Quand VW « soigne » le retard à l’allumage

La F1 adore faire durer le plaisir. En distillant par exemple les « grandes nouvelles » la concernant en les drapant d’un voile de mystère qu’elle s’échine ensuite à entretenir longuement. Avec, très souvent pour conséquence, d’officialiser enfin celles-ci… quand tout le monde est au courant ! Dix ans qu’on en parle ! Le groupe Volkswagen est occupé à réaliser un véritable « master class » du genre au sujet de son arrivée, ou non, en Formule 1. Dix ans qu’on en parle ! Et quelques années déjà que la réponse sonne comme une évidence. A fortiori au gré des sorties médiatiques orchestrées par le groupe lui-même, à l’image de celle réalisée ce lundi par le big boss Herbert Diess, dont les propos sont tellement concrets qu’ils pourraient le faire vite passer pour un cornichon au cas où, soudain !, son Conseil d’administration venait à faire retentir un tonitruant autant qu’improbable « Nein » ! « En sport auto, seule la F1 compte » Quelques pépites de son véritable « plaidoyer pour la F1 » diffusé sur Youtube sont édifiantes : « La F1 connaît une évolution très positive dans le monde entier » ; « Ce qui se passe maintenant aux USA en termes de marketing est incroyable (…), grâce notamment à la série Netflix » ; « Outre l’intérêt du public américain, on constate celui-ci en Asie, et plus globalement chez les jeunes » ; « En sport auto, seule la F1 compte » ; « La F1 est le levier le plus important pour augmenter la valeur de la marque » ;… Bref, tout est dit : « On y va ! ». Mais ça ne se dit pas encore officiellement. Même si le CEO précise : « On le fera avec Porsche et Audi » ! Retardé par le « dieselgate » Quand on regarde dans le rétro, on constate qu’en 2014 déjà, il s’en est fallu de (très) peu que le groupe qui dispute rituellement à Toyota le titre de « n°1 mondial » ne franchisse le pas. Question d’humeur, en fait. Et celle de Ferdinand Piëch - l’homme qui a replacé sur l’échiquier planétaire le groupe un moment menacé de faillite - n’était pas positive à l’endroit de Bernie Ecclestone, dont certaines pratiques ne cadraient pas, tiens donc, avec sa rigueur toute germanique. Un an plus tard, Piëch prenait sa retraite. Une aubaine au demeurant pour Stefano Domenicali, arrivé chez VW (via Lamborghini) après avoir dirigé la Scuderia Ferrari. La chose devenait encore un peu plus attrayante quand, fin 2016, Liberty Media rachetait la F1 à Ecclestone ! Mais toutes ces belles intentions allaient être balayées par le « dieselgate ». Depuis, le temps a fait son œuvre. Et Domenicali est même devenu au passage… le nouveau grand patron de la F1 ! Exigences acceptées par la concurrence Dire aujourd’hui que le plus gros du travail est fait pour qu’un géant comme VW débarque enfin en F1 est un euphémisme d’autant plus marqué que fin de l’année dernière, le groupe a obtenu des autres constructeurs d’acquiescer à trois exigences dans le cadre du nouveau règlement technique qui entrera en vigueur en 2026 : la plafonnement du budget des écuries (c’est en cours), la suppression du système de récupération d’énergie lié aux gaz d’échappement, et l’usage de carburant 100% durable, en plus du recours plus important qu’aujourd’hui à l’énergie électrique. Audi cherche écurie En conséquence, l’entourage immédiat de l’écurie Red Bull prend de moins en moins de précautions oratoires pour évoquer sa future association avec Porsche en remplacement de Honda. Tandis que si le projet est un peu moins concret chez Audi, c’est simplement parce que la marque aux quatre anneaux veut, elle, engager sa propre écurie, mais qu’elle bute encore sur le rachat d’une structure existante, à choisir entre McLaren, Sauber, Aston Martin, ou plus vraisemblablement Williams. Dernier détail : Herbert Diess a précisé dans sa logorrhée que Porsche et Audi avaient déjà entrepris le développement de leur futur moteur de F1. Mais pas d’emballement donc : aucune confirmation n’a été donnée officiellement à cette arrivée. Le suspense est insoutenable…

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