Nouveau gouvernement français: Emmanuel Macron resserre les boulons politiques

Il aura fallu près d’un mois, après le deuxième tour de la présidentielle, pour composer la nouvelle équipe ministérielle censée incarner l’élan du second et dernier quinquennat d’Emmanuel Macron. Mais tout ça pour ça ? Après la désignation d’Elisabeth Borne comme Première ministre lundi, le big bang n’est pas au rendez-vous du casting gouvernemental. [scald=29121452:sdl_editor_representation] L’arrivée de l’historien Pap Ndiaye à l’Education nationale, seule énorme surprise, apporte une touche détonnante à un choix qui relève plutôt de la continuité et de l’absence de prise de risques. La plupart des piliers du gouvernement précédent restent en poste : Bruno Le Maire conserve l’Economie et les Finances, Gérald Darmanin, l’Intérieur et même Eric Dupond-Moretti, pourtant annoncé partant (il est mis en examen pour prise illégale d’intérêts et est en délicatesse avec les magistrats), reste en place au ministère de la Justice. Changement tout de même à un poste essentiel : Catherine Colonna succède à Jean-Yves Le Drian au ministère des Affaires étrangères. Cette diplomate très expérimentée, qui avait déjà fait ses premiers pas politiques sous Jacques Chirac il y a vingt-cinq ans, sera armée pour prendre le quai d’Orsay en pleine guerre d’Ukraine. Chaises musicales Ancien ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, est promu à la Défense où il remplacera Florence Parly qui avait elle-même fait le choix de raccrocher les gants. Aux postes clés de la transition écologique et de la transition énergétique, deux priorités définies pour le nouveau quinquennat, ce sont deux femmes, identifiées comme des valeurs sûres par la macronie dans le précédent gouvernement, qui s’installent : Amélie de Montchalin et Agnès Panier-Runacher. Le jeune Gabriel Attal, ancien porte-parole du gouvernement Castex, est lui aussi promu : il hérite du Budget. C’est Olivia Grégoire qui deviendra la « voix » du nouveau gouvernement, et cela va sans doute secouer. « Je suis un Jack Russel et un bulldozer », a un jour lancé en guise d’autoportrait celle qui faisait déjà elle aussi partie de la précédente équipe. Clément Beaune conserve les Affaires européennes. A ce jeu de chaises musicales, certains restent mais sont rétrogradés : c’est le cas d’Olivier Véran, l’ancien ambitieux (trop ?) ministre de la Santé, qui gérera les relations avec le Parlement. Il est remplacé à la Santé par une personnalité de gauche, Brigitte Bourguignon. Ce n’est pas le seul ministère social qui revient d’ailleurs à ce camp : Olivier Dussopt, ancien socialiste, monte en grade au délicat ministère du Travail. Fidèle à son obsession de séduire la gauche mais « en même temps » la droite, Emmanuel Macron n’en poursuit pas moins le siphonnage en règle du camp conservateur. Il arrache une prise de guerre à la droite LR avec Damien Abad, qui dirigeait jusqu’alors le premier groupe de députés d’opposition à l’Assemblée nationale. Haro sur le « wokiste » La société civile, si prisée en 2017 quand Emmanuel Macron prétendait incarner la « disruption », n’est pratiquement plus au rendez-vous. Parmi les rares personnalités qui ne sont pas des « pros » de la politique, Pap Ndiaye est la figure la plus surprenante. L’historien, spécialiste des questions sociales et des Etats-Unis, dirigeait jusqu’ici le musée de l’histoire de l’immigration. Il rejoint l’Education nationale, dont Jean-Michel Blanquer, un temps au firmament de la macronie, est congédié. C’est peu dire que Pap Ndiaye incarne à ce poste un changement radical. A cent lieues de la dénonciation du wokisme dont son prédécesseur avait fait son combat, il considère qu’un « racisme structurel » sévit en France. A peine sa nomination connue, la polémique battait déjà son plein. Autre surprise, la promotion à la Culture de Rima Abdul-Malak, qui évince Roselyne Bachelot. Cette dernière, qui était censée mettre sa notoriété au service du précédent gouvernement, ne s’y était guère illustrée. La franco-libanaise occupait jusqu’ici le poste de conseillère culturelle à l’Elysée. Le premier conseil des ministres de cette nouvelle équipe se tiendra lundi. A trois semaines du premier tour des élections législatives, elle est censée galvaniser les troupes pour gagner une large majorité dans la future Assemblée nationale. Mais la nouvelle cheffe du gouvernement Elisaeth Borne, invitée du Vingt heures de TF1 vendredi soir, n’y a pas brillé, lisant laborieusement ses fiches. L’opposition ne lui fera évidemment aucun cadeau. A l’annonce du casting, les critiques se sont déjà déchaînées. « On retrouve les principales figures de la maltraitance sociale et de l’irresponsabilité écologique du précédent gouvernement. Ce sera le pire, c’est-à-dire la continuité », a cinglé l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui prétend renvoyer ce gouvernement dans les cordes d’ici un mois en gagnant ses galons de Premier ministre de cohabitation. Marine Le Pen n’est pas en reste. « Tous ceux qui ont lourdement échoué sont reconduits. Quel mépris envers les Français ! », a tweeté l’ancienne candidate du Rassemblement national à la présidentielle, étrillant le nouveau ministre de l’Education Pap Ndiaye. « Un indigéniste assumé à l’Education nationale, c’est la dernière pierre de la déconstruction de notre pays ! », a fustigé la députée d’extrême droite. La campagne s’annonce courte mais musclée… [scald=29121451:sdl_editor_representation] [scald=29121663:sdl_editor_representation] [scald=29121677:sdl_editor_representation] [scald=29121683:sdl_editor_representation]

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