La mobilisation de CurieuzenAir est une prise de conscience

La valeur moyenne relevée par CurieuzenAir est de 24 µg/m3. C’est sous la norme européenne (40) mais au-dessus de la recommandation OMS (10). Satisfait que Bruxelles soit dans les clous ? A.M. Il y a vraisemblablement une légère sous-évaluation par rapport à une période « normale » : nous étions encore en période covid et de télétravail. Par ailleurs, l’Europe est en train de revoir ses normes et il est quasiment certain qu’elle va progressivement les aligner sur celles de l’OMS, car on connaît de mieux en mieux l’impact négatif de cette pollution sur la santé. E.VDB.. 99 % des Bruxellois vivent dans un quartier où la pollution dépasse les valeurs demandées par l’OMS. C’est choquant ! Les mesures de Bruxelles Environnement montrent que les valeurs de NO2 diminuent, les conclusions de CurieuzenAir vous incitent-elles à en faire davantage ? E.VDB. Cela confirme en tout cas qu’il faut poursuivre la mise en œuvre du plan GoodMove. L’envie de faire de Bruxelles une ville plus verte, plus saine et plus apaisée est partagée par beaucoup de Bruxellois et d’entreprises. A.M. La zone de basses émissions va signer l’arrêt de mort progressif du moteur à explosion ce qui aura un impact sur la qualité de l’air mais aussi sur le bruit. Pour décarboner, nous devons électrifier la mobilité. Nous avons considérablement augmenté les moyens dédiés à la stratégie de rénovation Renolution pour diminuer la consommation d’énergie du bâti qui cause une partie de la pollution. Vous étiez donc déjà dans le bon ? A.M. La très forte mobilisation autour de cette opération fait office de prise de conscience : de nombreux acteurs ayant reçu les résultats nous ont contactés pour dire qu’ils ignoraient l’importance du problème et nous demandant d’expliquer ce que nous faisons. Cela nous oblige à rendre des comptes, à expliquer ce que nous faisons pour améliorer la situation. Il y a donc une pression en termes de devoir de transparence et de résultats. E.VDB. CurieuzenAir nous permet d’aller plus loin avec des analyses par quartiers et même au sein de quartiers où il y a des différences, parfois d’une rue à l’autre. C’est une richesse de données dont nous ne disposions pas. Cela nous confirme dans la mise en œuvre de nos politiques mais cela nous aidera dans les choix de lieux prioritaires pour créer des mailles apaisées. Nous choisirons d’abord les quartiers où l’urgence est la plus forte. Les mailles apaisées renvoient le trafic de transit sur des axes périphériques. Ne risquent-elles pas d’accentuer la pollution sur ces derniers ? E.VDB. Ces axes ont été choisis car ils peuvent accueillir plus de trafic. L’idée est aussi qu’une partie des gens se déplace autrement, notamment pour les courtes distances. Les mailles créent un espace plus agréable pour marcher ou pour faire du vélo. A Gand, la mise en œuvre d’un plan de circulation ambitieux a permis une baisse du trafic dans son ensemble. A.M. Pour aller conduire les enfants à l’école à pied ou à vélo, il faut pouvoir se sentir en sécurité. La ville 30, les mailles avec la verdurisation et des trottoirs plus larges contribuent à cela. Il faut entrer dans cette spirale positive. E.VDB. Même chose pour les rues scolaires : l’impact dépasse le cadre de la rue. Cela crée un apaisement tout autour de l’école et pousse les parents à ne plus venir en voiture. Il y a une amélioration de la qualité de l’air mais aussi un report modal. Le train est-il aujourd’hui une alternative crédible ? E.VDB. Le gouvernement investit, je constate que l’ambition est là. Bruxelles a une nouvelle gare, des lignes sont renforcées notamment sur le réseau S. Le partenaire fédéral nous écoute. A.M. Il y a une vraie amélioration. Il y a quelques années encore, qui utilisait le train pour des déplacements à l’intérieur de Bruxelles ? Maintenant grâce à l’augmentation de l’offre, aux nouvelles technologies et aux applications qui vous indiquent le choix le plus rapide, les gens réalisent qu’il y a, par exemple, une gare pour rejoindre le campus du Ceria à Anderlecht. Partout cela s’améliore, on peut toujours espérer que cela aille plus vite mais cela va dans la bonne direction. Les habitudes de mobilité changent grâce à l’amélioration du réseau Stib, mais il y a aussi des modifications plus structurelles comme l’explosion de l’utilisation du vélo et le fait de passer d’une économie d’usage plus que de possession avec les voitures partagées. Aujourd’hui Cambio compte 200 stations. On n’en était pas là il y a quelques années.

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