital durant une nuit… [scald=28891347:sdl_editor_representation] Contacté par nos soins, Jef Brouwers, psychologue du sport, avance quant à lui certaines pistes de réflexion pour tenter d’expliquer ce geste. Dont une principale. « Il était dans une situation de stress extrême, de stress complet. Il était déjà énervé par les défenseurs et peut-être qu’à un moment, cela a été trop pour lui. Et dans ces cas-là, les réactions sont bien souvent complètement différentes de ce qu’on a l’habitude de connaître chez les gens. La personne la plus calme au monde, comme c’est le cas de Vanzeir qui est probablement l’attaquant le plus tranquille du championnat, peut tout à coup devenir explosive. » Autre piste avancée par notre interlocuteur : la pression qui monte autour de l’Union en cette fin de saison. « Le fait d’être en tête peut amener de plus en plus les joueurs dans une situation de stress. En outre, Dante Vanzeir, pour en revenir à lui, avait manqué un penalty face à Saint-Trond le week-end précédent. » Comme piste de solution, Jef Brouwers se réfère à un ouvrage d’une célèbre psychologue clinicienne américaine, Elle Hendriksen. « Elle a écrit un livre où elle développe la méthode 5-4-3-2-1 pour calmer l’anxiété. C’est-à-dire, dans les grandes lignes, qu’il faut compter à rebours de 5 à 1 avant de réagir. Les joueurs comme les attaquants, qui sont constamment matraqués par les défenseurs, devraient vraiment pratiquer cette méthode. Et c’est en quelque sorte ce que font aujourd’hui les juges de ligne avant de lever leur drapeau sur les hors-jeu. » 3 Son retour : « Le public adverse va le siffler » Les prochaines semaines s’annoncent en tout cas délicates pour Vanzeir qui devrait passer un bon moment sur la touche. « Et lorsqu’il reviendra, il devra s’attendre à avoir des problèmes lors des matches en déplacement », prédit Alex Czerniatynski. « Le public va le siffler et il ne devra pas réagir. Cela avait été la même chose pour Gilles De Bilde lorsqu’il était revenu de sa longue suspension (NDLR : suite à un coup de poing sur l’Alostois Krist Porte en 1996). Je conseille à Dante de se mettre un peu dans l’ombre et de ne pas faire trop de déclarations qu’il pourrait regretter par la suite. Mais connaissant Mazzù et son staff, je suis persuadé qu’il va être bien soutenu. » [scald=28891348:sdl_editor_representation] Il reste également à voir si cette histoire impactera, ou non, une éventuelle prochaine sélection chez les Diables rouges. Appelé par Roberto Martinez pour la première fois de sa carrière lors du dernier rassemblement des Belges en novembre dernier, Dante Vanzeir avait confié dans nos colonnes il y a quelques semaines qu’un des grands objectifs de sa saison était d’être retenu lors du prochain rassemblement prévu fin mars. « Certes, cette suspension tombe à un mauvais moment pour lui. Mais si j’étais le sélectionneur, je le reprendrais. Je lui donnerais sa chance. Car tout ne peut pas se jouer sur une bêtise. Après, si cela se reproduit une deuxième fois, alors oui il pourra faire une croix sur les Diables », conclut « Czernia ». Roberto Martinez sera-t-il du même avis ? Réponse dans quelques semaines.

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