L’énergie est aussi au cœur des préoccupations des entreprises: les dispositifs d’aide au sein de la Région wallonne
Grandes consommatrices d’énergie, les entreprises doivent évoluer vers plus d’efficacité dans ce domaine, pour réduire leur impact sur l’environnement mais aussi rester compétitives.

Comme les citoyens, les entreprises sont pleinement concernées aujourd’hui par la flambée des prix de l’énergie et par les objectifs européens en matière environnementale. En plus des contraintes légales, elles subissent aussi parfois des pressions de la part de la société, qui est désormais plus sensible aux questions environnementales et attend des entreprises qu’elles jouent un rôle dans la transition énergétique.
Mais surtout, l’efficacité énergétique et la baisse des consommations sont un véritable enjeu de compétitivité économique pour la plupart des entreprises, peu importe leur taille. « La réalité est que beaucoup d’entre elles cherchent à réduire leurs consommations énergétiques pour des raisons financières, car cela permet de produire la même qualité et les mêmes quantités mais en utilisant moins de ressources », précise Jean-Benoît Verbeke, administrateur de Pirotech, un bureau d’ingénieurs-conseils spécialisé dans l’efficacité énergétique des procédés industriels.
Ce dernier fait aussi partie des Facilitateurs Energie qui opèrent pour la Région wallonne auprès des entreprises. Ses missions : former et informer gratuitement les PME et PMI (petites et moyennes industries) dans le domaine des économies d’énergie. Cela passe par des conférences, des formations continues ou encore des visites sur le terrain. « Certaines entreprises nous contactent avec une problématique particulière et nous nous rendons sur place non pas pour réaliser un audit, mais pour analyser la situation et discuter avec les responsables », explique le Facilitateur. « On établit ensuite un rapport dans lequel on propose quelques solutions et/ou on renvoie vers des ressources et spécialistes. »
Agir sur les procédés et les bâtiments
Aujourd’hui, le fait de réduire son empreinte carbone est trop souvent associé au recours à des dispositifs renouvelables comme les panneaux solaires, l’éolien ou la biomasse. Mais dans certains domaines d’activité (notamment l’industrie), les consommations sont telles que l’énergie renouvelable ne suffit généralement pas et n’est pas toujours la meilleure solution. « Il peut y avoir un effet pervers, car quand le renouvelable n’est pas suffisant, il faut le compenser avec de l’énergie qui provient d’autres sources moins vertes », souligne Jean-Benoît Verbeke. « Cela ne veut pas dire que les entreprises doivent mettre de côté le renouvelable, mais celui-ci représente la cerise sur le gâteau. La priorité est plutôt de diminuer leurs consommations, car c’est à ce niveau que se situent les principales économies. »
Pour réduire leurs consommations d’énergie, les entreprises ont la possibilité d’agir sur leurs bâtiments, mais aussi sur leurs procédés de production. Dans les entreprises, le processus consomme souvent bien plus que le bâtiment. C’est donc sur lui qu’il faut travailler en priorité, car c’est généralement moins coûteux et plus rentable. « Ce n’est par contre pas sans risque, car si un boulanger essaie par exemple de modifier la température de son four ou le temps de cuisson de ses pains, sa production pourrait en être affectée », précise Jean-Benoît Verbeke.
Les bâtiments, quant à eux, réclament habituellement plus d’investissements pour devenir moins énergivores, car cette démarche nécessite idéalement une rénovation complète, et non juste de petites interventions. Or, comme une majorité de logements, le bâti des entreprises est plutôt ancien et peu efficace d’un point de vue énergétique.
Efforts communs
Comme le remarque Jean-Benoît Verbeke, les investissements consentis par les sociétés dépendent souvent de la situation financière de celles-ci, et beaucoup d’entreprises cherchent avant tout des gains rapides. Il existe cependant en Région wallonne toute une série d’aides et d’incitants pour les encourager à être plus ambitieuses en matière d’énergie et d’environnement : des primes énergie à l’isolation pour les personnes physiques, des subventions pour des audits et études énergétiques, des aides à l’investissement en matière d’énergie durable (efficacité énergétique des processus et énergies renouvelables), des déductions fiscales pour les investissements économiseurs d’énergie, des prêts subordonnés pour investissement durable, des certificats verts, etc.
Des entreprises de différents secteurs de l’industrie ont aussi conclu volontairement avec la Wallonie des « accords de branche » dans lesquels elles s’engagent à améliorer leur efficacité énergétique et à réduire leurs émissions de CO2 pour une échéance précise. En contrepartie, ces entreprises bénéficient de nombreux avantages financiers et administratifs.
Certes, le dispositif a un coût, mais son impact n’est pas négligeable puisqu’il assure la performance et donc la compétitivité de nombreuses entreprises qui représentent environ 90 % de la consommation énergétique du secteur industriel wallon. En 2019 (l’année 2021 n’est pas encore disponible et 2020, pas vraiment représentative, à cause du covid), la plupart de ces entreprises et leurs fédérations avaient par ailleurs déjà atteint ou dépassé leurs objectifs 2023 en matière d’amélioration de l’efficacité énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La transition énergétique et écologique est toutefois un travail de longue haleine. C’est pourquoi il est prévu de prolonger les accords de branche et de les étoffer avec de nouveaux objectifs de transition énergétique, davantage d’outils à disposition des entreprises et une approche plus large vers de nouveaux participants (ouverture au secteur tertiaire et à des collaborations géographiques).
L’urgence climatique, les contraintes législatives et la flambée des prix de l’énergie obligent en effet à poursuivre les efforts et à les accélérer…
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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir1 Commentaire
La "Transition Energétique" devrait être pensé de manière holistique ; c-à-d dans sa globalité. Actuellement nous assistons (localement et mondialement) à des positionnements protectionnistes où les objectifs des COP sont loin d'être suivi .