Scènes: retrouvez toutes nos critiques des spectacles

Amanda et Stefano ** Centre culturel, Braine l’Alleud Le Théâtre du Sursaut, fidèle à lui-même, explore le jeu clownesque pour interroger l’altérité. Amanda est impulsive et bordélique. Stefano est pointilleux, limite maniaque. Leurs différences vont se cristalliser dans des acrobaties loufoques autour de deux tables, deux chaises, des feuilles de papier et des gammes musicales. Un sportif moment de théâtre physique et visuel. Dès 3 ans. Au pied des montagnes *** Théâtre de la Balsamine Une Tribu Collectif déploie un théâtre d’ombres foisonnant pour dérouler le récit d’une petite fille en fuite depuis que la guerre a chassé les siens. Sur scène, Gwendoline Gauthier et Sarah Hebborn multiplient les perspectives et les jeux d’ombre au fil d’un texte tortueux. On y croisera une sœur imaginaire, une pierre qui parle, des oies menaçantes, de traîtres montagnes et, au bout du voyage, une réconfortante histoire de résilience. Dès 8 ans. [scald=29109241:sdl_editor_representation] Bibot distinguée *** Cirque Royal Elle avait, avec Bibot debout, délaissé les sketchs du one-woman-show pour tenter l’aventure du stand-up. Avec Bibot distinguée, l’ex-Miss Bricola des Snuls ne prend plus qu’elle et sa propre histoire (familiale, artistique) pour modèle d’inspiration. Bibot, qui confesse sa crise de la cinquantaine, plonge ici dans les voluptueux abîmes de l’autodérision. Et c’est une excellente surprise. Fritland *** Centre culturel Rixenxart, Genval Ancien fritier devenu auteur et comédien, Zenel Laci déballe sa vie comme on dore une bintje : sans chichi mais avec feu. Il nous fait voyager des montagnes du Kosovo au parvis de la Bourse, de Jules Verne à Bruce Lee, des forges de Clabecq à la rue d’Aerschot, d’une ambiance balkanique digne de Kusturica aux nuits interlopes bruxelloises. Pour résumer, disons que c’est l’histoire d’un enfant de réfugié albanais dont le père rêvait d’Amérique. L’histoire d’une famille qui voulait faire les frites les plus fraîches de Belgique pour faire oublier qu’ils étaient étrangers. Le champ de bataille *** Théâtre de Poche Jusqu’au 4/6 au Théâtre de Poche, Bruxelles Dans cette adaptation du roman de Jérôme Colin, mise en scène par Denis Laujol, c’est avant tout une guerre des nerfs qui se joue entre un fils dans la fleur (vénéneuse) de l’adolescence et un père dans l’épine (vicieuse) de la quarantaine. Usure du couple, sexualité au point mort, incompréhension de la moule provocatrice qu’est devenu son enfant, rancœur contre le système scolaire : notre homme (Thierry Hellin) va évacuer tout cela sur ses chiottes. Rythmé, drôle, attachant. Le spectacle fut nommé comme « meilleur seul en scène » aux Prix Maeterlinck de la critique en 2020. [scald=29108860:sdl_editor_representation] Metagore Majeure **** Parking de Tour et Taxis En plein air, dans des espaces volontiers malfamés (parking ou terrain vague), Pauline Desmarets et Olivia Smets se débattent avec leur amour-haine pour le (misogyne) rappeur Booba. Assumant un dispositif déstabilisant – des figurants cachés dans le public, une déambulation volontiers chahutée – la compagnie Canicule évoque le style turbulent de la Fura dels Baus. Sans rien asséner mais en imprimant des situations fortes ou dérangeantes, la pièce opère un basculement salutaire où les « chiennes », « putes » et autres « grosses biatchs » de Booba reprennent le pouvoir. [scald=29108862:sdl_editor_representation] Mon fils ce démon *** Implantation Nouveaux disparus, Chastre La Cie des Nouveaux Disparus retrace le parcours de deux parents accusés d’avoir élevé un monstre, auteur d’un attentat terroriste. Le sujet pourrait être clivant mais s’avère sobrement humain. Avec cette pièce, l’auteur et metteur en scène Jamal Youssfi tente de raconter le cheminement de parents désemparés devant l’irréparable. Ben Hamidou et Sibel Dincer incarnent avec une douleur contenue le gouffre de ces adultes. [scald=29109243:sdl_editor_representation] Propaganda *** Maison de la culture, Tournai Démonstration implacable ou manipulation éhontée ? La pièce de Vincent Hennebicq sème le trouble. Inspiré d’Edward Bernays, père de la propagande, le spectacle