Reine Elisabeth: moment de grâce

Concerti Mme Anouchka Hack (Allemande, 26 ans) Lorsqu’elle entre sur scène ce vendredi après-midi, Anouchka Hack a cet entrain naturel et ce grand sourire réjouissants. Un peu nerveuse peut-être au départ et parfois imprécise dans l’« Allegro moderato » de son Concerto n. 2 en ré majeur de Joseph Haydn, elle y déploie ensuite une gaîté et des nuances assez subtiles, qui guident vers un « Adagio » d’une belle douceur. Une musicienne pour qui on éprouve une vraie sympathie, qu’on prend plaisir à voir jouer. Même si on aurait aimé la voir se libérer plus encore lors de cette prestation. [scald=29121496:sdl_editor_representation] Mme Min Ji Kim (Coréenne, 27 ans) L’approche de la Coréenne Min Ji Kim est assez différente, le jeu nerveux et les intentions (très) affirmées. L’« Allegro moderato » de son Concerto n. 2 en ré majeur de Joseph Haydn est ainsi assez fonceur et manque peut-être un peu de légèreté. L’« Adagio » est plus ressenti, mais les coups d’archet toujours un peu secs. Avant un « Allegro » très précis, avec un langage décidé. Le tout ponctué par des cadences assez démonstratives. Un jeu franc et une vraie personnalité musicale, qui convainc plus certaines fois que d’autres. Récitals Mr Marcel Johannes Kits (Estonien, 27 ans) Dynamique, investi, le jeu de Marcel Johannes Kits a un côté très direct et même « peps ». Si on a parfois l’impression d’une approche un peu semblable dans différents répertoires, il est aussi capable de moments de musique étonnants. Pour démarrer son récital, l’Adagio et Allegro de Schumann. Il y est d’abord dans le ressenti, installant un très beau dialogue avec Naoko Sonoda, la pianiste qui l’accompagne. Puis est ensuite plus emmené, avec un son un peu sec mais de belles intentions. Un jeu qui convient en fait assez bien à l’imposé, Wie aus der Ferne de Daan Janssens, qu’il parcourt d’un geste décidé. Dans sa Sonate pour violoncelle de Poulenc, le jeu est au départ volcanique, manquant un peu de nuances, mais trouve assez vite une vraie délicatesse et une capacité à déployer les émotions. Avec toujours le même dynamisme. Son Scherzo de Klengel est agile. Une personnalité qui s’appuie moins sur la douceur que sur l’affirmation de soi. Mais qui le fait avec style. [scald=29121497:sdl_editor_representation] Mr Jeremias Fliedl (Autrichien, 22 ans) Dès le départ de son récital, avec l’imposé, Jeremias Fliedl pose des intentions claires de manière assez remarquable. Le son est puissant, la place du violoncelle affirmée face à la force du piano de Victor Santiago Asuncion. Ensemble, ils rendent la partition intelligible et assez captivante. Chez Schubert, dans la superbe Sonate Arpeggione, il fait preuve d’une vraie intelligence musicale. Avec maîtrise et affirmation. Petit à petit, il trouve l’émotion dans l’« Allegro moderato », puis une grande délicatesse dans l’« Adagio ». Le son du candidat autrichien n’est pas le plus « généreux ». Mais sa vision des partitions qu’il interprète l’est totalement, si bien qu’on oublie ce son qui nous avait parfois un peu chagrinée lors de ses précédents passages. Son interprétation est captivante, et son « Allegretto » explosif, vécu, beau à voir et à entendre. [scald=29121498:sdl_editor_representation] Des qualités que l’on retrouve dans le Kol Nidrei de Max Bruch, dont il livre une lecture intense. Très suspendue aussi, jusqu’à la dernière note (comme s’il avait besoin de prendre le temps de sortir de sa partition avant de saluer). Pour conclure, la montée en puissance du Scherzo – Tarantelle de Henryk Wieniawski (arr. Heinrich Schiff). Un vrai moment de musique et un musicien complet.

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