Audrey Dana à propos de «Hommes au bord de la crise de nerfs»: «Rappelons aux types bien qu’on les aime»

C’est d’abord sur les planches parisiennes que la comédienne Audrey Dana s’exprime avant d’être repérée par Claude Lelouch qui l’engage pour Roman de gare en 2007, ce qui lui vaut une nomination au César du meilleur espoir et le prix Romy Schneider. Les portes du cinéma s’ouvrent. Elle touche à tous les genres comme actrice. Parallèlement, elle se lance dans la réalisation. Après Sous les jupes des filles et Si j’étais un homme, elle réalise Hommes au bord de la crise de nerfs. Que devez-vous à Claude Lelouch ? C’est lui qui me donne mon premier rôle au cinéma. Tout ce qui découle après, c’est lui. Moi comme réalisatrice, c’est lui aussi. Au bout de deux semaines de tournage sur son film, il me dit que je vais très vite m’ennuyer comme actrice et que je devrais passer à la réalisation. Je ne vois pas de quoi il parle. Mais il a vu avant moi. Enfin, ma manière de travailler ressemble beaucoup à celle de Claude. Quelle est votre manière de travailler ? Le scénario est un prétexte à réunir des acteurs. Ensuite, ce que j’attends, c’est la magie de ce qui va se passer entre eux et leurs propositions. Comme dit Claude, on fait la figure imposée et ensuite, on fait une figure libre. Ce qui te garantit d’avoir ton film mais te donne la possibilité d’en avoir un autre. Les acteurs s’éclatent à ça car c’est comme si on se jetait dans le vide. Au début, Thierry Lhermitte ne voulait pas improviser, trouvant le film bien écrit. Et c’est celui qui a le plus improvisé. Car il s’est retrouvé stimulé par les autres. C’est Claude qui m’a appris à m’amuser ainsi avec les acteurs. Vous mettez en scène sept hommes au bord de la crise de nerfs. On parle souvent du mystère féminin. Existe-t-il un mystère masculin ? Enorme ! D’autant que les hommes parlent moins que les femmes. J’ai eu envie de montrer ses hommes n’ayant pas d’autre choix que de révéler ce qu’ils sont. Je suis une grande amoureuse des hommes. Et j’ai la sensation de les comprendre dans leur complexité et de les aimer. J’ai eu envie de poser un regard tendre féminin sur des types bien. Sur ces hommes qui ne sont pas des salauds, des gros porcs, des violeurs, des harceleurs, des abuseurs. Merci à toutes les femmes qui parlent pour mettre la lumière sur ces types mais rappelons aux autres qu’on les aime avec leurs fragilités, leurs peurs, leurs pudeurs. Avez-vous écrit en pensant à l’un ou l’autre acteur ? Non. Pour la première fois, j’avais envie d’écrire pour des personnages. Le contraire de Sous les jupes des filles. Peut-on dire que votre film est militant car vous y défendez un retour à la nature et on y dit « se prendre dans les bras, c’est bon pour la santé » ? J’ai écrit ce film en 2017, je l’ai tourné en 2019, donc avant la pandémie. Mais je parle de mecs à bout de souffle, d’une nature à bout de souffle. Car ce qu’on vit, c’est n’importe quoi. Mon personnage principal crie : « Il est urgent de ralentir. » Et voilà qu’avec le covid, on a tout ralenti ! Je crois au contact physique et je ne l’ai jamais cessé pendant toute la crise sanitaire sinon je serais morte. Je suis une écolo engagée depuis longtemps. On a vu plein de gens retourner vers la campagne. Merci mon Dieu. Moi, je crois à l’humain, à la terre mère, à la force de la nature. Je pense que ce virus a remis certaines choses à l’endroit.

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