Egalité des chances: au Parlement, les femmes retrouvent de la voix

Il paraît que la Chambre des représentants doit servir de miroir de la société. Sur la parité, on y est presque. Du moins si on en croit une étude réalisée par un ancien de l’ULB et de la Fondation Roi Baudouin, Robin Devooght, spécialiste data qui s’est fait une spécialité du comptage du temps de parole des élus. Après avoir mené la même étude au parlement wallon, il a ausculté les séances plénières de la Chambre des représentants. Et le résultat est complètement différent de l’étude menée au parlement wallon où 80 % du temps de parole était monopolisé par les hommes. A la Chambre où les femmes occupent 63 des 150 sièges, le temps de parole féminin est passé de 28 à 46 % entre 2019 et 2021. Une forte hausse expliquée par plusieurs facteurs : la hausse de la présence féminine mais surtout celle d’Éliane Tillieux au perchoir de l’assemblée. Quand on sait que le poids du président de la Chambre a occupé entre 10 et 15 % du temps de parole entre 2007 et 2022, on comprend mieux cette hausse vertigineuse. « En effet, présider la Chambre implique entre autres d’introduire les séances, d’annoncer l’ordre du jour, de lire des communications, de distribuer la parole, de rappeler le cadre, etc. », explique Robin Devooght. Des femmes cheffes de groupe Mais cette hausse n’est pas uniquement due à la seule Éliane Tillieux. Si on retire le poids de la présidence, on remarque que le temps de parole féminin passe de 46 à 40 %. Une hausse moins marquée mais tout de même significative. La principale raison demeure dans l’accession des femmes à des responsabilités plus représentatives. Outre Éliane Tillieux, plusieurs femmes ont accédé à des postes de cheffes de groupe. C’est le cas de Catherine Fonck (Les Engagés, ex-CDH) ou Sofie Merckx (PTB). Et comme les partis d’opposition ont tendance à prendre plus la parole que les autres, cette tendance est renforcée. « C’est une bonne chose. Cela va de pair avec la représentation des femmes au Parlement, indispensable puisque le Parlement constitue l’émanation de la société », réagit Sophie Rohonyi (Défi), 3e femme après Tilieux et Fonck en termes de temps de parole à la Chambre. « Les présidences de commission ont également été féminisées. Je remarque qu’il n’y a aucune discrimination au Parlement. Quiconque sollicite la parole la reçoit, homme ou femme. Par contre, je ressens encore un problème au niveau de l’écoute et de l’attention des hommes lorsque des femmes prennent la parole. La parole d’une cheffe de groupe n’a pas encore le même poids que celle d’un chef de groupe. Encore plus quand la femme est jeune alors qu’elle a autant sa place qu’un autre puisqu’elle a été élue démocratiquement. » Si la fonction compte, l’expérience n’est par contre pas un adjuvant obligatoire à la prise de parole. Ce que confirme Sofie Rohonyi. « Je suis d’une nature timide et je me fais violence à chaque fois que je prends la parole mais je le fais », dit-elle. Robin Devooght apporte cependant une nuance. « Être fraîchement arrivé au Parlement ne veut pas dire qu’on parlera peu, certains des plus bavards sont dans leur premier mandat. Par contre, tous les députés qui siègent depuis longtemps (15 ans et plus), parlent beaucoup. L’inexpérience n’implique pas que l’on parle peu, mais l’expérience implique de parler beaucoup », explique-t-il.

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