Kid Francescoli: «TikTok a donné de l’épaisseur au projet»

Cela fait vingt ans que le Marseillais Mathieu Hocine développe une electro-pop aérienne sous le nom de Kid Francescoli (référence à l’ancienne star de l’OM). Au fil des années, à force de travail, le groupe s’est construit une communauté de fans fidèles. Mais rien de comparable avec ce qui s’est produit il y a cinq ans lorsque le titre Moon a été propulsé tube international grâce à TikTok. Mathieu Hocine nous explique tout cela avant le concert de son groupe le 10 mai à la Madeleine. [scald=29077182:sdl_editor_representation] Racontez-nous comment Moon est devenu un tube en 2020, trois ans après sa publication… On a remarqué à un moment que la chanson avait des chiffres affolants sur les plateformes streaming. On ne comprenait pas d’où ça venait. Et un jour j’ai reçu un message d’un fan sur Instagram disant : ”Est-ce que tu as vu que ta chanson est devenue virale sur TikTok ?” Là, je suis allé voir et j’ai compris l’utilisation que les gens en faisaient, le fait que la phrase clé de la chanson And It went like… (Et ça s’est passé comme ça…, la seule phrase de la chanson – NDLR) est devenu un hashtag et une façon pour les gens de raconter leur vie. Ça a été la première vague. Ça ne s’est pas arrêté là ? Non, parce que quand quelque chose devient viral, les stars s’en emparent, conseillées par leurs community managers qui leur disent : Ce truc est devenu viral, tu dois l’utiliser. On s’est donc retrouvé avec The Rock, Jessica Alba et surtout Jennifer Lopez qui ont partagé un post TikTok en utilisant la chanson et le #AndItWentLike. A partir de là, ça a pris des proportions incontrôlables (rires). [scald=29077181:sdl_editor_representation] Vous n’avez donc rien à voir avec cet effet TikTok… La viralité, il y en a qui font ça très bien. Drake, par exemple, sait la provoquer. Mais nous, on n’a pas du tout pensé à ça. D’ailleurs, quand on a écrit le morceau, TikTok n’existait pas… Qu’est-ce que TikTok a changé pour vous ? Ça a donné de l’épaisseur au projet. On tournait déjà à l’international, mais au lieu de faire quatre dates aux Etats-Unis, aujourd’hui on en fait dix. A la place de faire une salle de 500 places à Istanbul, on en fait une de 2.000. On a grimpé un échelon, mais c’était un échelon plus gros que les autres. Vous aviez déjà eu un buzz avec le clip de Blow Up. Les retombées étaient comparables ? Non. Blow Up, c’était en 2013, à l’époque, le Saint-Graal, c’était des clips à un million de vues sur YouTube. Le nôtre a été vu 2 millions de fois et nous a ouvert les portes de l’international. Avec Moon, on est à 62 millions de vues sur YouTube. Mais je ne veux pas faire le mec blasé. C’est un truc incroyable qui nous arrive. [scald=29077183:sdl_editor_representation] Cela signifie que désormais, lorsque vous composez, vous pensez à TikTok et aux réseaux sociaux ? Non, même si forcément, ça reste dans un coin de la tête. En voyant les réactions des gens, tu te demandes toujours un peu : Comment ai-je réussi à faire un truc comme ça ? Mais il ne faut jamais essayer de le refaire, parce que c’est sûr que ça ne marchera pas. Vous faites pas mal de synchronisations aussi (musique pour la pub, placée dans des films, séries…). Qu’est-ce qui est le plus efficace ? On ne peut pas vraiment comparer parce que tout est lié. Un effet TikTok se répercute sur les streams, on touche plus de droits d’auteur et on a plus de visibilité, donc ça permet à un autre titre se retrouve dans une pub, etc. C’est un écosystème. Vous venez enfin jouer à Bruxelles après deux ans de pandémie… Oui, on devait venir en mars 2020 présenter notre album Lovers, mais on a dû arrêter la tournée au bout de trois dates avec beaucoup de frustration. On a repris dès que c’était possible. On a beaucoup joué en France en début d’année et là on part sur l’international : l’Europe, les Etats-Unis, l’Asie, le Mexique, le Canada… On y était déjà allé, mais TikTok a clairement épaissi le groupe. La tournée précédente, ils attendaient Blow Up, maintenant ils attendent Moon. TikTok a lancé SoundOn, son propre distributeur de musique pour les artistes non-signés. Qu’est-ce que vous en pensez ? J’ai commencé comme ça, grâce à internet. A l’époque, je faisais le tour des labels avec mon sac à dos plein de CD gravés. On les envoyait aux radios aussi, et puis il y a eu les mp3. Quand les premiers distributeurs numériques sont apparus, comme TuneCore, je me suis jeté dessus. Si je n’avais pas de label aujourd’hui, c’est ce que je ferais. Que ce soit via SoundOn ou autre chose. C’est quand même une chance inouïe de se dire qu’on fait une chanson dans sa chambre et qu’on se retrouve ensuite sur Spotify avec Kanye West et Rihanna. [scald=29077184:sdl_editor_representation] A quoi sert un label aujourd’hui ? Ce que fait le label, l’éditeur ou le tourneur, on pourrait très bien le faire. Mais moi, je n’en ai pas envie, c’est un autre boulot et les labels le font très bien. Le label, c’est quelqu’un qui trouve le bon attaché de presse, qui développe un artiste, qui met l’artiste dans des campagnes marketing… Il ne s’agit pas seulement de sortir l’album d’un artiste, mais c’est avoir une réflexion profonde sur le chemin à prendre et la manière de se présenter… Si les labels existent encore, ce n’est pas pour rien. Les éditeurs, c’est pareil, ce sont eux qui vendent la musique aux pubs, aux films, etc. On pourrait le faire, mais il faudrait passer ses journées à envoyer des mails, à passer des coups de fil… Tout le monde sert à quelque chose dans l’industrie. Il faut savoir qui le fait le mieux. Kid Francescoli en concert le 10 mai à la Madeleine. Infos et réservations : www.la-madeleine.be/

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