Les pluies, le climat et l’homme facteurs d’inondations

Prenez de la pluie, ajoutez-y des orages violents et localisés, mélangez et versez dans des rivières et des fleuves : vous aurez des inondations. Dans des proportions et avec des conséquences différentes, l’équation a trouvé une illustration dans le bassin parisien et chez nous dans le Luxembourg. Mais l’homme n’est pas exempt de reproche. 1 La faute au changement climatique ? Un événement isolé – les pluies intenses – ne peut être attribué avec certitude au réchauffement du climat. Mais l’élévation des concentrations de gaz à effet de serre réchauffe de l’atmosphère. La chaleur augmente l’évaporation. Une atmosphère plus chaude et plus humide provoque des précipitations plus intenses. La fréquence des inondations graves en Europe pourrait être multipliée par cinq d’ici 2050 et leur coût multiplié par neuf, selon une étude néerlandaise. Un rapport du centre de recherche européen prédit que les inondations affecteront plus de 500.000 personnes en 2050 (200.000 aujourd’hui). En Wallonie ? « Le risque d’inondations est certainement un des plus importants impacts qui menace la Wallonie, dit le plan climat wallon. Avec des pluies intenses plus fréquentes, le risque d’inondations augmentera ». Il faut prendre un maximum de mesures d’adaptation. 2 L’imperméabilisation en cause ? Dernier tableau de bord de l’environnement wallon : entre 1985 et 2013, le taux d’artificialisation du territoire a progressé de 38 %. Soit une augmentation annuelle de 17 km2/an. Michel Pirotton, professeur à l’université de Liège, nuance : « Le premier problème des récentes inondations est un apport tout à fait exceptionnel lié à des pluies exceptionnelles. Sur la question de l’urbanisation, il y a quand même une prise de conscience. Certes tout n’est pas résolu, mais on évolue. Les épisodes extrêmes mettent les gens devant leurs responsabilités ». En bordure de Wamme, à Bande comme à Masbourg (Nassogne), près de la Masblette, des habitations touchées se trouvaient en zone d’aléa d’inondation, indiquent les cartes officielles. Mais il n’y a pas d’interdiction de construire en zone inondable. Pour Pirotton, « il ne peut être question d’une interdiction totale. Il y a des pressions, la population augmente. Le tout est de savoir où on construit et comment ». Certes, reconnaît-il, en matière d’urbanisation en zone inondable, « il faut gérer le passé ». Et faire face aux (mauvaises) décisions d’antan. Certaines habitations inondées n’étaient pas en zone de risque, indique Paul Dewil, directeur du centre de crise wallon. « Ce n’est pas la première fois que la Masblette déborde. Les rivières étaient relativement chargées, par les pluies récentes. Les sols étaient bien humides. Mais il a fallu quantité de précipitations très importantes sur un laps de temps très court pour arriver à ce résultat ». A Masbourg, les aménagements peuvent difficilement être mis en cause, dit Dewil. « Le bassin-versant a subi peu d’aménagement et peu de transformations au cours des dernières décennies. Il n’y a pas eu de modification du type d’arbres, pas de saignées, on n’a pas déboisé significativement ». 3 Les pratiques agricoles ? Certaines pratiques accentuent le risque : tassement des sols par les engins agricoles, arrachage des haies, étalement des surfaces, absence de couverture des sols, labours perpendiculaires à la pente, appauvrissement et imperméabilisation de la couche superficielle… Dans le Luxembourg, ce scénario n’est pas privilégié. En revanche, certains l’évoquent en Hesbaye. « Les agriculteurs s’engagent par le non-labour ou des techniques de travail de sol simplifiées », dit-on dans le secteur. Mais ces dernières années, les cas de coulées de boues se sont accrus. 4 Indemniser ? Le Fonds des calamités devrait intervenir pour indemniser les victimes pour la partie non-couverte par les assurances. Il faut pour cela que le temps de retour du débit des rivières enregistré soit supérieur à 20 ans. Du côté de la Masblette et de la Wamme, il était supérieur à 50 ans, selon les premières mesures.

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