Royaume-Uni: deux ministres lâchent Boris Johnson en plein scandale

Deux ministres britanniques ont annoncé mardi leur démission à Boris Johnson. Par ailleurs, ce même mardi en soirée, le vice-président du parti conservateur britannique annonçait également, en direct à la télévision, qu’il démissionnait, ne « pouvant plus faire confiance » au Premier ministre. C’est un nouveau scandale, qui remue le parti conservateur depuis la semaine dernière, qui a poussé Rishi Sunak, le ministre des Finances, et Sajid Javid, le ministre de la Santé, à quitter le cabinet ministériel. Le coup porté à Boris Johnson est de taille, le privant de deux éléments solides de son gouvernement. [scald=29245078:sdl_editor_representation] Rishi Sunak est le Tory le plus populaire avec Theresa May, juste devant Sajid Javid, selon l’institut de sondage Yougov. L’action du ministre des Finances durant le Covid et les efforts d’aide pour accompagner la population lors des confinements ont joué de façon favorable pour Rishi Sunak, considéré comme un ministre compétent. C’est seulement récemment que la cote du ministre a baissé dans l’opinion publique à cause du peu de mesures mises en place face à la hausse du coût de la vie et face à des révélations au sujet de sa femme, indienne, qui ne payait pas ses impôts au Royaume-Uni. Contrairement à bien d’autres membres du cabinet de Boris Johnson, Sajid Javid n’a pas non plus connu d’incident de parcours majeur et a même attiré le respect en démissionnant des Finances en 2020. Il avait alors refusé de fusionner ses équipes avec celles de Dominic Cummings, l’ancien conseiller de Boris Johnson. [scald=29245079:sdl_editor_representation] Attouchements L’élément déclencheur de cette double démission, annoncée à quelques minutes d’intervalle, repose sur l’affaire Chris Pincher, député conservateur et responsable adjoint du vote au sein du parti. L’homme de 52 ans avait dû démissionner de son poste jeudi 30 juin pour des faits d’attouchements sur deux hommes dans un club privé, la veille, alors qu’il était très enivré. Après sa démission, Boris Johnson avait considéré que l’affaire était close et que cet événement ne nécessitait pas de le suspendre du parti. Or, des accusations du même type avaient été soulevées dès novembre 2017 et dans les quelques jours qu’a duré cette affaire, il avait été reproché à Boris Johnson de ne pas avoir tenu compte de ces allégations au moment de nommer Chris Pincher à ce poste et même à d’autres postes ministériels. Le 10 Downing Street a reconnu que Boris Johnson était au courant mais a tenu à souligner qu’à l’époque, ces allégations avaient été résolues ou n’avaient pas fait l’objet d’une plainte officielle. Dans une vidéo parue mardi soir, Boris Johnson, en bon habitué des excuses télévisées, a déclaré regretter cette nomination et être désolé du comportement du député. Compétence Mais pour le chef des Finances et celui de la Santé, cette déclaration est l’excuse de trop du Premier ministre. « Le public s’attend à juste titre à ce que le gouvernement soit dirigé correctement, avec compétence et sérieux, a expliqué Rishi Sunak, dans sa lettre de démission. Je reconnais que c’est peut-être mon dernier poste ministériel, mais je crois que ces normes valent la peine d’être défendues et c’est pourquoi je démissionne ». C’est aussi la question des valeurs que souligne Sajid Javid. « C’est avec un immense regret que je dois vous dire que je ne peux plus, en toute bonne conscience, continuer à servir dans ce gouvernement, écrit-il. Je suis instinctivement un joueur d’équipe, mais le peuple britannique attend aussi à juste titre l’intégrité de son gouvernement ». [scald=29245080:sdl_editor_representation] Confiance Mais au-delà du scandale qui frappe, une fois de plus, le parti, les deux ministres s’en prennent aussi directement aux capacités de Boris Johnson à diriger les conservateurs et le pays. « Nous n’avons peut-être pas toujours été populaires, mais nous avons su agir dans l’intérêt national, poursuit Sajid Javid. Malheureusement, dans les circonstances actuelles, le public conclut que nous ne sommes plus ni l’un ni l’autre. Le vote de confiance du mois dernier a montré qu’un grand nombre de nos collègues étaient d’accord. C’était un moment d’humilité, d’emprise et de nouvelle direction. Je regrette cependant de dire qu’il est clair pour moi que cette situation ne changera pas sous votre direction – et vous avez donc également perdu ma confiance ». Rishi Sunak, candidat à la tête du parti en puissance, en profite même pour creuser l’écart entre le Premier ministre et sa personne. « J’ai toujours essayé de faire des compromis dans le but de réaliser ce que vous vouliez accomplir, écrit-il. Alors que j’étais en désaccord avec vous en privé, je vous ai soutenu en public ». Dans la soirée de mardi, d’autres démissions de députés à des rôles ministériels ont suivi. Si Boris Johnson est protégé comme chef des Tories du fait de vote de défiance organisé en juin, le parti est tout à fait en mesure de changer ses règles de fonctionnement pour s’adapter à la situation de crise qu’il traverse. Plus que jamais à ce jour, les heures de Boris Johnson comme Premier ministre sont comptées.

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