David Goffin avant Roland-Garros: «J’ai évité les gros morceaux, on va essayer d’en profiter»

David Goffin et Rafael Nadal se sont à nouveau croisés, mais cette fois entre les salles d’interview de Roland-Garros, ce vendredi. Pour le Liégeois (48e mondial), son dernier duel à Madrid contre le Majorquin (4 balles de match, pour rappel) constitue la référence sur laquelle il doit bâtir le reste de sa saison, et surtout tourner la page de deux années de galères, entre blessures et questionnements, qui l’ont vu douter de tout, et certainement de ses capacités en Grand Chelem, avec ce terrible bilan de 5 éliminations au premier tour et un forfait. Ça va faire trois ans (!) que David Goffin n’a plus gagné un match dans ce tournoi de Roland-Garros où il s’était révélé, voici 10 ans, avec sa gueule d’ange, face à son dieu, Roger Federer… « Nouvelles attentes » « Je me souviens encore très bien de ce moment-là », sourit le nº1 belge qu’on sent très affûté. « En 10 ans, le site a bien changé ! Mais dès qu’on y revient, on se remémore ces émotions-là. Ça a été un moment-clé dans ma carrière. Il y a eu une sorte de déclic, une sorte de révélation pour moi, dans la cour des grands. Ça m’a permis de rentrer dans le top-100, à l’époque, et de décrocher mon ticket pour les J.O. de Londres, juste derrière ! Sans oublier que j’ai pu affronter Federer pour la première fois. En une semaine, il y a tout eu ! » De grandes émotions qui cadrent mal avec le dernier bilan (0 victoire) du Liégeois sur les six derniers Grands Chelems… [scald=29122002:sdl_editor_representation] « C’est le genre de stat qui travaille dans la tête. Je n’étais pas bien cette dernière année et demie, et quand on n’est pas bien, c’est très dur de gagner des matches en Grand Chelem, c’est très compliqué. J’en ai perdu avec balles de match, notamment en Australie… Parfois, on se dit que ça coule tout seul, car on est bien dans la tête, et on gagne des duels assez facilement. Et puis, quand on est un peu moins bien, il y a ces petits détails en moins en votre faveur, et on se dit que c’est limite impossible de gagner un match ! Parfois, la frontière entre les deux sensations est très fine… Mais voilà, maintenant, je me sens bien et j’espère pouvoir renouer avec le succès, ici, cette année. » Après les deux talents italiens affrontés en 2020 et 2021 (Sinner et Musetti), le sort a été plus clément, cette année, avec le Belge qui défiera le Tchèque Lehecka (77e) au premier tour, avec même un tableau assez ouvert pour la suite. De quoi relancer la spirale positive dans ce Roland-Garros où Goffin compte tout de même un quart de finale (2016), deux huitièmes (2012 et 2018) et trois 3es tours (2015, 2017, 2019). « J’ai évité les gros morceaux, on va essayer d’en profiter ! En n’étant plus tête de série, j’aurais pu directement tomber sur Nadal ou Djokovic… Donc là, voilà ça joue, c’est ouvert, on verra bien ce que ça peut donner. Lehecka, je l’ai joué le mois dernier à Monte-Carlo. Ça s’était bien passé (NDLR : 6-4, 6-3). J’arrivais en confiance après ma victoire au tournoi de Marrakech. Donc là, j’ai peut-être déjà un petit ascendant psychologique. Mais bon, ça reste un premier tour de Grand Chelem, avec des différences en termes de pression et de motivation. Il joue très bien, il peut évoluer à un très haut niveau, avec de très grosses frappes. Donc, il faudra essayer de le contrer, et jouer intelligemment, comme j’ai su le faire à Monaco. Oui, j’ai de nouvelles attentes pour ce tournoi, tout en restant réaliste. C’est dangereux de se mettre trop de pression, une chose à la fois. » « Déclic en Coupe Davis » La bonne nouvelle, c’est que le dos bloqué, à Rome, n’est plus qu’un mauvais souvenir. « Je vais bien, très bien même », sourit encore Goffin. « J’ai recommencé à jouer lundi et je n’ai plus de douleur, donc tout s’est bien remis en place. Je suis arrivé ici, mercredi, et j’ai pu m’entraîner avec Zverev, puis Rublev. Plus rien à signaler, physiquement, tout va bien ! En ce moment, les sensations générales sont bonnes. Content de revenir, ici à Roland-Garros. Un tournoi que j’aime bien, évidemment. J’ai retrouvé les courts avec plaisir, je sentais bien la balle et les entraînements étaient bons. Donc, jusqu’à présent rien que du positif. » Et l’autre point positif, c’est évidemment le retour du public à Auteuil. Les fans belges sont à nouveau attendus… « C’est toujours très spécial, ici, pour nous les Belges. C’est le Grand Chelem que tout le monde suit au pays. Limite, certains cadrent toute leur année tennistique sur ce tournoi ! Donc voilà, c’est un moment important pour tout le monde. Et comme chaque année, j’ai de nouveaux amis quand Roland-Garros arrive ! J’ai reçu énormément de messages et une demande de tickets impressionnante (il rit) ! » Ce n’est pas qu’une image, on sent le Liégeois enfin libéré. « Oui, je suis plus heureux, aujourd’hui. Quand déjà on peut jouer sans douleur, quand on bouge bien, qu’on peut aligner quelques succès, sans devoir penser à la blessure éventuelle, tout de suite, ça va beaucoup mieux, et ça peut aller très vite dans le positif. Le déclic s’est produit en Coupe Davis (NDLR : succès en Finlande), je commençais vraiment à reprendre le dessus, après avoir vécu une tournée australienne difficile où j’étais très préoccupé par mon genou. Je me demandais si ça allait un jour me laisser tranquille ! Maintenant, tout tourne enfin dans le bon sens. » La preuve, avec ce fameux match référence contre Nadal, voici 15 jours à Madrid. « J’en retiens beaucoup de positif car ce n’est pas passé loin, à un point près… J’aurais évidemment préféré gagner car ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de battre Nadal sur terre battue. Ç’aurait été un beau trophée ! Peut-être une prochaine fois… » Goffin-Nadal, ça nous rappelle aussi un très bon duel en 2019 (il était le seul joueur avec Dominic Thiem à avoir pris un set à l’ogre de l’ocre), ici, à Roland-Garros où il a, à peu près, tout vécu (remember l’accident dans la bâche). « Oui, et ce n’est pas fini ! J’espère encore pouvoir vivre de belles émotions, en espérant qu’elles soient surtout bonnes ! »

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