La Fondation pour les générations futures: un creuset d’innovations durables

En 1998, Benoît Derenne a créé la Fondation pour les générations futures, une fondation dédiée exclusivement à la transformation de notre société vers un mode de développement soutenable. Ce 10 mai, à Namur, elle a décerné douze prix d’excellence – les Hera Awards (Higher Education & Research Awards for Future Generation) – récompensant des mémoires et des thèses de doctorat pour une approche systémique à 360 degrés, conjuguant simultanément quatre dimensions : sociale, environnementale, économique et participative (les fameux « 4P », pour People, Planet, Purpose, Prosperity). « La Fondation souhaite mettre en valeur ces jeunes qui pensent de manière anticipative le futur », explique le CEO. « Nous n’avons pas souhaité être un think tank éthéré. Quand les idées proposées par les jeunes viennent vers nous via les Hera Awards, nous sommes là pour les mettre en valeur en les aidant à penser le futur puis, via nos autres programmes de soutien, à prototyper leur projet, le construire et le consolider. » Petite précision : la fondation est belge et les lauréats sont aussi bien wallons que bruxellois et flamands. Dans les travaux primés, liés notamment à l’architecture, on constate que l’approche durable intègre de plus en plus l’aménagement du territoire. « C’est la preuve que ce type de réflexion anticipe en quelque sorte le futur, ou peut-être même le présent, sur les questions d’aménagement liées à l’eau, mais aussi à l’étalement, à l’urbanisation, à la qualité de vie en ville. Il y a un désir de la part de ces jeunes de porter un regard sur demain en se défaisant aussi de la contrainte de l’existant et en se disant qu’ils ont envie de sortir des schémas établis », poursuit Benoît Derenne. Le jury du prix d’architecture Hera Award Sustainable Architecture 2022 a récompensé Lucas Lamote (UCLouvain), lauréat pour son mémoire sur une meilleure inclusion des exilés au cœur des villes, par la coconstruction de modules légers et la réhabilitation d’un patrimoine bâti vacant, et Justine Noulin (ULiège), nominée pour son analyse sur la culture du risque face aux inondations en Wallonie et en Angleterre. Une fois les concepts établis, la fondation stimule l’esprit d’entreprendre, et c’est là que le fonds SE’nSE intervient. Coup de pouce pour les start-up durables Initié au sein de la Fondation par Pierre Mottet, président du conseil d’administration d’IBA et actuel président de l’Union wallonne des entreprises, le fonds SE’nSE (Seed Equity & Sustainable Entrepreneurship Fund) a pour ambition de contribuer à un monde soutenable en stimulant l’esprit d’entreprendre. « Je me suis inspiré du Caring Entrepreneurship Fund, lancé par Roch Doliveux dans le domaine des soins de santé et du bien-être, et je l’ai appliqué au domaine de l’environnement », expose Pierre Mottet. « Nous souhaitons offrir un financement intermédiaire entre les 3F (Friends, Family et Fools) et d’autres sources de financements plus conséquentes. Le fonds propose du capital d’amorçage, des prêts subordonnés convertibles entre 25.000 et 50.000 euros par projet. Il vise à inciter les jeunes entrepreneurs à rembourser rapidement les investissements tout en leur laissant la possibilité de prolonger l’utilisation aussi longtemps qu’ils en ont besoin. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit d’un fonds d’investissement avant tout philanthropique. » Le fonds SE’nSE reçoit une trentaine de dossiers par an et le bilan est plutôt positif. Sur les 18 projets soutenus depuis 2016, le fonds n’a été confronté qu’à trois faillites. Parmi les entreprises lauréates orientées dans le domaine de la construction, on peut citer BC materials, qui donne aux terres de déblai de chantier une seconde vie en rétablissant une logique circulaire et locale, Sonian Wood Coop, qui vise à déployer une chaîne de valeur locale pour le bois de la forêt de Soignes, Shayp, une technologie intelligente capable de détecter les fuites et réduire la consommation d’eau, et Bright Energy, un système de batteries électriques pour chantiers de construction. « Il s’agit de calculer les besoins de pointe en termes de consommation électrique au moment où la charge demandée est importante, de remplacer les générateurs traditionnels à moteurs thermiques par des batteries électriques intelligentes », conclut Pierre Mottet. L’appel à candidatures SE’nSE 2022 est ouvert jusqu’au 8 juin.

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