Pfaff: «Courtois est plus grand que moi. Physiquement»

Meilleur gardien de la Coupe du monde 1986, meilleur gardien du monde en 1987, malgré une défaite en Coupe des champions avec le Bayern Munich contre Porto, on oublierait un peu vite que la légende de Jean-Marie Pfaff avait commencé en 1980. A l’Euro italien, où la Belgique s’était débarrassée de l’Angleterre de Keegan, de l’Espagne et de l’Italie, future championne du monde. « Cette campagne a été fondatrice pour le mythe des Diables rouges, constate-il. On a disputé un tournoi phénoménal. J’ai gagné une expérience folle durant ce mois-là. » Et à quelques minutes près, la Belgique poussait l’Allemagne aux prolongations dans la finale de l’Olimpico de Rome. Mais la tête de Horst Hrubesh n’a jamais hanté les nuits de Jean-Marie. « Tous les buts que j’ai encaissés étaient par définition imparables, rigole notre interlocuteur. Mais non, un gardien n’aime pas se retourner. Au propre comme au figuré. » [scald=1161435:sdl_editor_representation] Gâtée avec lui puis Michel Preud’homme, la Belgique a connu ensuite un creux entre les perches, qui a coïncidé avec le recul de toute la sélection. Avant que Thibaut Courtois prenne par la main la génération actuelle pour hisser haut les couleurs noir-jaune-rouge. « On doit être fier de pouvoir compter sur un gardien pareil, concède Pfaff. Or, une grande équipe se construit toujours autour d’un grand gardien. La sélection actuelle, avec d’autres qualités et valeurs, est au moins aussi forte que la nôtre. La grosse différence, c’est que Marc Wilmots peut compter sur une profondeur et richesse de noyau que le regretté Guy Thijs n’avait pas. Alors, si les Diables n’arrivent pas en demis, ils peuvent changer de métier . » En attendant, Pfaff évoque Courtois sans sombrer dans l’éloge béate ni une nostalgie anachronique. La comparaison « Déjà, il est beaucoup plus grand que moi ! Au-delà de cette caractéristique physique, je ne pousserai pas plus loin la comparaison. J’ai eu mon époque, il a la sienne. Le temps et les grands tournois, dans leurs phases à élimination directe, trancheront la question de savoir s’il est mon successeur ou pas. On a beau dire que l’évolution des règles du jeu ont changé le rôle du gardien, mais on en revient toujours à cette conclusion imparable : un gardien doit avant tout arrêter les ballons et Courtois est très bon sur sa ligne. Bien sûr que l’avenir lui appartient. Je constate qu’il n’a jamais eu de vrais coups durs ni encaissé sur de grosses toiles. La chance, au-delà de tous les aspects techniques, compte aussi pour une carrière. Lui, à l’exception du début de saison passée avec Chelsea, il a toujours vécu avec le soleil dans son ciel. Mais je ne doute pas que cette période d’arrêt aura aussi été formatrice pour la suite. Comme la concurrence qu’il a dû affronter avec Petr Cech à son arrivée formelle en 2014 à Stamford Bridge. Je ne m’entraîne pas avec lui, alors, je ne veux pas rentrer dans les détails de son jeu. Je me borne à souligner qu’il a du talent et du style. Beaucoup de sérénité aussi, qui rejaillit sur ses partenaires de champ, mis en confiance. Ce n’est pas anecdotique. Avec ça, je crois que j’ai dit beaucoup, mais, pour le moment, le gardien qui me fait me lever de mon sofa, c’est Jan Oblak, son successeur dans les cages de l’Atlético. Il a livré des prestations phénoménales en Ligue des champions contre Barcelone et le Bayern. On en revient à ce que je disais : on juge un (grand) nº1 sur sa capacité à arrêter les ballons, le reste, c’est de la littérature . » L’Angleterre « J’ai lu – sans savoir si c’était vraiment le fond de sa pensée – que Thibaut Courtois évaluait la possibilité de quitter Chelsea. Encore une fois, je n’ai pas la prétention de vouloir orienter sa carrière. Je constate que, pour un gardien, le football anglais est beaucoup plus rude et les contacts, les duels, légion, avec un arrosage constant de ballons dans le grand rectangle. En Liga, c’est différent, tous les joueurs veulent entrer avec le ballon dans le but. C’est peut-être pour cette raison que le titulaire des Diables se pose des questions sur sa permanence en Premier League. Mais Chelsea, même s’il ne participera pas à la Ligue des champions, reste un club du top. Et puis, personnellement, je n’aurais jamais quitté un club après une saison plus difficile. » Numéro 1 « Il est primordial que la qualité des prestations dicte le choix du nº1. Il ne faut surtout pas tomber dans le copinage (NDLR : Pfaff ne veut pas s’étendre sur son remplacement – il s’était blessé dans un choc avec Gerets – par Théo Custers à la Coupe du monde 1982 dans le second match du 2e tour contre la Pologne). Entre Courtois et Mignolet, je choisirais aussi Courtois, en sachant néanmoins qu’en cas de pépin, Mignolet est plus qu’une solution de rechange ! Messieurs, c’est le gardien de Liverpool. Un club de légende ! Alors que Courtois soit devant lui situe son niveau et la qualité entre les perches de la Belgique. »

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