Michèle Laroque à propos de «Alors on danse»: «Il ne faut pas se voir victime»

Populaire grâce notamment à la pièce culte Ils s’aiment avec Pierre Palmade et Muriel Robin, Michèle Laroque est aussi une des figures marquantes des Enfoirés. A 61 ans, elle reste volontairement optimiste. Convaincue qu’on peut être heureux de peu de chose, elle revendique le fait qu’on n’est pas obligés d’être victimes de la société actuelle. Et en fait le sujet de son troisième film comme réalisatrice. [scald=28946800:sdl_editor_representation] Le choc affectif qui oblige à s’interroger sur sa vie était déjà au cœur de votre film « Brillantissime »… Dans les rapports affectifs, donc de couple, on travaille pour se débarrasser de névroses provoquées par des traumatismes d’enfance. Quand on tombe amoureux, on se dit : « ça y est, c’est bon », mais en fait pas du tout, c’est le début d’un gros travail ! J’aime montrer qu’après une séparation, on peut enfin être soi-même, parfois. On peut commencer une autre vie, lâcher certaines valeurs auxquelles on s’accrochait mais qui ne sont pas vraiment les nôtres. Mais ici, ce qui m’intéressait d’abord, c’est raconter l’amitié, la musique, la générosité de la danse, ce que cela peut transmettre comme bonnes choses à ceux qui dansent et à ceux qui regardent danser. Nous sommes dans une société qui s’est endurcie mais on peut créer une bulle de douceur où se réfugier. Une bulle qui nous préserve de la violence de notre société. On n’est pas obligés d’être victimes de cette société. Grâce à un ou deux bons amis, aux arts. Chaque jour, vous publiez une pensée sur votre compte Twitter. Cela participe aussi à cette bulle de douceur ? Oui. J’aime bien méditer sur une pensée pendant toute une journée et essayer de me positionner par rapport à cette pensée-là. Il ne faut pas se voir victime. On peut avoir beaucoup de bonheur avec peu de chose. On a l’impression d’un film générationnel pour ceux qui ont grandi avec « San Francisco » de Maxime Le Forestier et qui se demandent s’ils sont dignes de leurs 20 ans. Etes-vous digne de vos 20 ans ? Je voulais effectivement raconter l’histoire d’une génération qui a connu quelque chose de beaucoup plus libre et plus doux. Mais mon film se déroule aujourd’hui et je voulais montrer cet exemple de gens qui ont connu autre chose et vont le recréer aujourd’hui alors que ça n’est plus comme ça. Je voulais dire que c’est possible à tous les âges ! On a tous le droit à une deuxième vie à n’importe quel âge et on peut tous créer sa vie, même à vingt ans. Il ne faut surtout pas rentrer dans les clichés. Je pense qu’il y a un grand écart entre ce que j’étais à 20 ans et ce que je suis devenue. Je crois que j’aurais été surprise de me voir aujourd’hui. Et ça m’aurait fait plaisir. Quand on est victime, on ne se remet pas en question, on a le dos courbé de ce que les autres nous imposent. Quand on se remet en question et qu’on cherche à évoluer et à essayer d’être libre, je crois qu’on évolue bien. Suite à un grave accident de voiture, vous décidez de devenir comédienne. Votre malchance fut votre chance ? Absolument. Avant, je ne savais pas ce que je voulais faire. J’étais en science éco. J’allais faire du droit et je n’étais pas passionnée. Après l’accident, c’est venu comme ça, j’ai dit : je veux devenir comédienne. Cet accident m’a tellement chamboulée que j’ai osé casser des schémas parentaux. Quand j’ai pu remarcher, je suis allée au cours de Julien Bertheau, comédien fétiche de Bunuel, sur la côte d’Azur, ce fut la première fois de ma vie où je me suis sentie à ma place. Et si vous deviez tout recommencer comme le propose un des personnages du film ? Je suis tellement encore heureuse de faire mon métier que je ne sais pas si je changerais quelque chose. J’ai monté marche par marche. J’ai eu le temps de bien savoir vivre ce métier, de bien gérer la notoriété. Ce ne fut jamais violent.

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