La canneberge, un «super-aliment» très tendance

Ces petits fruits rouges et acidulés sont deux espèces de « myrtilles ». L’une, « cranberry » (Vaccinium macrocarpon), est cultivée et largement importée d’outre-Atlantique. L’autre, indigène, la canneberge « Vaccinium oxycoccos » de son nom scientifique et latin, est très rare et ne pousse que sur les tourbes acides et humides des landes et des tourbières de Haute Ardenne. Ces tourbières sont rarissimes et placées en réserves naturelles protégées. Il est d’ailleurs interdit de récolter ces fruits ! [scald=29004481:sdl_editor_representation] Américaines ou européennes, ces « myrtilles » servent à préparer des jus, mais aussi confitures, sirops, pâtisseries, sauces ou liqueurs. Dans nos assiettes, elles apportent une touche colorée et acidulée à nos salades. Considérées comme de « super-aliments » pleins de vitamines A et C, elles bénéficient depuis de nombreuses années d’un effet de mode et des vertus antioxydantes, antibactériennes et protectrices qu’on leur prête. « C’est effectivement un fruit hautement nutritif en fibres, en vitamine C et en substances anti-oxydantes, comme les flavonoïdes, les anthocyanines qui leur donnent leur couleur rouge, ou encore l’acide ursolique qui a la réputation d’être anti-cancérigène, explique Pascale Robience, coordinatrice de la section diététique de la haute école provinciale de Hainaut - Condorcet. Elle est aussi connue pour ses effets antibactériens qui permettent de soigner ou prévenir des problèmes d’infection urinaire chez les femmes. Ses vertus seraient supérieures à celles d’autres aliments, mais la question principale est la quantité qu’il faut ingérer pour obtenir ces effets bénéfiques, qui agissent à court terme et nécessitent d’en consommer régulièrement. » [scald=29004483:sdl_editor_representation] Une question de mesure et de forme « Cela dépend de la forme, poursuit la diététicienne. Elle peut être consommée fraîche, séchée et en jus. 100 grammes de canneberges fraîches apportent 56 kilocalories. Séchées, c’est presque six fois plus. Avant de la sécher, on ajoute du sucre. Or, en matière de diététique, le sucre est l’ennemi public numéro un. Même le fructose, sucre naturel des fruits, peut provoquer la stéatose hépatite non alcoolique s’il est consommé en quantité excessive. De plus, les jus de canneberge ne sont généralement pas de purs jus, mais des limonades pleines de sucres ajoutés. » Si la canneberge a bien sa place dans la prévention des infections urinaires, Pascale Robience recommande de la consommer réduite en poudre ou sous forme de cachets de compléments alimentaires achetés en pharmacie. Faut-il pour autant bouder les canneberges ? Tout est bien sûr question de mesure. Les sportifs prendront volontiers une poignée de canneberges séchées avant leur séance d’exercices et, dans les cookies et autres muffins, elles remplaceront aussi positivement les pépites de chocolat, plus grasses. Et pour les apports en flavonoïdes, anthocyanines et acide ursolique, pourquoi ne pas préférer les fruits de chez nous ? « On trouve les anthocyanines dans tous les légumes et fruits rouges et violets, comme le chou-rouge, les myrtilles, le raisin, les mûres, les framboises… » « Dans les recettes de cuisine, les canneberges sont souvent remplacées par les plus abondantes airelles rouges, note Anne-Laure Jacquemart, professeure en écologie végétale au Earth and Life Institute – Agronomy de l’UCLouvain. Tout ce qu’on vend et qui est très à la mode pour faire des jus est cultivé aux Etats-Unis. Les espèces indigènes de myrtilles ne font pas l’objet de cultures car leurs rendements sont faibles. Ces canneberges sont de petites plantes rampantes qui ne font pas beaucoup de fleurs. Fleurs qui, de plus, ne peuvent être pollinisées que par les bourdons et abeilles solitaires, parce qu’il faut faire vibrer les étamines pour expulser le pollen, ce que ne peuvent réaliser les abeilles mellifères. Les fruits qui subsistent après le gel en tourbières sont délicieux, avec un goût légèrement acidulé… Ils font le régal des renards ou des oiseaux de ces hauts plateaux. Comme leurs qualités nutritionnelles et gustatives sont supérieures à celles de leurs congénères américains, on a tenté d’hybrider espèces européennes et américaines, sans succès, en perdant à la fois le goût et le rendement ! » Cependant, pour Anne-Laure Jacquemart, « la filière de production mériterait d’être développée en Europe, au moins pour les deux espèces de sols acides hors tourbières, la myrtille et l’airelle. L’engouement pour la plantation d’arbustes à “petits fruits”, framboisiers, groseilliers, cassis ou… myrtilles le montre bien. » [scald=29004482:sdl_editor_representation]

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