Romelu Lukaku doit reconquérir les cœurs intéristes

En football, les clichés foisonnent mais certains prennent plus de sens que d’autres. Pour résumer la saison difficile (quand vous finissez meilleur buteur de Chelsea toutes compétitions confondues et que vous remportez la Coupe du Monde des clubs, on ne peut pas la qualifier de totalement ratée) à Stamford Bridge, Romelu Lukaku se dira sans doute que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Maintenant que l’histoire est écrite, il serait évidemment trop facile d’affirmer que son come-back chez les « Blues » était destiné à échouer. Par naïveté (si, c’est encore possible même après tant d’années à suivre l’actualité du ballon rond), nous avions cru l’été dernier que Romelu Lukaku résisterait à la tentation de revenir dans un championnat anglais où il n’avait plus rien à prouver, qu’il n’allait pas encore s’infliger les critiques ( »trop gros », « trop mauvais », « trop paresseux », on en passe et des moins gentilles) qui avaient atteint un paroxysme dans les dernières semaines de son séjour à Manchester United. En deux ans, Milan était à ses pieds, il avait gagné le combat de coqs qui l’opposait à Zlatan Ibrahimovic avec le premier scudetto des Nerazzurri après 11 ans d’attente, Simone Inzaghi était prêt à maintenir sur les rails la belle locomotive rodée par Antonio Conte. Évidemment, il connaissait de l’intérieur les difficultés financières et, plus qu’une perte sportive, la direction intériste a mis la barre assez haut pour faire une belle plus-value (recruté un peu moins de 74 millions d’euros à Old Trafford, il a quitté San Siro pour 115 millions), limitant le démantèlement craint initialement à deux départs majeurs (Hakimi au PSG pour 66,5 millions). A-t-il été aveuglé par son amour des « Blues », par son ambition d’avoir sa place au sein du meilleur club européen en titre (que n’était pas ou plus Manchester United en 2017) ? Tout a déjà été dit ou presque sur la chronologie de sa saison marquée par cette interview à Sky Italia et les choix de Thomas Tuchel en 2022 avec une préférence non dissimulée pour Kai Havertz dans les matches les plus importants aux yeux du coach allemand (avec l’exception notable de la finale de FA Cup… où Havertz était blessé). Tout a été dit ou presque… sauf si tout n’est pas sorti comme l’évoquait Ariël Jacobs dans les colonnes de la Gazzetta Dello Sport. « Je pense qu’il a dû se passer quelque chose à Chelsea que nous ne connaissons pas. » Peu importe que, dans un premier temps, ce retour se fasse sous la forme d’un prêt. Cependant, Romelu Lukaku ne doit pas croire qu’il va reprendre le cours de l’histoire là où elle s’est arrêtée. Même si l’Inter a perdu le Scudetto, elle quand même remporté la Supercoupe d’Italie et la Coppa… sans Lukaku. Dzeko va sans doute être sacrifié pour l’attaquant des Diables mais d’autres joueurs ont pris de l’importance dans l’effectif milanais (comme Hakan Calhanoglu ou son ancien compère Lautaro Martinez), Henry Mkhitaryan a déjà été recruté, en attendant Paulo Dybala, excusez du peu. Il n’avait pas quitté l’Italie en fracassant portes et fenêtres des bureaux intéristes… mais les tifosi avaient par contre baissé le volet violemment, ressentant ce départ vers Chelsea comme une trahison parce que Lukaku quittait le navire en pleine tempête ! Comparer ce retour avec celui d’il y a douze mois, c’est comme mélanger les poires et les pommes. Lukaku a beau aimer Chelsea, il n’avait encore rien signifié pour les supporters de Chelsea, passant le plus clair de son temps en tribune ou en prêt (West Bromwich et Everton) durant son premier passage sur le « payroll » de Roman Abramovich. À l’inverse, l’Inter et la Serie A ont permis à Lukaku de monter dans la hiérarchie des meilleurs attaquants de la planète. « Big Rom » a déjà un vécu récent dans ce club et il doit se montrer à la hauteur de ce passé pour briller dans le futur. Le voilà en quête de rachat (à tous les sens du terme) et il est évident que Roberto Martinez sera très intéressé de retrouver un Romelu Lukaku libre dans sa tête dans l’optique du Mondial au Qatar. Le bonheur dans ce prêt tiendra en trois lettres, en italien comme en français: « but », « gol ». Pour reconquérir les cœurs des Nerazzurri, Lukaku ne peut pas rater sa cible.

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