Un David Goffin jubilatoire à Roland-Garros: «C’est énorme!»

Le tennis belge revit à Roland-Garros ! Deux de nos compatriotes qualifiés pour les seizièmes de finale, avec en plus, chacun, une bonne carte à jouer, c’était, on l’avoue, un peu inespéré. On rappelle qu’Elise Mertens était encore incertaine (quadriceps) dix jours avant le tournoi (lire par ailleurs) et on sait, aussi, d’où revient David Goffin (48e mondial). De loin, de très loin… Sans une invitation divine reçue à Monte-Carlo début avril (il aurait dû disputer les qualifs autrement), pour lancer sa saison sur terre battue, le Liégeois qui était retombé au-delà de la 70e place mondiale pouvait craindre pour sa place dans le top-100. Ni plus, ni moins ! [scald=29137329:sdl_editor_representation] Mais 18 matches sur brique plus loin, et surtout avec désormais 14 victoires en poche (!), revoici le nº1 belge, tel qu’on l’aime : accrocheur dans l’adversité, concentré sur son tennis, et surtout, flamboyant au moment de porter l’estocade. Pourtant, il a d’emblée été secoué par la tornade Tiafoe (27e mondial). Durant la première manche, le puncheur américain a saoulé de frappes lourdes (surtout au service et en coup droit) le poids plume de Liège (3-6). Mais Goffin a su se remobiliser, pour, tel un judoka, en fait, inverser la tendance, et étouffer son adversaire par sa maîtrise tennistique. Et c’est là qu’on retrouve le joueur capable de faire le gros dos et d’avoir, ensuite, la force physique et mentale de renverser la vapeur. La 2e manche fut capitale. Goffin s’envola rapidement à 3-0, puis à 5-2, avant de voir Tiafoe lâcher les chevaux, à nouveau, pour s’offrir un tie-break presque miraculeux (deux balles de set déjà sauvées), mais ô combien dangereux. Le nº1 belge ne pouvait pas perdre ce set ! Il se montrait impérial (7-1) et il venait surtout assommer le pitbull de Hyattsville qui ne se relèvera plus : 3-6, 7-6, 6-2, 6-4 en 2h48. Du très, très bon Goffin Et on pourrait même dire qu’on le redécouvre, dans ce Roland-Garros, où il restait sur deux années de frustrations. On l’a vu serrer le poing, à 3-0 dans ce fameux deuxième set, et même haranguer la foule, juste avant le tie-break, réclamant ainsi le soutien du nombreux public belge, enfin à sa place sur le magnifique court Simonne-Mathieu. « C’est venu naturellement », expliqua, avec un grand sourire, le vainqueur du jour. « Ce 3-0 dans la 2e manche m’a fait du bien et je suis allé chercher les supporters. J’ai utilisé ce soutien pour me relancer et continuer à bien jouer. Les quatre sets ont été durs, mais c’est super de pouvoir évoluer devant un public comme ça. C’est énorme ! » Les bras longuement écartés et la tête dans le vent de la victoire, David Goffin a embrassé la standing ovation qui suivit la balle de match. Les « David, David, David » étaient autant de bulles d’oxygène dont il a trop longtemps été privé durant ces deux dernières saisons de galères. « Après avoir vécu tout ça, on en profite autrement », avouait-il encore avec une mine qui fait plaisir à voir. « Je suis super fier de mon match, en plus dans cette ambiance de feu ! Au premier set, je subissais un peu trop. J’étais sous pression avec son service, son gros coup droit et un revers très à plat. C’était compliqué. Mais j’ai su m’adapter et jouer mieux tactiquement. Mon service m’a bien aidé (NDLR : 8 aces) et au fil du match, j’étais mieux dans les échanges, et lui, a fini par être fatigué et par craquer ! » Samedi, le nº1 belge tentera de décrocher une place en huitième de finale, comme voici dix ans, quand il s’était révélé sur le circuit contre son « idole » Roger Federer. « Beaucoup de choses ont changé depuis, à commencer par le corps, si vous regardez les images », rigole-t-il. [scald=29137330:sdl_editor_representation] Pour y parvenir, il devra à nouveau contrer un énorme serveur, en la personne de Hubert Hurkacz, 1,96 m et 13e mondial ! Un Polonais que Goffin vient de battre voici 15 jours à Rome. « Mais c’était chaud, dur et très serré, un double 7-6 ! Hubi est un des joueurs les plus sympas du circuit. On s’entraîne souvent ensemble à Monaco, et pour un grand, il bouge très bien sur terre battue. Ce sera un autre défi en Grand Chelem, un match différent, une autre atmosphère, d’autres balles… Ça s’annonce très dur, mais j’aurai certainement une chance. » Et après l’euphorie du moment, le Belge terminait encore avec une analyse très réaliste. « C’était un match solide et sérieux, mais pas mon meilleur match. Je peux encore mieux jouer, mais disons que je rejoue un très bon tennis depuis quelques semaines. Je continue à enchaîner les victoires, j’en ai pas mal désormais. Je poursuis sur ma lancée et je continue d’avancer… » On pourrait conclure que le meilleur est encore à venir, et c’est d’autant plus réjouissant !

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