F1: la vitesse de Red Bull, la consistance de Ferrari, les questions de Mercedes

Voir Mick Schumacher signer le 2e temps absolu au terme des trois jours d’essais qui viennent de se dérouler à Bahreïn – à une demi-seconde de Verstappen tout de même… –, vingt-quatre heures après que son équipier Magnussen se soit montré le plus rapide de la deuxième journée, permet d’illustrer le côté aléatoire des essais d’avant-saison. Et aussi de démontrer que chaque élément pèse dans la performance en Formule 1, en l’occurrence la température ambiante plus fraîche dont ont pu profiter les pilotes Haas en roulant deux heures plus tard que tous les autres, vendredi et samedi, afin de compenser la demi-journée d’essais perdue jeudi, suite à l’arrivée tardive de leur matériel. [scald=28941806:sdl_editor_representation] Au-delà de cette anecdote, quelques tendances se sont dégagées à l’issue de ces séances de travail orchestrées à une semaine du premier Grand Prix de la saison. Mais aucune certitude, si ce n’est celle-ci : ce n’est que samedi prochain, au terme de la première qualification, que l’on aura une première image plus précise – mais toujours pas définitive – de la hiérarchie 2022 établie en marge de l’adoption du nouveau règlement technique. Voici donc les premières tendances. Red Bull à la pointe, mais… Honneur au champion du monde, d’autant qu’il s’est fait un devoir de signer le meilleur temps au terme de ces trois jours d’essais. « Oh, cela n’est arrivé qu’à la faveur d’une série de tests successifs des différents pneus proposés», s’est justifié Max Verstappen, après avoir signé le meilleur chrono avec la configuration la plus tendre (C5) proposée par Pirelli. Pour le reste, on peut noter que l’écurie a été un peu moins assidue en piste que ses principales rivales: 350 km de moins que Mercedes à Barcelone, 400 de moins que Ferrari à Bahreïn. Et, surtout, qu’elle n’a pratiquement pas fait de longs relais, seuls à même de juger de la consistance d’une voiture. Très fière d’avoir présenté le ponton le plus travaillé de la bande à Barcelone, Red Bull s’est ensuite fait un peu voler la vedette par Mercedes à Bahreïn, avec sa W13 quasi exempte de ponton! «À part ça, nous n’avons pas trop été affectés par le «marsouinage» (la voiture qui rebondit, ndlr)», ce qui explique en partie la bonne performance sur un tour (1.31.720) établie à 2,7 secondes de la pole signée l’an dernier par Hamilton (1.28.997), alors qu’un retard théorique de 4 secondes au tour avait été annoncé par les prévisionnistes de la FIA. Certes plus lourdes d’une cinquantaine de kilos (798 kg), les nouvelles F1 devraient vite retrouver leur niveau de performance de l’an dernier. Ferrari: «Nous sommes des outsiders» Le résultat du développement de la nouvelle voiture lancé beaucoup plus tôt que ses deux rivales? Sans doute. Alors qu’elle n’a pas eu voix au chapitre ces deux dernières saisons (au moins), Ferrari a constitué la belle surprise de ces essais hivernaux. Considérée dans un passé récent comme la «championne du monde des essais hivernaux» en marge desquels elle montrait souvent un impressionnant niveau de performance… qu’elle ne parvenait plus jamais à reproduire par la suite, la Scuderia c’est cette fois montrée parmi les plus assidues en piste (elle est la seule à avoir couvert plus de 2.000 km à Bahreïn), et aussi les plus consistantes, notamment à la faveur des longs relais au cours desquels elle s’est chaque fois montrée au-dessus de Mercedes! «Rouler beaucoup et de façon solide était le principal objectif que nous nous étions fixé, et je suis ravi de l’avoir atteint », s’est exprimé Mattia Binotto, le patron de la Scuderia. « Pour le reste, je pense que Mercedes et Red Bull restent les favoris : c’est eux qui ont animé les dernières saisons. Disons que je nous considère plutôt comme des outsiders. » À noter que dans ce contexte de prudence, le 3e meilleur temps absolu signé par Charles Leclerc l’a tout de même été sur une gamme de pneus plus durs (C4) que ceux utilisés par Verstappen, tandis que par ailleurs, le « marsouinage » a encore affecté les rouges en certaines circonstances. Mercedes en retard ? De l’avis général des observateurs présents à Bahreïn, l’écurie octuple championne du monde s’est avérée être en léger retrait par rapport à Red Bull et Ferrari. Même Lewis Hamilton le disait ! « Je ne pense pas que nous soyons actuellement en mesure de nous battre pour la victoire », a carrément lancé le septuple champion du monde. « La voiture en a certes le potentiel, mais nous avons encore du boulot. » Des propos immédiatement balayés par Carlos Sainz et Max Verstappen notamment, qui n’ont pas manqué de relever que c’était « chaque année la même chose : on ne les voit pas pendant les essais hivernaux, et puis ils dominent dès le premier Grand Prix ! », disaient-ils en substance. Cette fois pourtant, la W13 semble assez nerveuse. La faute à cette monoplace pratiquement dépourvue de ponton ? Si cette trouvaille semble au contraire offrir beaucoup plus d’appui aérodynamique, elle accentue en revanche le « marsouinage », ce qui ne permet pas aux pilotes de boucler un tour parfait, tout en offrant de longs relais décents. « On a beaucoup de défis à relever, et une semaine ne suffira pas pour y arriver », insiste Hamilton, dont le discours tend peut-être aussi à calmer les ardeurs des équipes rivales agacées par cette voiture « sans ponton »… McLaren devant un peloton très compact Si elle avait fait sensation à Barcelone où elle s’était montrée consistante, rapide, et surtout l’écurie qui avait le mieux approché la problématique du « marsouinage », McLaren a connu une deuxième série d’essais plus compliquée. Par l’absence de Ricciardo (positif au covid) d’une part, mais aussi par d’incessants problèmes de refroidissements de freins qui ont notamment ralenti Lando Norris dans son travail, et empêché l’équipe de procéder à de longs relais, seuls moments véritablement intéressants pour se projeter dans l’avenir. « Du coup, nous sommes loin de là où nous voulions être », dit Norris, sans pour autant enlever à McLaren l’étiquette de « best of the rest » ; la figure de proue d’un peloton particulièrement compacte au sein duquel chacun a pu faire valoir quelques belles choses, y compris Alfa Romeo, pourtant mal en point après son départ relativement raté à Barcelone, Williams qui a signé quelques performances de choix comme Alpine ou Alpha Tauri, voire même Haas, comme on l’a dit. Mais avec les réserves d’usage à conserver devant ces performances ponctuelles signées dans des contextes (quantité d’essence, poids, etc.) inconnus. Rendez-vous, donc, le week-end prochain à Bahreïn, pour « enfin savoir »…

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