«Vous avez de ces mots»: L’{anglicisation} du français: honi soit qui mal y pense
Un sujet touchy, traité en mode feel good, ce qui n’exclut pas quelques propos un peu cash…


Des lecteurs me suggèrent régulièrement de dénoncer, dans cette chronique, l’anglicisation croissante du français. Je me suis contenté, jusqu’à présent, de les renvoyer aux nombreux billets déjà consacrés aux anglicismes, où mon point de vue est présenté sous différentes facettes. Mais la récurrence de la sollicitation m’a convaincu de ramasser en quelques lignes ces réflexions éparses.
Anglicismes et anglicisation
Rappelons qu’il convient de distinguer les anglicismes, emprunts à l’anglais, et l’anglicisation, processus par lequel un caractère anglais est donné à une langue, à un mode de vie.

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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir3 Commentaires
Henriette Walter a écrit cette merveille : Hon(n)i soit qui mal y pense, doublé par : L'incroyable histoire d'amour entre le français et l'anglais. Et je pense que ce titre dit tout ! Les deux langues sont tellement liées, intimement liées que j'éprouve beaucoup de mal à comprendre les condamnations (excommunions) de l'Académie envers des mots comme distanciel, présent/ciel ou impacter qui sont au mieux injustes et au pire grossièrement infondées. Je ne comprends pas non plus pourquoi "drastiquement" est toujours référencé comme anglicisme...depuis 1829 alors que ce mot vient du grec et existe dans de nombreuses langues latines. Il est vrai qu'il y a eu un glissement dans le sens comme pour "crucial", mais son sens premier de "traitement énergique" est aujourd'hui totalement désuet. Par contre, je suis bien moins indulgents pour les journalistes (du Soir?!) qui pondent des articles où ils nous abreuvent de "spots" (endroits), de "coaching" (accompagnement), de "booster" (rappel), etc. C'est de la paresse intellectuelle à mon sens. Finalement, comme anglophone, je déteste les anglicismes "inventés". Passons sur "smoking", "dressing" ou même le mignon "fancy-fair" des Belges, bien chanté par Souchon. Mais pourquoi devons-nous supporter en français les horribles "beamer" (projector) ou "old-timer" (vintage car) qui sont des inventions allemandes ! PS. Au pays de la Reine, il y a des gallicismes comme "déjà vu", "fin de siècle", "au naturel" attention, il signifie nu, à poil, ce qui est "risqué" même dans un "ménage à trois" avec une "femme fatale" (beaucoup risqué!). Certaines personnes s'en émeuvent, pas trop, et ils n'ont pas d'académie... Je conseille cette vidéo : The French Brexit song https://www.youtube.com/watch?v=uPLe9qhpBF8&ab_channel=AmandaPalmer
Pourquoi 'Honi' plutôt que 'honni' ? Ma mémoire est-elle trahie par Le Sceptre d'Ottokar, où "Eih bennek, eih blavek" est traduit "Qui s'y frotte s'y pique" et expliqué par "Honni soit qui mal y pense" ?
J'apprécie, dans un billet sur les anglicismes, la référence subtile au roman 1984, par l'apparition du terme 'novlangue', qui est une traduction (que je trouve personnellement maladroite) de l'anglais 'Newspeak'. Pourquoi est-ce amusant ? Parce que le français est –à ma connaissance– le seul où 'Big Brother' n'a pas été traduit en 'Grand Frère'. Une nouvelle traduction récente a fait d'autres choix, mais il me semble que c'est trop tard : Big Brother fait partie de notre fond culturel. Par contre, j'avoue utiliser de préférence Newspeak à Novlangue, que je trouve peu français dans sa morphologie.