Mouvement réformateur: en phase avec Macron, les bleus s’estiment à l’abri

Dans les secondes qui ont suivi l’arrivée en tête d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle en France, Georges-Louis Bouchez, le président des libéraux francophones a salué la victoire. « Très beau résultat d’Emmanuel Macron, encourageant pour la France et l’Europe. » Il s’est ensuite répandu contre les socialistes et les verts, défaits, mais pas un mot, en revanche, pour la droite française marque déposée « Les Républicains » celle-là même que son parti soutenait encore jusqu’à Nicolas Sarkozy. On ne pourra pas reprocher aux libéraux francophones de s’être ralliés par pur opportunisme. In tempore non suspecto, avant l’élection d’Emmanuel Macron et avant le duel contre Marine Le Pen en 2017, le MR avait dit toute sa sympathie pour le candidat français. Les Charles Michel, Olivier Chastel, Denis Ducarme et, déjà, Georges-Louis Bouchez, rompaient ainsi avec l’héritage de Didier Reynders. Il était loin le temps où le ministre belge des Affaires étrangères décorait Nicolas Sarkozy de l’Ordre de Léopold et celui où ce dernier lui rendait la politesse avec la Légion d’honneur… Il n’empêche. Le fait d’avoir misé assez tôt sur le bon cheval permet aujourd’hui au MR de s’inscrire dans le sillage du gagnant. Cet arrimage permet aussi au parti belge d’envoyer le message subliminal que le spectre d’une déconfiture façon Les Républicains ne le concerne pas. Avec des arguments ? « Pour le moment, oui », estime Jean Faniel, le directeur du Centre de recherche et d’information sociopolitiques (Crisp). « Les Républicains en France, sont vidés de deux côtés. Par le centre d’Emmanuel Macron d’abord, qui s’est avéré plutôt être un centre droit, et par l’extrême droite. Le MR est dans une position très différente. Le centre droit, c’est le MR et cela reste le MR. Et ce n’est pas le CDH-Les Engagés qui va lui faire de l’ombre, en tout cas pas maintenant. Il n’est pas concurrencé non plus par l’extrême droite, en raison notamment de la présence d’un cordon sanitaire (qui empêche les interviews en style direct des personnalités d’extrême droite et exclut les coalitions avec eux ou elles). Ce cordon permet aussi de limiter le risque de voir s’imposer des positions radicales en matière d’immigration notamment, et limite aussi le risque de voir ces idées reprises par un autre parti que le MR. » Jean Faniel estime aussi que le MR, même s’il est parfois soumis à des soubresauts internes, n’est pas constitué, comme Les Républicains, d’une multitude de chapelles. « Le parti francophone belge présente une plus grande unité ». Conservatisme ? Reste à savoir si ces arguments de type stratégique peuvent expliquer à eux seuls le maintien des libéraux, en tant que parti traditionnel estampillé. N’y a-t-il pas aussi une forme de conservatisme auprès de l’électeur francophone ? Difficile de répondre à la question, mais l’exemple de la Flandre vient apporter quelques éléments. On y a vu, de manière absolument nette, un nouveau parti, la N-VA siphonner les autres, y compris l’Open VLD, pari libéral traditionnel. Et l’absence de cordon sanitaire peut d’autre part laisser craindre qu’un phénomène du même type se produise avec l’extrême droite. Il serait donc davantage question d’offre politique, plutôt que de conservatisme électoral. Mais est-il judicieux de comparer le MR aux Républicains ? Ne seraient-ils pas plus proches d’En Marche ? Jean Faniel estime que la question mérite d’être posée. Les positions sur le nucléaire, l’âge de la retraite ou l’obligation de prestations aux bénéficiaires des revenus d’aides sociales ne sont-elles pas très sympathiques aux libéraux belges également ? Georges-Louis Bouchez y répond par l’affirmative. « C’est vrai que nous avons longtemps soutenu la droite traditionnelle française. Mais c’était l’UMP de Sarkozy, qui nous paraissait constituer l’offre la plus proche de la nôtre, de droite libérale sur le plan socio-économique, et de droite populaire sur le plan social. Lorsque le mouvement d’Emmanuel Macron est apparu, nous avons considéré que c’était le parti le plus proche du nôtre. » Enfin, Georges-Louis Bouchez rappelle qu’En Marche et le MR siègent au sein du même groupe politique au Parlement européen.

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