Hannes Delcroix: «Anderlecht ne va pas pouvoir attendre encore dix ans…»

Hannes Delcroix (23 ans), c’est le défenseur gaucher du présent à Anderlecht et peut-être du futur chez les Diables rouges. Blessé durant 14 mois, l’international belge né sous le nom de Piterson Désir à Petite-Rivière-de-l’Artibonite en Haïti, ne veut toutefois pas brûler les étapes. Sauf surprise, c’est au RSCA, où son contrat court jusqu’en juin 2024, qu’il entend recouvrer toutes ses sensations la saison prochaine. Vous n’êtes pas dans la sélection de Roberto Martinez pour les rencontres du mois de juin. Comment avez-vous accueilli cette mauvaise nouvelle ? Nous avions entraînement, mercredi midi, lorsque la sélection a été révélée. J’ai donc pris connaissance de l’info via ma famille qui m’a envoyé un message. J’espérais forcément faire partie du groupe mais je dois être réaliste. Je suis resté sans jouer durant une saison. La déception n’est donc pas énorme non plus. Le sélectionneur a précisé qu’à l’instar de Jérémy Doku, il ne vous oubliait pas… C’est agréable d’entendre qu’il compte sur moi. Désormais, c’est à moi de poursuivre sur ma lancée à Anderlecht et d’y retrouver le rythme des matches. Je sais que la préparation estivale et le début de la saison prochaine seront très importants. Je pense forcément au Mondial l’hiver prochain et je suis conscient que la défense des Diables est en train de se renouveler peu à peu mais je dois faire les choses dans l’ordre. Au total, entre mars 2021 et avril dernier, vous aurez été indisponible durant 14 mois en raison de deux opérations au genou et d’une rechute au niveau des adducteurs. Où en êtes-vous, physiquement ? Je touche du bois, ça va plutôt bien. Au début, j’avais un peu d’appréhension lorsque j’ai repris, mais j’ose à nouveau m’engager dans les duels comme avant. Je suis quelqu’un d’assez athlétique et souple. Je pense que c’est essentiellement la poisse qui explique mes blessures à chaque genou en aussi peu de temps. Quel est votre secret pour revenir systématiquement dans le coup comme si vous n’aviez jamais été blessé ? Mentalement, ça n’a pas toujours été facile. Je n’avais jamais connu de grosse blessure. Ma famille et mes amis m’ont soutenu, et je me suis focalisé sur ma rééducation sans faire des plans sur le long terme. Et sans me mettre de pression inutile. Vous ne semblez pas connaître le stress. Même lors de votre seule montée au jeu avec les Diables rouges, le 11 novembre 2020 contre la Suisse… La pression que je ressens n’est jamais négative. C’est surtout de l’adrénaline. Et, dès que je suis sur le terrain, j’oublie tout, que ce soit le public, le bruit, les chants… Chez les jeunes, vous aviez la réputation d’être parfois un peu nonchalant et jamais à l’abri d’un moment d’absence… C’est ma manière de jouer et mon style qui donnent cette impression. Croyez-moi, je suis toujours concentré à 100 %. Mais quand les gens ont une idée, c’est difficile de les faire changer d’avis. C’est la même chose pour Zirkzee. L’habit ne fait pas le moine. Vous êtes le meilleur relanceur dans la défense centrale actuelle… Il y en a d’autres (NDLR : Hoedt privilégie les transversales et Debast a été blessé ces derniers mois). Je m’efforce toujours de jouer proprement, comme je le fais depuis que je suis petit, mais je ne me sens pas investi d’une mission particulière. Jouer avec un autre gaucher dans l’axe de la défense, cela n’a pas dû vous arriver souvent… C’est même la première fois de ma vie ! C’est très rare. Mais, pour moi, c’est très intéressant de jouer du côté droit du duo, avec Hoedt à ma gauche. Il m’a fallu un petit temps d’adaptation car j’ai toujours évolué à gauche chez les jeunes mais, désormais, j’ai réussi à trouver les bons automatismes pour ne pas être pénalisé lorsque je me retrouve sur mon mauvais pied. Comment aborderez-vous le Topper qui sera disputé pour du beurre, dimanche, à Bruges, face à des Blauw en Zwart à peine rentrés de leur fiesta à Ibiza ? Même si tous les verdicts sont tombés, on va tout faire pour gagner à Bruges. Nous nous sommes entraînés aussi sérieusement que toutes les autres semaines. On veut remporter le plus de points possible. Cela ne s’est pas vu contre l’Union… Nous n’avons pas été aussi mauvais qu’on veut bien le dire contre l’USG. Par contre, nous avons eu cinq minutes d’absence qui nous ont coûté cher au début de chaque mi-temps. Un souci de concentration, manifestement. Nous avons réagi, mais il était trop tard. Quel est votre bilan de la saison ? L’objectif est atteint puisque nous avons fait mieux que la saison passée avec souvent du beau football alors que ça ne coulait pas de source. Mais nous avons aussi le sentiment qu’il y avait moyen de faire encore mieux, en remportant la Coupe ou en battant l’Union. Que vous manque-t-il pour pouvoir lutter pour le titre la saison prochaine ? Le plus important sera de garder le même groupe car débuter chaque saison avec une nouvelle équipe coûte de l’énergie, du temps et forcément des points. Cette saison, nous avons dû intégrer pas moins de huit nouveaux joueurs dans l’équipe. C’est énorme. Garder le groupe pratiquement intact pour la saison prochaine s’annonce extrêmement compliqué… Je croise les doigts. C’est un sujet dont nous parlons forcément dans le vestiaire car ça nous concerne tous. Serez-vous toujours au parc Astrid l’été prochain ? On ne peut jamais affirmer des choses pareilles mais c’est bien mon intention. Vous n’avez pas toujours été un incontournable à Anderlecht. Durant l’été 2020, vous aviez même failli quitter définitivement le parc Astrid… Une carrière tient à peu de choses et est aléatoire. Le prêt à Waalwijk m’avait fait énormément de bien durant la saison 2019-2020. Quand je suis revenu à Anderlecht, j’ai senti que je n’aurais, de nouveau, sans doute pas beaucoup de chance de jouer. Et puis, les circonstances (NDLR : Elias Cobbaut s’est notamment blessé fin août) en ont décidé autrement. Je suis resté, avec des doutes mais avec une patience récompensée quand je suis devenu titulaire à partir d’octobre. J’ai pu convaincre Vincent Kompany et je ne suis plus sorti de l’équipe… sauf pour les blessures. Avec Zeno Debast et Wesley Hoedt, vous serez à trois pour deux places dans l’axe, la saison prochaine. Le Sporting voit même en vous et en Debast le duo d’avenir… Cette confiance du club fait beaucoup de bien mais nous avons encore tout à prouver. Comme mon ami Yari, j’aimerais bien sûr remporter un trophée avec Anderlecht avant, un jour, de partir sous d’autres cieux. Mais il va falloir tout donner. Car on ne va évidemment pas pouvoir encore attendre dix ans…

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