Remco Evenepoel: «Nous avons rempli notre mission»

Maître du temps jeudi à Gavere, pour emporter son premier titre national contre le chrono, Remco Evenepoel (22 ans) s’est mué en baroudeur magnifique dimanche, à Middelkerke. Sa puissance intrinsèque a bien failli précipiter la perte des sprinters, dans une finale haletante, échevelée. « J’espère que le championnat de Belgique retrouvera bien vite des parcours plus difficiles » : large sourire sur un visage d’une étonnante fraîcheur, Remco Evenepoel s’est satisfait d’une douche réparatrice pour effacer les quelques stigmates de déception. En découvrant la topographie du parcours, semblable à un électrocardiogramme désespérément plat, le Brabançon avait esquissé une moue de déception et s’était aussitôt projeté vers d’autres objectifs. Mais sa démonstration de force, maestria et puissance, jeudi lors du National contre-la-montre à Gavere, avait ravivé les espoirs de doublé parmi les nombreux supporters massés dans les rues de Middelkerke, T-shirt « REV 1703 » trempés de sueur houblonnée. Sans avoir l’air d’y toucher, en misant sur sa fantastique motricité, le Brabançon a animé la finale comme lui seul est capable de le faire. Le brin de folie téméraire qui le porte à l’offensive, de manière irrépressible, se double aujourd’hui d’une justesse tactique qui propulse Evenepoel dans une nouvelle dimension, encore plus proche de la sphère des leaders mondiaux. Agitateur de scénario À cinq kilomètres du but, sous une clameur couvrant les bruits d’hélico tournoyant au-dessus de Middelkerke, Remco est passé à l’attaque, bondissant comme un cabri sur le duo Stuyven-Vanmarcke. « Je suis passé à l’offensive au moment où je devais le faire, ni trop tôt ni trop tard. Je regrette juste que les deux leaders sur lesquels je suis revenu n’aient pas collaboré plus franchement. Rien à redire là-dessus, c’est la course, c’est juste dommage car il y avait là un coup à jouer pour se disputer les médailles. Mais en tant qu’équipe privée de sprinter spécifique, sur un parcours aussi plat, nous avons rempli notre mission. Un championnat est toujours une course particulière, qui demande une bonne gestion des efforts, de l’influx nerveux des ambitions qu’il ne faut jamais enterrer trop vite. C’est ce que nous avons fait, en misant notamment sur le travail d’un team Intermarché – Wanty qui a contrôlé le peloton dès le second passage dans les Moeren. Nous, nous devions avant tout nous épargner et frapper au bon moment. Le plan, c’était de hausser le ton pour que tout le monde soit à la limite de ses possibilités, puis de jouer mon va-tout. » Un impressionnant solo pour revenir aux avant-postes, à 5 kilomètres du but, une offensive généreuse annihilée par la meute des équipes de sprinters à 2.000 mètres du portique. « Grâce à Remco, on a rendu passionnant un scénario qui risquait d’être un peu lisse » résumait Wilfried Peeters, découvrant au même moment que Florian Sénéchal et Mark Cavendish venaient de glisser dans l’escarcelle de la formation Quick-Step deux titres nationaux de plus. Stages, Clasica puis Vuelta À l’ombre du pullman, Remco Evenepoel avait comme d’habitude quelques mots pour ses supporters (parmi lesquels de nombreux francophones), avant de se projeter vers une séquence estivale qui sera intense. Après une semaine de repos, le prodige du cyclisme belge partira en stage à Livigno (Italie), disputera la Clasica San Sebastian (30 juillet), avant une nouvelle période de préparation en altitude préalable à la Vuelta (19 août-11 septembre). Un second grand tour (après un Giro 2021 précipité) qui doit confirmer son changement de format. S’il a connu quelques passages difficiles au Tour du Pays Basque, en avril, puis lors du récent Tour de Suisse, le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège a franchi plusieurs paliers ces derniers mois, dans la gestion de son potentiel athlétique et de ses émotions.

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