Séries: Bérangère McNeese, haut potentiel émotionnel

Elle n’y tient pas le rôle principal de la furie Morgane, tenu par Audrey Fleurot, qui, par son intelligence hors-norme, résout les affaires les plus tordues. Mais, au second rang, l’autre personnage féminin clef de la série HPI (Haut potentiel intellectuel), c’est elle, Daphné Forestier. Cheveux bruns, frange presque enfantine, aussi sobre qu’efficace dans son travail, un peu barrée aussi, comme son collègue Gilles (Bruno Sanches). La comédienne belge Bérangère McNeese, déjà présente dans la première saison de la série française, est à nouveau au générique de HPI. Simultanément, elle apparaît aussi dans la série belge, Fils de, disponible depuis le 27 avril sur Auvio et à la mi-mai sur Tipik, avec le chanteur Marka et Béatrice Dalle,. En septembre, on la verra aussi dans Des gens bien, la nouvelle création très attendue des auteurs de La Trêve, dans le rôle de Linda Leroy, une jeune femme propriétaire d’un salon de bronzage assassinée par son mari (Lukas Meister), qui réussit à duper la police locale en simulant un accident de la route. Si l’année 2020 avait été faste à Bérangère McNeese avec le Magritte du court-métrage pour Matriochkas, qu’elle a réalisé, si 2021 était une année pleine, 2022 prolonge encore l’état de grâce pour la jeune actrice et réalisatrice belgo-américaine, qui termine le tournage de la seconde saison de Braqueurs (série Netflix) et vient d’achever l’écriture de son premier long-métrage. A grandes enjambées, Bérangère McNeese est en train de se façonner un joli curriculum vitae en Belgique – on peut encore la créditer d’avoir réalisé trois épisodes de Baraki – et en France. [scald=29068488:sdl_editor_representation] « C’est vrai que j’ai pris très souvent le Thalys au cours de ces derniers mois », sourit-elle au téléphone depuis Paris où elle réside la moitié du temps. Ce saut de puce entre les deux capitales, elle l’a fait et refait, avant la fin de ses études secondaires, à Bruxelles, pour tenter de se faire un nom. Avec succès, puisque dès 2013, elle embarque aux côtés de Dany Boon dans l’aventure de la comédie Eyjafjallajökull, avant de jouer pour Julia Ducourneau, Cédric Jimenez au cinéma, ou encore Alain Tasma, en 2017, dans le téléfilm Le viol. Hyperactive L’actualité immédiate, c’est, à l’écran, HPI, plus grosse audience pour une série sur TF1 en dix ans, avec près de 10 millions de téléspectateurs au rendez-vous, gros succès aussi sur la Une/RTBF. Bérangère McNeese n’aurait manqué pour rien au monde la suite de l’aventure vécue par l’équipe de la série, dont personne n’aurait pu prédire qu’elle allait susciter un tel engouement. « C’était quand même un pari assez osé de mélanger l’univers policier et celui de la comédie. Même si c’est très répandu du côté anglo-saxon, ça se fait très peu en France », avance-t-elle. « On a encore pu davantage mettre l’accent sur l’aspect comédie, en particulier pour mon personnage et celui de mon équipier Bruno Sanchez ». Touche-à-tout, et de son propre aveu « hyperactive », la trentenaire dit avoir beaucoup appris sur ce tournage de grande envergure : « Je me considère comme une bosseuse, mais ce qui m’a marqué le plus au cours de ces deux saisons, c’est l’implication d’Audrey Fleurot, son travail pour son personnage, mais aussi pour la direction artistique, la création des costumes, l’écriture. C’est une vraie leçon pour moi et ça m’inspire dans l’idée de travailler encore davantage ». Elle y a encore davantage cultivé son admiration pour le travail des réalisateurs : « Ça m’avait déjà frappé quand je travaillais sur mes courts-métrages. Comme comédien, on est comme un passager sur un bateau, et on essaye d’être le meilleur passager possible. Tout est réuni pour qu’on puisse bien travailler, alors que le réalisateur, comme capitaine du bateau, doit veiller à tout, et surmonter tous les obstacles imaginables, que