«La vie se renormalise»

Alexandra Balikidjian est psychologue de la consommation à l’ULB. Elle a un regard aigu sur nos comportements d’achat. Pour elle, on est aujourd’hui dans un retour : « La vie se “renormalise” », dit-elle, en mettant des guillemets au mot. [scald=29071035:sdl_editor_representation] « Le succès du livre pendant la pandémie est d’abord à interpréter en fonction de la disponibilité du temps. Les gens se sont recentrés sur les tâches essentielles et ça a libéré un grand espace de temps disponible. Et c’est cet espace de temps qui a permis le succès du livre, d’autant que les librairies ont été un des seuls commerces ouverts durant le confinement. On a eu besoin de se réassurer parce que la période est hyper anxiogène et on s’est tourné vers des images et des cadres de réflexions qu’on trouve dans ce qui nous pousse à penser : les livres, les films, les séries. On cherchait un cadre de référence pour aider à penser l’impensable et la lecture, la littérature peuvent offrir ce cadre de référence. » « Envie de toucher, de vivre » Aujourd’hui, on est de retour au travail, au présentiel, à une certaine normalité, à autre chose donc. « Et l’on va alors se retourner plutôt vers du relationnel, du concret, du factuel, du sensuel », ajoute la psychologue. « On a envie de toucher, de vivre, d’expérimenter. Et cela prend de la place, au détriment de la lecture, qui peut refluer. » Mais Alexandra Balikidjian n’est pas pessimiste quant à la place du livre dans nos vies. « Des habitudes ont pu être prises pendant le confinement. Et ça a pu pousser des gens à reprendre la lecture, qui est devenue une habitude qu’ils ont envie de poursuivre. Parfois même avec des rituels : on lit juste après le petit-déjeuner ou une heure l’après-midi ou le soir avant de s’endormir… » Et puis il y a la guerre en Ukraine, l’inflation, le prix des denrées qui augmente. Cela n’aide pas le livre. La hausse du coût de la vie va nous obliger à couper dans nos dépenses. Et peut-être va-t-on plutôt accroître les rapports relationnels qu’acheter des livres. D’autant que ces livres de cuisine, par exemple, qu’on a beaucoup achetés à cause du covid, on ne va plus les multiplier. Les amateurs sont devenus des experts, ils échangent leurs connaissances avec d’autres, ils suivent des influenceurs sur TikTok ou Instagram. On va vendre moins de livres. « Mais je ne pense pas que la lecture elle-même va en pâtir », rétorque Alexandra Balikidjian. « On peut acquérir des livres de façon démocratique. Il y a les bouquineries, les boîtes à livres, des réseaux de partage. C’est sans doute difficile à évaluer, mais cette consommation-là n’est certainement pas négligeable. »

Votre compte

«La vie se renormalise»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Culture

Reine Elisabeth: un imposé captivant

Armaggedon Time: James Gray raconte son adolescence new-yorkaise et le rêve américain

Critique Le jeu de la mort et de la pénitence

Critique Festival de Cannes: le retour de Desplechin et l’année Melvil Poupaud

Reine Elisabeth: élégance galante ou fier romantisme

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Hausse des prix: les craintes du secteur de la construction

Sammy Mahdi (CD&V) sur la guerre en Ukraine: «Le grand danger est que l’enthousiasme des hébergeurs s’estompe»

Guerre en Ukraine: après la chute de Marioupol, la Russie mène d’importantes offensives dans le Donbass

Guerre en Ukraine: pourquoi la Belgique met tellement de temps à rouvrir son ambassade à Kiev

Risques, contagion, traitement… six questions pour comprendre la variole du singe

Georges Gilkinet veut revoir le montant des amendes pour excès de vitesse

« Nos collaborateurs sont des empereurs, les clients sont rois »

6 Belges sur 10 sont de plus en plus sensibles à la politique climatique de leur emploi

« Nous donnons de la valeur aux idées et encourageons à les transformer en projets concrets »

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel