Wilmots: «J’ai mon onze en tête pour l’Italie»

Si l’on se situait dans la logique d’une phase éliminatoire ou d’une poule de tournoi, le bilan chiffré de 7 points en 3 matchs n’engendrerait guère d’autre forme de discussion. Mais puisqu’il clôt une phase de préparation au seuil d’un Euro capital pour toute une génération d’internationaux, il est évidemment analysé sous un angle bien plus approfondi : celui des actes posés. Autant dire que dans ce registre, l’équipe nationale n’a pas fourni tous les apaisements nécessaires à ses supporters. Dont 10.000 d’entre eux prendront le chemin de Lyon en début de week-end afin d’être à pied d’œuvre et bien en voix, lundi prochain au stade des Lumières face à l’Italie. 1 Les Diables menés 9 fois sur 23 depuis le premier match du Mondial 2014. Si l’on doit concéder au moins une chose au groupe qui prendra l’avion pour Bordeaux mardi en fin d’après-midi, c’est au moins de ne rien lâcher. Clairement en dedans de son potentiel, le collectif belge a pour lui d’avoir toujours eu la réaction appropriée une fois mené au score. Ce fut le cas en Suisse (1-2) avec un but de De Bruyne alors que l’on se dirigeait vers un partage qui aurait été parfaitement logique. Bis repetita face à la Finlande (1-1) mais avec pour nuance (de taille), une égalisation tombée au bout de la… vingtième occasion de but. Hier, la défense norvégienne a subi de plein fouet les foudres d’un réveil certes tardif, mais en rafale puisque Hazard et Ciman ont fait basculer le grand boulier compteur du stade Roi-Baudouin en à peine 210 secondes. « Ce phénomène de réaction ne date pas d’hier, note le coach fédéral. Il perdure depuis 4 ans. Et c’est plutôt bon signe par rapport aux exigences de l’Euro, notamment sur le plan mental. » Il n’empêche, un rapide décompte portant sur ces deux dernières années (soit l’entrée en lice des Belges contre l’Algérie lors du Mondial brésilien) contribue tout de même à nourrir une certaine appréhension par rapport à cette faculté à réagir dans l’adversité : sur l’ensemble de leurs 23 derniers matchs, les Diables ont été menés à 9 reprises. Ce qui est beaucoup pour une équipe grimpant les marches de la gloire quatre à quatre. Avec à la clé 5 défaites et 1 partage, ce qui au final, débouche sur un déchet de productivité de 33 % lorsque le marquoir affiche un déficit à combler. Encore une fois, rien de fondamentalement inquiétant, notamment à l’aune des rencontres de préparation qui portent bien leur nom, mais un signal tout de même. 2 Le degré d’inquiétude par rapport à la défense n’a pas baissé, que du contraire. Remaniée pour la troisième fois consécutive, le quatre arrière belge s’est forcément trouvé en manque de repères. Rien d’illogique dans ce constat mais tout de même une foultitude de détails préoccupants. Composée d’Alderweireld et de Vertonghen, la charnière centrale de Tottenham n’a pas fonctionné dans le registre de sobriété qu’on lui connaît, notamment sur le 2e but norvégien où Vertonghen porte plus qu’une part de responsabilité. Quant aux backs, ils ont donné quelques sueurs froides au public, davantage en tout cas qu’à Marc Wilmots, du moins si l’on s’en tient au discours apaisant, de circonstance à une semaine de l’entrée en lice dans le tournoi. « Denayer était logiquement un peu émoussé par sa fin de saison et je lui ai demandé de tenir encore le coup durant un quart d’heure après la pause, explique le sélectionneur. Il a fini avec une gêne à la cuisse. Quant à Jordan Lukaku, s’il a été pris dans le dos à deux reprises, j’ai noté son implication dans pas mal d’actions offensives. Mais je sais que si ça se passe de la sorte contre l’Italie, on risque d’être puni. » Voilà qui risque de refermer définitivement la discussion concernant le repositionnement de Vertonghen dans l’axe. 3 Sauf rechute ou énième blessure, Wilmots tient son onze de départ pour l’Italie. Le repositionnement de De Bruyne sur le côté en cours de seconde période (« Où il a bénéficié de plus d’espace pour s’exprimer » et le repositionnement de Hazard dans l’axe « Où ses qualités d’infiltration ont fait mal à l’adversaire ») ont frappé. De là à en conclure que l’on s’oriente vers un grand chamboulement et à un retour à une certaine forme de classicisme (un triangle d’entrejeu inversé Witsel-Nainggolan-Fellaini), il n’y a qu’un pas que la tentation est tout de même grande de franchir. « Amusez-vous à chercher, mais je resterai le seul à savoir ce que je compte faire, sourit le sélectionneur. Oui, j’ai mon onze en tête pour l’Italie. »

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