«Optima n’avait pas bonne réputation parmi les banques belges»

Le tribunal de commerce de Gand prononcera-t-il la faillite d’Optima, cette société de planification financière flamande entrée dans la banque en 2011 à la faveur du rachat d’Ethias Banque ? C’est le scénario évoqué au SPF Finances, mais contesté par Optima. Mercredi, la Banque nationale (BNB) annonçait pour rappel le retrait de la licence bancaire et le blocage des dépôts, avant que la FSMA, l’autorité de contrôle des marchés financiers, suspende ce jeudi l’inscription d’Optima en qualité de courtier d’assurances. [scald=1261981:sdl_editor_representation] « Le retrait de l’agrément est une sanction très forte », estime Georges Hübner, professeur en Finances à l’ULg. « Optima avait tenté de présenter cela comme le résultat d’une action volontaire mais il est clair qu’on se trouve en réalité face à la sanction ultime que puisse infliger un régulateur bancaire, dans le cadre de suspicions de fraudes. » Le scénario d’une faillite est désormais évoqué… Ce serait la conséquence directe de la sanction, la banque perdant ses capacités à poursuivre ses activités. Cette faillite ouvrirait par ailleurs l’accès pour les clients au Fonds de garantie pour les services financiers, et donnerait l’occasion de tester le mécanisme de protection mis en place à la suite de la crise financière. L’agrément qu’Optima souhaitait obtenir après le rachat d’Ethias Banque lui avait d’abord été refusé par la CBFA, superviseur de l’époque. Puis a été accordé par la BNB, en qualité de nouveau superviseur. La BNB n’a-t-elle pas fait preuve de légèreté ? Le business plan qui a été présenté à l’époque n’a pas été respecté, en partie en raison de l’environnement dans lequel Optima a été amenée à exercer ses activités bancaires, qui a évolué de manière négative. L’ajout de couches de supervision et de prélèvements supplémentaires combiné à l’évolution défavorable des taux d’intérêt a clairement pesé sur la possibilité de générer de la rentabilité. C’est dans ce contexte qu’Optima a initié les démarches pour se dégager de cette activité. La preuve est-elle apportée qu’on ne s’improvise pas banquier ? Il s’agit d’une activité hautement technique, évidemment très délicate à gérer dans la conjoncture actuelle… Pourquoi le dégagement des activités s’effectue-t-il dans une telle précipitation ? Il y a eu un dégonflement très important de la taille du bilan, qui aurait pu se poursuivre de manière normale, s’il n’y avait pas eu cette décision de la BNB de saisir la justice. Les conditions requises pour le maintien de la confiance du régulateur n’étaient apparemment plus réunies. Le Fonds de garantie sera activé. Mais il ne protège les dépôts qu’à hauteur de 100.000 euros par client. Certains clients d’Optima vont-ils perdre des billes ? C’est un risque réel, même si l’arrêt des activités n’est apparemment pas lié à un problème de solvabilité mais à une interdiction d’exercer. Les clients lésés pourraient intenter des actions en dommages et intérêts. Ceci étant, il faut constater qu’en l’état, tout déposant qui confie plus de 100.000 euros à sa banque n’est pas protégé au-delà de cette somme, en n’étant considéré que comme un créancier parmi d’autres : il n’est plus un déposant mais un financier de sa banque. Cela pose évidemment un certain nombre de questions. Les contribuables ne vont donc pas devoir passer une nouvelle fois à la caisse pour sauver une banque ? Le Fonds de garantie est alimenté par les banques, pas par les contribuables. Et il l’est suffisamment (à hauteur de 3 milliards, NDLR) pour couvrir les besoins (90 millions, NDLR) évoqués dans ce cas. Optima n’était pas une banque systémique, mais un acteur de très petite taille, qui n’avait du reste pas la meilleure réputation au sein du monde financier. L’image des banques belges ne va donc pas souffrir de ces événements ? Je suis d’autant plus confiant qu’Optima n’est aucunement représentative des banques belges, certaines de ces dernières s’étant déjà plaintes pour plusieurs raisons de concurrence déloyale. Je suis par contre plus inquiet pour les activités historiques d’Optima dans la planification financière : le dommage en termes de réputation risque d’être très délicat à surmonter.

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