«Caro Diario»: la dolce vita

De et avec Nanni Moretti, Jennifer Beals, Renato Carpentieri, Giovanna Bozzolo, Giulio Base, 96 mn. Bonheur que cette ressortie du film culte de Nanni Moretti, Caro Diario (journal intime). Près de trente ans après sa sortie, le film reste toujours aussi savoureux, décalé et hilarant. On a toujours envie d’enfourcher une Vespa bleue pour rouler pendant des heures dans Rome, un petit vent chaud caressant la peau. Viscéralement attaché à la Ville éternelle qui est le décor d’une douzaine de ses films, Nanni Moretti raconte à propos de Caro Diario : « Durant l’été 1992, je préparais un long-métrage que je n’ai finalement pas fait. J’étais à Rome en plein mois d’août et j’ai eu envie de tourner un court-métrage sur mes balades en Vespa dans les rues de la ville. Mon idée était de le programmer au Nuovo Sacher (la salle de cinéma de Moretti dans le quartier de Trastevere, NDLR) avant un long-métrage. Et puis, en visionnant tout le matériel que j’avais filmé, je me suis dit : “Mais non, il faut que je fasse un film entier comme ça !” » Et c’est totalement jouissif. L’ironie mordante du cinéaste italien fait mouche. On aime qu’il partage ses humeurs et un peu plus sur fond de digression sur la dictature des films abêtissants, des enfants-rois et des médecins aveugles. Dès la première image, le ton est donné. L’atmosphère est douce comme un début d’après-midi en plein mois d’août. Moretti, cheveux au vent, roule dans la ville endormie par la chaleur de l’été. Une caméra agile et charnelle le suit de quartier en quartier. Elle colimaçonne dans les collines de verdure, s’amourache de bals en plein air et de mambo, s’émeut de rencontrer Jennifer Beals, la comédienne de « Flash-dance », et s’attarde, nostalgique, sur les sites oubliés des bords de mer chers à Pasolini. Le film est fluide, léger, moqueur. Il nous conduit chez des snobs qui organisent des fêtes avec des éléphants pour faire exotique et de vraies Cheyennes pour amuser les mondains, chez des couples obsédés par leur rejeton unique, chez un ami écrivain télémaniaque. Les scènes rivalisent de drôlerie jusque dans l’autoanalyse d’une irritation cutanée qui nous emmène au pays de l’acupuncture et de la chimiothérapie. Moretti nous met en garde contre les médecins qui parlent mais n’écoutent pas, contre le cinéma désabusé et cynique. Il nous réapprend la liberté, le bonheur et la sagesse car il a mis une distance salvatrice entre lui et les futilités de nos existences. Les séances [scald=29244224:sdl_editor_representation]

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