ce soit en amont dans la préparation, en post-production que pendant le tournage. C’est colossal ». [scald=29068489:sdl_editor_representation] Belge par sa mère, américain par son père, le bassiste Barry McNeese, l’actrice a toujours baigné dans l’univers artistique et dans l’idée que faire carrière en tant qu’artiste n’avait rien de singulier. Très jeune, elle enchaîne les castings et les apparitions dans des pubs. Avec un rêve : « quand j’étais petite, j’avais envie de conquérir le monde, de faire de grandes choses, très exposées. Un peu à la Britney Spears ». Sur le petit écran, c’est pourtant plutôt à Julia Roberts qu’elle nous fait penser, et plutôt furieusement, dans Des gens bien : « Elle fait clairement partie des personnes qui m’ont donné envie de faire du cinéma. C’était mon actrice préférée pendant toute mon enfance, surtout dans Erin Brokovich. A cet âge-là, se confondaient probablement dans ma tête le rôle et l’actrice, mais je la voyais comme une personne un peu fantasque, maladroite, qui met les pieds dans le plat, avec beaucoup de charme en même temps. » Aujourd’hui, Bérangère McNeese a pris ses distances avec ce modèle et, comme actrice, souhaite déployer la palette de jeu la plus large possible. Dans tous les registres et en se défiant des étiquettes. « On me propose plein de choses différentes, des comédies, des séries à sketches, des films noirs, des films dramatiques, et c’est vraiment ce que j’espère pouvoir faire toute ma vie, aller dans plein de directions différentes pour explorer toute la richesse du métier. », s’enthousiasme-t-elle. « Ce que j’aime, c’est que les personnages que j’interprète dégagent une forme d’humanité. J’essaie de leur apporter le plus de nuances possible et de faire en sorte qu’ils ne soient ni des méchants ni des gentils ». Un atout que les réalisateurs savent apprécier à sa juste valeur, comme le notent Matthieu Donck, Stéphane Bergmans et Benjamin d’Aoust, qui l’ont pilotée pour Des gens bien : « Quand elle est arrivée au casting, on a eu devant nous le personnage qu’on avait écrit. Bérangère est bluffante par sa capacité à amener de l’humanité à un personnage, et à y apporter un côté décalé qui dépasse le cadre. Avec elle, la fiction se construit toute seule », nous confiaient-ils lors de la présentation de la série, à SériesMania. Bruxelles, moins belle Aller et revenir : pour Fils de, celle qui est aussi diplômée en journalisme de l’ULB (« ces études, c’étaient un moyen pour moi de découvrir un monde complètement différent du mien »), a renoué avec Bruxelles, où elle a grandi, quoi que la série réalisée par Frank Devos (Undercover) en donne une vision fort peu romantique. « C’est merveilleux de se dire qu’on tourne une série qui donne cet aperçu-là de Bruxelles, assez inédit et différent. Ce n’est pas la ville que j’ai côtoyée et que je connais. La série explore son versant plus mystérieux et poétique, moins cinégénique. Pas la carte postale, mais plutôt son revers. C’est ce qui m’a séduit dans ce projet ». [scald=29068487:sdl_editor_representation] Avec son personnage de jeune maman qui s’efforce à mettre son ex devant ses responsabilités de père et dans de bons rails, elle ne s’éloigne pas trop, estime-t-elle, de sa ligne de conduite de comédienne et de réalisatrice-scénariste. « Quand on écrit, on se rend compte qu’on tourne un peu toujours autour des mêmes thèmes. Les personnages qui m’intéressent sont toujours des femmes qui essaient de s’extraire d’une situation qu’elles n’ont pas choisie. Ce sont des femmes en colère, parce que je pense que je le suis, comme beaucoup de personnes de ma génération. Féministe ; ce n’est pas un combat très original, peut-être, mais qui mérite toujours d’être nommé ». Et c’est la Schtroumpfette, à qui elle prête sa voix dans la nouvelle série sur Nickelodeon, qui vous le dit.

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