Marie Warnant, cartes sur table

Quand on s’intéresse au tarot de Marseille, on aime la symbolique. Ainsi le 22/4/22 a paru les onze premiers titres de l’album qui en comptera 22 (le nombre de cartes au tarot) le 22/11/22. « Et j’ai donné un concert à l’Archiduc le 20/2/20, mais le confinement ensuite a tout reporté », nous a avoué Marie. « Depuis, j’ai écarté certaines chansons et en ai écrit d’autres. En fait, ça fait quatre ans que je porte ce projet complexe. » [scald=29108718:sdl_editor_representation] Mais il ne faut pas être effrayé : on peut apprécier ce disque d’électro-pop chanté surtout en français et un peu en espagnol et en anglais, sans s’y connaître en tarot. Marie, cela fait dix ans qu’elle s’intéresse au tarot qui parle de cycles de la vie : « C’est comme une nouvelle langue pour moi. Chaque carte a deux significations : une positive et une négative. Elles se répondent entre elles. Ça parle de lien social comme d’amour. Je tire les cartes quand j’ai des doutes ou des interrogations. L’important est de ne pas tricher. Ça m’aide beaucoup dans ma vie de tous les jours. » Marie reconnaît aussi le rôle thérapeutique du tarot, elle qui n’a pas été épargnée par la vie : « Mon frère jumeau s’est suicidé à 18 ans. Je me suis intéressée au référentiel de naissance. Le soleil, qui est le père cosmique, est un jumeau. Mon père s’est suicidé quand j’avais 4 ans et mon autre frère s’est aussi suicidé. J’ai dû traverser et dépasser tout ça. Au-delà de l’aspect génétique, j’ai dû faire confiance à la vie plutôt qu’à la mort. Ma mère est morte d’une crise cardiaque quand j’avais 28 ans. La musique aussi m’a aidée à choisir ce chemin lumineux qu’est la vie artistique, même si elle est difficile et mal rémunérée. C’est un combat. Tu crées ce que tu crains et tu vis ce que tu veux, comme on dit. Ce disque m’a aidée à m’affranchir du regard des autres. Je tire les cartes tous les jours mais il ne faut pas tricher. Il faut accepter le hasard. Ça t’aide dans la vie car c’est extérieur à toi ! » Ce travail, Marie a tenu à le faire seule alors que Vincent Liben était son alter ego sur ses deux premiers disques et Mirko Banovic, le bassiste d’Arno, sur le troisième : « C’est vrai qu’avant j’avais toujours besoin de quelqu’un. Ici, je devais assumer pleinement ce que je suis. Sans jumeau, sans alter ego. Je suis seule ici mais sans être victime ou complaisante. Pour être complète, je n’ai pas besoin d’un homme… » Une papesse Pour la pochette, Marie pose comme une papesse : « C’est elle, oui, le rouge est la couleur de l’action. Au XVe siècle déjà, les hommes et les femmes sont à égalité. La justice est une femme, la tempérance aussi… Oui, il y a un côté féministe dans le tarot mais moi, je préfère dire humaniste. L’égalité des droits, oui, mais en respectant les différences. Hommes et femmes sont complémentaires. Le féminisme ne doit pas exclure l’homme. Je me souviens quand, avec Akro, j’ai écrit et chanté le titre Les femmes sont là, je me suis fait insulter par des féministes, mais pas lui. Quand j’ai publié mon premier album en 2005, il n’y avait pas autant de chanteuses qu’aujourd’hui. C’est bien ce qui se passe là. » Le disque de Marie est très actuel. Il s’accompagnera d’une exposition avec les dessins de Sebal (Sébastien Alouf) qui a illustré les vingt-deux cartes du tarot, comme Alejandro Jodorowsky, la grande inspiration de Marie, a pu le faire : « C’est le hasard des cartes qui a choisi quelles étaient les onze premières chansons révélées cette saison. J’ai divisé en deux pour que cela reste digeste. Le disque (sa première partie) n’est que digital aujourd’hui, mais la version CD et vinyle des deux parties sera disponible le 22 novembre. Sebal a déjà réalisé trois de mes clips. L’artiste peintre Felipe Medrano chante en espagnol sur trois titres. Il vit en Andalousie où je vais souvent. Il y a trois voix dans ce disque. Felipe est la voix au-dessus, la voix divine en quelque sorte, ma fille de 12 ans (aujourd’hui mais elle en avait 8 au moment de l’enregistrement) est la voix de la conscience et ma voix est celle de la personne principale à qui parlent les deux autres voix. J’avais envie de jouer dans tous les sens du terme, sans contraintes, sans me mettre de barrières… »

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