Le groupe liégeois NRB candidat surprise pour les fréquences 5G
L’intégrateur IT fait partie de la liste des cinq opérateurs qui ont déposé une candidature pour participer à la vente aux enchères des fréquences 5G en juin.


L’IBPT a indiqué ce mardi que cinq opérateurs mobiles avaient introduit une candidature et avaient été retenus pour participer à la vente aux enchères, prévue en juin prochain, des fréquences nécessaires pour déployer la 5G et des fréquences existantes 2G et 3G. Le régulateur des télécoms n’a pas communiqué le nom des cinq candidats mais l’identité de quatre d’entre eux ne fait guère de doutes. On devrait retrouver les trois opérateurs mobiles actuels – Proximus, Orange et Base/Telenet – ainsi que Cegeka/Citymesh, un intégrateur IT associé à un opérateur télécoms « b to b » (concentré sur les entreprises) qui développe des réseaux privés pour le compte d’entreprises et qui n’a jamais caché ses ambitions. Reste le cinquième nom.
Selon nos informations, il s’agit de l’intégrateur IT liégeois NRB. Une information que nous a confirmée le CEO de l’entreprise, Pascal Laffineur. NRB est l’un des principaux intégrateurs IT du pays et un concurrent direct de Cegeka. L’entreprise a réalisé plus de 500 millions de chiffre d’affaires en 2021 et emploie 3.200 personnes. Elle est en forte croissance, puisque son chiffre d’affaires était encore de 300 millions il y a cinq ans. Ses actionnaires sont belges : Ethias (68 %), Nethys (12 %), la SRIW (4 %)…
NRB ne compte pas acheter ce spectre pour fournir des services de connectivité aux particuliers. « Nous nous intéressons uniquement aux fréquences 5G et ce en vue de pouvoir servir les entreprises », précise Pascal Laffineur. « Il y a une convergence très forte qui se crée entre nos métiers historiques de l’IT et les métiers du télécom. La 5G permet d’offrir des solutions beaucoup plus flexibles et plus ciblées que les technologies actuelles, en permettant de se focaliser sur un zoning industriel, un client particulier… Nous voulons avoir nos propres fréquences 5G pour pouvoir déployer des réseaux privés dédiés à certains clients et pouvoir leur apporter nos applicatifs là où ils se trouvent. »
Cet investissement dans des fréquences 5G porte sur le long terme, souligne Pascal Laffineur. « Ces fréquences sont attribuées pour une durée de 20 ans. Il était essentiel pour nous d’inscrire NRB dans cette perspective de convergence entre IT et télécoms. Nous voulons être un acteur important sur le plan de la connectivité et rajouter ce métier à notre panel de services. »
Des enchères disputées
Décrocher cinq candidats pour ces enchères est un beau résultat pour l’Etat belge. « C’est presque inespéré », s’exclame un proche du dossier. L’Etat devrait empocher au minimum 780 millions d’euros si toutes les fréquences mises en vente trouvent acquéreur. Il s’agit d’un prix de réserve. Ce montant peut évidemment s’envoler si les opérateurs convoitent les mêmes fréquences et qu’il n’y a pas assez de places pour tout le monde. Plus il y a de candidats, mieux c’est pour faire monter les enchères.
Il est difficile pour l’instant de prédire si ce scénario va se réaliser. Les opérateurs n’ont pas encore dévoilé leurs cartes – les fréquences qu’ils convoitent précisément – et ne le feront qu’en juin, lorsque les enchères débuteront. Du côté de l’IBPT, on fait remarquer qu’il y a beaucoup de spectre mis en vente – le double de ce qui existe actuellement – et que tous les opérateurs n’auront pas forcément les mêmes besoins, ni les mêmes ambitions. Si on s’attache au profil des cinq candidats, on peut constater qu’il y a, d’une part, les trois opérateurs historiques – principalement actifs sur le marché des particuliers (Proximus, Orange, Base) – et d’autre part, deux nouveaux opérateurs (Cegeka/Citymesh et NRB) issus du secteur de l’IT, avec une approche très « b to b ». L’apparition de ces deux joueurs illustre le fait que le vrai potentiel de la 5G se situe surtout au niveau des entreprises. « La 5G, c’est compliqué pour le marché des particuliers, explique un expert du secteur. On le voit dans les pays qui l’ont déjà déployée : il n’y a pas de boom au niveau du revenu par utilisateur. Le gros enjeu de la 5G, c’est le secteur du b to b et l’internet des objets ». On s’attend notamment à ce que la 5G – grâce à ses avantages en termes de vitesse, de réactivité, de fiabilité – bouleverse la manière dont produisent les usines (véhicules autonomes, maintenance prédictive, réalité augmentée, interaction entre les machines…)
Cela ne veut pas dire pour autant que ces nouveaux opérateurs ne s’intéresseront pas aux particuliers. Si NRB affirme ne pas lorgner ce marché, Cegeka/CityMesh fait planer le doute. Par le passé, l’opérateur a déclaré vouloir se porter candidat pour la totalité du spectre disponible afin de devenir un quatrième opérateur à part entière. Contacté par nos soins, le CEO de CityMesh, Mitch De Geest, se refusait mardi à dévoiler ses plans et à confirmer sa candidature mais indiquait que « les ambitions affichées par le passé n’ont pas changé ». En novembre dernier, il nous déclarait : « On veut d’abord se focaliser sur le marché des applications industrielles. C’est là où l’on peut avoir le plus gros impact et où nos ambitions sont les plus grandes. Ensuite, on verra. On a plusieurs scénarios sur la table. Tout dépendra du résultat des enchères ».
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