résume notre monde, pantin dans les mains de politiques-publicitaires pour qui la démocratie ne serait plus qu’un slogan. En utilisant tous les ressorts qu’elle dénonce – mélange sournois de vrai et de faux, déferlement d’images choc, emballage sexy, manipulation des émotions – la pièce colle admirablement à son sujet : de l’art de subjuguer les foules avec cynisme. [scald=29109244:sdl_editor_representation] Silent Disco *** Les Tanneurs Tels des statues s’animant sur leur socle, neuf jeunes gens équipés de casque audio et dansant sur les musiques de leur choix, évoquent des moments de leur vie. Parfois en quelques mots, parfois en un récit un peu plus long. Seul point commun : une distance, une rupture avec leur famille. Portrait magique, poétique, réaliste et bouleversant d’une génération par Gurshad Shaheman. J.-M.W. [scald=29108861:sdl_editor_representation] Tchaïka **** Centre culturel, Ciney Auréolée de prix au Chili, cette troublante adaptation de la Mouette de Tchékhov se crée désormais en français. La pièce de Natacha Belova et Tita Iacobelli tisse une mise en abîme infinie : une vieille actrice, au crépuscule de sa carrière, reprend du service sous la forme d’une marionnette, à taille humaine, qui n’est autre que le double vieilli de la comédienne qui la manipule. Une pièce démente sur les gouffres vertigineux de la vieillesse mais aussi du théâtre. The Quest ** Théâtre National Dans une sorte de stand-up autobiographique, Cédric Eeckhout fait sa psychanalyse et celle de l’Europe en même temps. Avec une folie rédemptrice, une sincérité explosive et un humour bravache, il résume notre destin à tous, lié à cette utopie européenne aussi improbable qu’un flirt entre Angela Merkel et Viktor Orban. La pièce doit encore être resserrée mais déploie une générosité désarmante. [scald=29109245:sdl_editor_representation] The Sheep Song *** CC de Grote Post, Ostende Dans The Sheep Song, le FC Bergman met en scène un mouton qui refuse de se conformer aux lois du troupeau et qui va se transformer pour pouvoir évoluer parmi les hommes. S’inspirant de la représentation des animaux dans les tableaux de la Renaissance, le spectacle nous entraîne sur les pas de ce mouton grâce à un étonnant système de tapis roulant qui fait défiler toutes les actions, tous les personnages les plus étonnants : chien d’aveugle, marionnette obsédée et de plus en plus déjantée, torero, joueur de banjo, Michael Jackson, Pinocchio, insecte géant et bien d’autres monstres magnifiques ou répugnants. [scald=29109246:sdl_editor_representation] Un petit jeu sans conséquence *** Théâtre royal des Galeries Martine Willequet met en scène cette comédie douce-amère de Jean Dell et Gerald Sybleiras. Entre les grillades d’un pique-nique familial, Bruno et Claire font croire à leur entourage qu’ils se séparent. Un petit mensonge – lancé d’abord par jeu – qui ne sera pas totalement sans conséquence. Cadence mezzo-piano pour cette pièce sur la fragilité en amour et les faux-semblants en amitié. [scald=29108863:sdl_editor_representation] Vous êtes uniques *** Théâtre des Martyrs Qualifié de spectacle kaléidoscopique, Vous êtres uniques répond à cette définition. On y croise des managers en réunion virtuelle pour virer des milliers d’employés, des youtubeuses allumées proposant des tutos débiles, des adeptes de la terre plate alignant les énormités avec une bonne foi absolue, des fêtards aux tenues ultracolorées, des objets et éléments de décor mouvants, presque vivants, une petite dame souriante traversant tout cela avec un air joyeux et étonné… Un vrai bric-à-brac entre théâtre, spectacle de clown, hip-hop, magie… De quoi permettre à chacun de trouver son bonheur. [scald=29108864:sdl_editor_representation] Water, l’atterrée des eaux vives ** La Raffinerie Etrange objet que ce solo de Castélie Yalombo où la jeune femme partage le plateau avec une installation de céramiques faisant goutter de l’eau sur le plateau. En quête d’équilibre, en questionnement sur son corps et ce que celui-ci suscite dans l’imaginaire (le sien et celui des spectateurs), elle s’invente un monde entre gestuelle désarticulée, poésie et clowneries.

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