Prévention: «Ne pas entrer dans le voyeurisme du détail»

Puisque les défis et les prises de risque font partie du développement psychique normal à l’adolescence, il convient d’équiper les adultes à y faire face. Dans son ouvrage Challenges numériques sur les réseaux sociaux , Marion Haza et Thomas Rohmer formulent plusieurs conseils à destination des parents. 1 Eviter de donner le mode d’emploi En règle générale, le risque du défi réside dans son exhibition. « Plus l’on diffuse les défis, en donnant les détails de leur réalisation, plus on donne aux jeunes le mode d’emploi. Si on veut sensibiliser son ado aux dangers des drogues, on ne va pas lui expliquer comment les prendre, ni quels en sont les effets précis en fonction du mode d’admission. C’est la même chose pour les défis : il ne faut pas entrer dans le voyeurisme du détail », martèle la psychologue Marion Haza. « Je préconise de parler du phénomène de façon générale. Du fait qu’on peut être influencé par d’autres personnes, que l’on peut nous inciter à faire des choses contre notre gré, que reproduire un défi n’est pas la seule façon d’être intégré dans un groupe. On revient à la question du consentement. » 2 Ecouter plutôt qu’interdire L’interdiction d’utiliser certaines plateformes ou de participer à certains défis peut pousser les adolescents dans la brèche. Marion Haza privilégie plutôt l’écoute et la confiance mutuelle. « Les premières pratiques des réseaux sociaux doivent être accompagnées. Ensuite, je recommande aux parents de travailler sur la confiance mutuelle. Les parents doivent se montrer disponibles si les adolescents sont demandeurs. Il faut s’intéresser à ce que l’ado fait, sans avoir un contrôle total. Quand il sort avec ses copains, on ne suit pas l’ado avec une caméra, parce que justement on a créé, au préalable, un lien de confiance. » 3 Amener de la créativité L’adulte peut conduire le jeune à faire preuve de créativité dans la réalisation d’un défi. « Le défi numérique permet une mise en scène de l’image, c’est-à-dire une manipulation éventuelle du défi », souligne Marion Haza. « Les adultes doivent indiquer qu’il est toujours possible de refuser ou de détourner le défi en en changeant le but à l’aide de son imagination. » Cela a déjà donné lieu à des détournements vers de bonnes actions à l’instar du Trash Challenge qui consiste à ramasser des déchets. Le recours à la créativité permet de repérer les jeunes qui vont bien de ceux en souffrance, incapable de s’éloigner du scénario initial.

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