Julian Alaphilippe absent du Tour de France: pourquoi Quick-Step se passe volontairement de sa star

Nul ne profite donc d’une quelconque impunité chez Patrick Lefevere. Mais c’est en concertation avec son « Loulou » que le manager de l’équipe belge a choisi de ne pas aligner la star française au départ de « son » Tour. Un crime de lèse-majesté, dira-t-on dans l’Hexagone où le public sera privé de son coureur préféré, au cyclisme pétillant, expansif et généreux. Julian Alaphilippe n’est tout simplement pas prêt à affronter les 21 jours de course dont le premier propose un contre-la-montre vendredi à Copenhague. Il s’était pourtant entraîné, récemment, sur son vélo de chrono dans la région de Renaix en compagnie du futur champion de France, Florian Sénéchal. Mais ce sera pour le contre-la-montre par équipes du Tour d’Espagne le 19 août à Utrecht ! De retour à la compétition seulement depuis dimanche à Cholet, le Montluçonnais s’est mû en équipier de luxe pour son ami « Séné », lequel méritait bien cette offrande en retour des nombreux efforts consentis en faveur de son leader. « Qu’il aille ou non au Tour, Julian voulait de toute façon reprendre aux championnats », avait expliqué son cousin et entraîneur, Franck. Ne pas commettre la même erreur qu’avec Evenepoel Un jour de course avant un Tour, c’est tout simplement trop peu, même pour un élément aussi expérimenté et talentueux. Quick Step, comme un chat échaudé qui craint l’eau froide, s’était pris un retour de boomerang en pleine face, en mai 2021, en alignant Remco Evenepoel (sans un seul jour de compétition) au départ du Giro. Ce ne fut pas une réussite mais le Brabançon s’était réjoui du travail de fond qu’il avait accompli en Italie, ce qui lui permit, par exemple, de survoler le Tour de Belgique deux semaines plus tard. On ne va toutefois pas au Tour pour accomplir « un travail de fond. » « Je n’avais pas couru 200 bornes depuis mon accident à Liège-Bastogne-Liège, expliqua Julian Alaphilippe aux médias français, dimanche à Cholet. Et dans la conversation, cette phrase, lourde de sens : « Je ne vais pas dire que j’ai pris du plaisir mais j’étais mieux que je ne le pensais. » Rappelons tout de même que le champion du monde avait été emmené dans l’ambulance de Liège-Bastogne-Liège avec une omoplate et deux côtes cassées, plus un pneumothorax. Si le Français s’est rétabli plus vite que prévu, il semble qu’il n’entrait jamais dans l’intention de Patrick Lefevere de précipiter son retour. Entre être « plus ou moins bien » dans un championnat de France et affronter 21 jours de compétition de très haut niveau comme l’est toujours le Tour, il y a une sérieuse marge. [scald=29222262:sdl_editor_representation] Alaphilippe n’a rien à gagner dans un Tour où il ne sera pas à 100 %. Et comme cet animal indomptable roule pour vaincre et offrir du spectacle, il pourrait moralement prendre des risques en affrontant des rivaux à la condition aiguisée comme un scalpel, tels van Aert et van der Poel. Et Quick Step n’a pas besoin du Français pour emmener Jakobsen au sprint, ce n’est pas sa spécialité. En revanche, Alaphilippe pourra participer aux stages estivaux (juillet), organisés tantôt à Livigno, tantôt en Sierra Nevada en compagnie de son complice printanier Remco Evenepoel. Le Belge et le Français avaient fait forte impression au Tour du Pays Basque. Imaginons dès lors le même duo dans moins de deux mois à la Vuelta ? À partir du moment où Quick Step ne présentait quoi qu’il advienne aucun leader pour le classement général au Tour, il ne servait à rien d’exposer son champion du monde à la lumière des désillusions potentielles. Tactiquement, même s’il est difficile de renoncer au Tour, a fortiori pour un Français, c’est le meilleur choix que pouvaient effectuer le coureur et son équipe. « Nous en avions en plus déjà parlé… l’hiver dernier, et donc avant sa blessure, Julian a très envie d’être une nouvelle fois champion du monde et la meilleure préparation par rapport à cet objectif, c’est le Tour d’Espagne, explique Patrick Lefevere. Cavendish n’en sera pas non plus Plus délicat est le « dossier » Cavendish. L’Anglais avait rendu de fiers services à l’équipe belge en juillet 2021, après avoir remplacé l’Irlandais Sam Bennett au pied levé. Le « Cav » s’était offert quatre étapes et le maillot vert, égalant les 34 succès d’étape d’Eddy Merckx. Excellent au Giro en mai (une victoire), le nouveau champion d’Angleterre aurait sa place dans n’importe quelle équipe WorldTour. Mais pas chez Quick Step où il doublonne avec Fabio Jakobsen à qui Lefevere a promis une sélection (justifiée) dès les stages hivernaux. Le Néerlandais est peut-être l’homme le plus rapide du monde en ce moment. L’équipe belge ne pouvait pas s’en passer. Et elle ne pouvait pas non plus associer Jakobsen et Cavendish, deux coqs qui n’aiment pas partager. Pour le Britannique, c’est un coup dur et sans doute l’hallali en ce qui concerne son avenir au sein de la formation qui l’a relancé au plus haut niveau. L’arrivée, en 2023, du champion de Belgique Tim Merlier risque de lui coûter une prolongation de contrat mais nul doute que beaucoup d’équipes seront intéressées par ses services.

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