Peste porcine en Allemagne: vigilance sans inquiétude chez nous

Le virus de la peste porcine africaine, éradiqué chez nous après deux ans de présence en Gaume depuis septembre 2018, a refait voici quelques jours son apparition dans la partie occidentale de l’Allemagne, effectuant une percée d’environ 600 km puisque le virus se cantonnait jusque-là dans la partie Est du pays, comme dans une douzaine d’autres pays de l’Union européenne d’ailleurs. Un foyer de peste porcine africaine (PPA) a donc été confirmé le 25 mai en Allemagne dans un élevage porcin situé à Forchheim, dans le Bade-Würtemberg, une commune située à 6 km de la frontière française de l’autre côté du Rhin et à une quarantaine de kilomètres de Colmar. Cette maladie virale, non transmissible et sans danger pour l’homme, est mortelle pour les suidés (porcs et sangliers). Afin de protéger son territoire, le ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a d’emblée annoncé le renforcement de la surveillance sanitaire sur la faune sauvage et a appelé au strict respect des mesures de biosécurité par les professionnels de la filière porcine, les acteurs des territoires et les voyageurs. Une filière qui est en crise complète depuis que l’Allemagne, premier producteur porcin européen, a été privé d’exportation à grande échelle, inondant ainsi le marché communautaire alors que la flambée des prix de l’énergie et des aliments portait un second coup dur à ce secteur de l’agroalimentaire qui fonctionne à perte depuis quelques mois. [scald=29147442:sdl_editor_representation] L’enlèvement des clôtures en suspens si… Côté belge, il n’y a pas de danger immédiat mais la vigilance reste de mise. « Nous attendons d’éventuelles informations qui viendraient de la Commission européenne qui chapeaute ce type d’épidémie comme ce fut le cas chez nous », commente Alain Licoppe, coordinateur de la Cellule Faune sauvage au Département de l’étude du milieu agricole et naturel du Service public de Wallonie (SPW). « Il faut d’abord s’assurer qu’il n’y a pas de cas dans la faune sauvage dans cette région allemande. Si c’est négatif, le foyer devrait rapidement être circonscrit. Si des sangliers sont touchés, c’est évidemment autre chose. Il faudra alors que nous réfléchissions au devenir de notre réseau de clôtures placées sur des dizaines de kilomètres dans le sud et centre-Luxembourg. » Si la Belgique est en effet redevenue indemne de PPA depuis novembre et décembre 2020, les clôtures restent un rempart qui, s’il n’est pas étanche, a tout de même prouvé son efficacité pour limiter l’expansion du virus. En théorie, la Région wallonne a étudié son enlèvement progressif qui pouvait démarrer le 1er avril. « Seuls quelques tronçons problématiques mais insignifiants en termes de longueur ont été enlevés par le SPW », note Alain Licoppe, qui estime « qu’il ne faut pas se précipiter à ce niveau, car la situation reste aléatoire à l’étranger et puis, il y aura un coût conséquent à supporter. Il y a évidemment des vues divergentes entre les épidémiologistes qui veulent jouer la prudence et les propriétaires des parcelles voisines de ces clôtures, qui aimeraient retrouver un espace libre. En clair, des marchés devraient être lancés pour enlèvement dans les 2-3 ans à venir, sauf s’il y a infection de la faune sauvage en Allemagne. Cela risquerait de remettre en question ce projet. » Même si on est à 250 km de la zone infectée, on ne sait pas comment cet élevage a été infecté à plus de 600 km des premiers autres foyers situés à l’est. L’enquête épidémiologique est en cours en Allemagne pour déterminer l’origine de la maladie. Mais cela risque d’être compliqué comme ce qui s’est passé en Gaume, puisqu’on ne connaît toujours pas l’origine de l’épidémie de fin 2018. Et sans doute que cela restera un mystère…

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