Vincent Kompany au pied de son premier trophée d’entraîneur

Il y aura beaucoup plus en jeu qu’une simple Croky Cup, lundi après-midi, au stade Roi Baudouin. Pour Gand et Hein Vanhaezebrouck, qui viennent de passer à côté des Champions Play-Offs pour la deuxième saison d’affilée en dépit d’un football attrayant et qui mettront tout en œuvre pour sauver leur saison en prenant leur revanche sur les Mauves par rapport à 2008. Une quatrième Coupe à l’occasion de leur sixième finale est un must pour les Buffalos. Mais aussi et surtout pour Anderlecht, évidemment, qui n’a plus remporté le moindre trophée depuis le dernier titre de 2017, acquis sous René Weiler. Comme Bruges l’avait fait en 2015… à ses dépens, le Sporting rêve d’une dixième Coupe de Belgique synonyme d’un accès définitif à la voie du renouveau. [scald=29025751:sdl_editor_representation] Après cinq ans de disette et de galères, une victoire du Sporting au Heysel serait assurément célébrée comme jamais par la direction anderlechtoise, qui a soutenu Vincent Kompany envers et contre tout depuis son retour dans la capitale, en mai 2019. Trois ans après son comeback au parc Astrid, une première ligne sur son palmarès d’entraîneur sonnerait déjà comme une consécration pour « Vince the Prince » et lui procurerait la saveur d’un fameux pied de nez à tous ses détracteurs. Même si, on y reviendra, le Kompany T1 reste inévitablement fragile et perfectible, à l’image de son équipe. Comme joueur, l’ancien capitaine des Diables rouges a pratiquement tout gagné, décrochant pas moins de quinze trophées collectifs sans compter la médaille de bronze historique au Mondial 2018 en Russie : deux titres de champion avec Anderlecht (2004, 2006), une coupe… Intertoto avec Hambourg (2007), quatre Premier League (2012, 2014, 2018, 2019), deux FA Cup (2011, 2019), quatre League Cup (2014, 2016, 2018, 2019) et deux Community Shield (2012, 2018) avec Manchester City. Mais, en dépit de cette kyrielle de sacres et de ses nombreux prix individuels – Soulier d’or 2004, Soulier d’Ebène, Joueur de l’année à City ou encore membre de l’équipe type de Premier League en 2011, 2012 et 2014 –, Vincent Kompany vivra la journée de lundi comme un rêve de gosse. En tant que Bruxellois pure souche, né à Uccle il y a 36 ans, il s’est juré de tout mettre en œuvre pour participer à la résurrection de son RSCA en ce lundi de Pâques. Qu’il souhaite inoubliable pour les quelque 20 000 supporters anderlechtois privilégiés présents au rendez-vous du Heysel – plus de 42 000 demandes de tickets étaient arrivées au parc Astrid – et prêts à entonner en chœur le célèbre « Here’s to you Vincent Kompany, Sporting loves you more than you will know » (« A toi Vincent Kompany, le Sporting t’aime plus que tu ne le sais »). Un hymne qui résonnera au pied de l’Atomium, mais aussi avenue Théo Verbeeck, pour les quelque 15 000 fans attendus à Anderlecht face à l’écran géant. Une histoire d’amour idyllique entre Kompany l’entraîneur, les sympathisants anderlechtois et la nouvelle direction mauve ? Contrairement à ce qu’avait laissé présager l’annonce de son retour triomphal en mai 2019, on en fut souvent loin, au cours des trois dernières années. Même parmi les plus inconditionnels, ils furent nombreux à déchanter, tout au long des 34 derniers mois, face aux difficultés et aux fourvoiements de leur idole tant lors de ses premiers mois comme joueur-entraîneur (Simon Davies n’était qu’un faire-valoir) que dès l’instant où il enfila le costume de T1 au détriment de Frankie Vercauteren. Fin novembre, avant qu’Anderlecht ne se déplace à Charleroi avec une pression maximale sur les épaules, les questions étaient présentes à tous les étages de Neerpede au sujet d’un jeune entraîneur qui ne parvenait décidément pas à stabiliser son équipe. Et qui, impuissant, la voyait systématiquement galvauder les opportunités qui s’offraient à elle. Ce n’était qu’un moment de doute parmi tant d’autres. Mais Vincent Kompany a tenu bon. Bien aidé, il est vrai, par Wouter Vandenhaute et Peter Verbeke, qui n’ont eu de cesse de le soutenir, multipliant les réunions en interne et poussant l’intéressé à se remettre en question. Ce ne fut pas facile tous les jours, le caractère particulièrement têtu de l’ancienne star de City ne se prêtant pas toujours à la souplesse espérée par ses nouveaux patrons. « Nos discussions furent toujours très constructives, mais il faut avoir de très solides arguments pour convaincre Vincent de changer d’avis », a souvent répété Peter Verbeke ces derniers mois. Quoi qu’il en soit, après avoir commis beaucoup d’erreurs de jeunesse parfois lourdes de conséquences, Kompany a énormément évolué en deux ans de coaching. S’il fallait résumer son cheminement, on dirait que le coach théorique, obnubilé par Pep Guardiola, ses principes et son système, est aujourd’hui devenu un vrai entraîneur qui tient compte avant tout des qualités de son noyau pour avancer. Un véritable entraîneur qui n’est désormais plus « que » T1, Vandenhaute et Verbeke lui ayant retiré les clés du club que Marc Coucke lui avait remises aveuglément il y a trois saisons. Ne fût-ce que grâce à son charisme, son réseau et son expérience, Vincent Kompany reste naturellement bien davantage qu’un simple coach. Qui d’autre que lui pourrait convaincre des Nmecha, Zirkzee, Kouamé ou Gomez de rejoindre Bruxelles ? Mais la relation qu’entretient le fils du bourgmestre de Ganshoren avec ses supérieurs est actuellement beaucoup plus saine qu’à son retour de City. S’il fut décroché dans la douleur, le succès de dimanche dernier à Courtrai n’en fut pas moins capital. Il a renforcé les boss anderlechtois dans leur conviction qu’ils ont misé sur le bon cheval. Un heureux dénouement lundi accélérerait encore le fameux processus, puisqu’il assurerait les Mauves de l’Europe avant même le début des Champion’s Play-Offs en même temps que d’un mercato estival plus serein dès ce printemps. Les envies d’ailleurs des Verschaeren et Gomez s’en trouveraient subitement tempérées. A contrario, une défaite face à Gand ne signifierait pas pour autant un retour en arrière pour le RSCA 2.0. Avec une équipe-type qui, lorsque l’infirmerie est vide (Ashimeru, Verschaeren et Gomez restent incertains pour lundi), peut se passer d’Olsson, Raman ou Delcroix, Anderlecht pourra se montrer ambitieux en play-offs, quel que soit le verdict de ce week-end. Deux victoires à l’Union et contre Bruges le relancerait dans la course au titre tandis qu’en cas de double revers, il se verrait encore offrir une finale aller-retour face à l’Antwerp pour la troisième place les 8 et 12 mai prochains. Toutefois, ce n’est pas à Wouter Vandenhaute qu’il faut le rappeler, rien ne vaudrait, quatorze ans après celui de 2008 face aux mêmes Gantois, un dixième triomphe à l’occasion de la quatorzième finale de l’histoire anderlechtoise.

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