Le lait d’ânesse, l’or blanc aussi à boire

La légende raconte que Cléopâtre se prélassait quotidiennement dans des bains de lait d’ânesse pour entretenir la beauté et la jeunesse de sa peau. Depuis l’Antiquité, et aujourd’hui encore, ce lait s’est forgé une réputation dans le monde de la cosmétologie. En crème ou en savon, d’aucuns le plébiscitent pour soulager les peaux les plus réactives, quand d’autres y voient un remède miracle contre l’eczéma ou le psoriasis. [scald=29117996:sdl_editor_representation] Beaucoup, en revanche, oublient que le lait d’ânesse peut aussi se boire. Dans la commune de Vaux-sur-Sûre, en province de Luxembourg, Pascal Delperdange est le seul producteur en Belgique qui le propose à la consommation. Son exploitation est labellisée bio depuis le mois de janvier. La traite, elle, a débuté, cette année, il y a un peu plus d’une semaine. « Nos ânons ont vu le jour début avril », explique Pascal Delperdange. « Et on ne débute la traite d’une ânesse que lorsque son ânon est capable de manger d’autres aliments. La totalité du lait est donc entièrement réservée à son petit pendant au moins un mois. » Traire à la main Une fois ce délai observé, Pascal peut alors commencer la traite. Elle est effectuée exclusivement à la main, car l’ânesse libère difficilement son lait. « Elle a besoin d’un geste habituel et d’être en confiance », confie l’éleveur. « En pleine saison, je trais une quinzaine d’ânesses sur mon cheptel de 40 bêtes. Cela me prend environ deux heures et demie chaque matin. » [scald=29117997:sdl_editor_representation] La production de lait d’ânesse repose sur un équilibre ; pas de lait si l’on sépare le petit de sa mère. 24 heures de séparation suffisent à stopper nette la lactation. « Il faut partager le lait avec les ânons », précise encore Pascal. « La journée, ils restent avec leur mère, mais le soir, je les sépare en plaçant les jeunes dans un box. Le lendemain matin, j’effectue la traite avant de libérer les ânons pour qu’ils retrouvent leur mère. » L’ânesse peut produire deux à trois litres de lait par jour. Seul un litre à un litre et demi est prélevé par l’éleveur de manière à ne pas priver les petits. Une fois récolté, le lait est filtré puis congelé ; il ne se conserve que 24 heures. 3.000 litres de lait d’ânesse sont produits chaque année au sein de l’asinerie de Pascal. La grande majorité de la production est dédiée aux cosmétiques, mais 30 % sont réservés au lait à boire. Les consommateurs, eux, viennent de loin, parfois même d’Allemagne. Le plus proche du lait maternel Plus répandu en France, ce lait au goût légèrement sucré gagne en notoriété ces dernières années en raison de ses similitudes avec un autre lait. « Riche en vitamines et en minéraux, le lait d’ânesse est celui qui se rapproche le plus du lait maternel », affirme Pascal. « Il constitue une bonne alternative pour les enfants qui sont allergiques au lait de vache. » Nicolas Guggenbühl, diététicien-nutritionniste, apporte, lui, une nuance : « Ce type de lait peut être une bonne alternative pour les enfants allergiques au lait de vache, mais ce n’est pas une règle générale. On estime que cela fonctionne pour un à deux enfants sur trois. Et puis, surtout, cela peut solutionner une allergie aux protéines de lait de vache, mais pas une intolérance au lactose. » [scald=29117998:sdl_editor_representation] Certains attribuent également au lait d’ânesse d’autres propriétés comme celles de purger le foie, renforcer les défenses immunitaires ou favoriser le transit intestinal. Aucune étude scientifique n’en a cependant démontré effectivement les bénéfices santé. Reste enfin la question du prix de ce lait vendu à prix d’or. « Tout ce qui est rare est cher », nous dit le sophisme. Cette année, le lait d’ânesse affiche un tarif de 55 euros le litre contre 70 euros chez nos voisins français. Pas question donc d’étancher sa soif avec cet or blanc.

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