Carte blanche – Phénomènes climatiques extrêmes: «Nous avons peur de l’été»

Nous avons peur de l’été, et des autres à venir. Cette année encore, la Belgique bat un record et il n’y a aucune raison de s’en réjouir. Ce samedi 18 juin 2022 a été le jour tropical (température maximale supérieure ou égale à 30 degrés) le plus précoce jamais enregistré. Ces records sont presque devenus anodins. Pourtant, la fréquence accrue de ces records atteste du dérèglement climatique de la manière la plus tangible qui soit.
L’été passé, il y a eu les plus grands feux de forêt de mémoire humaine, aux quatre coins du monde. Nous avons connu en Belgique des inondations meurtrières sans précédent. Malgré ces récentes catastrophes, et un dernier rapport du GIEC particulièrement alarmant, les politiques mises en place pour stopper le dérèglement climatique restent insuffisantes. Pire encore, de nouveaux projets pour extraire toujours plus d’énergies fossiles voient le jour et nous relançons des centrales au charbon face à la crise énergétique et géopolitique en cours. Faut-il donc un nouvel été meurtrier comme en 2003 pour que nos politiques prennent enfin les décisions radicales et nécessaires pour notre survie à tous ?
À l’approche de l’été, nous devrions tous nous réjouir de profiter de bons moments entre amis ou en famille, d’aller en festival, de prendre le temps de se balader, d’admirer la beauté de la nature, et bien plus encore. Et pourtant, nous avons peur.
Plus de canicules et d’inondations
Avant l’ère industrielle, une canicule arrivait une fois par demi-siècle. Aujourd’hui, les projections du GIEC montrent qu’elles pourraient survenir 8,6 fois à 1,5 ºC de réchauffement et 13,9 fois à 2 ºC par demi-siècle. À +4ºC, on passe à 39,2 fois par demi-siècle (1). Autrement dit, quatre années sur cinq. Quant aux périodes de sécheresse prolongée, elles menacent nos réserves en eau et compromettent également l’agriculture, avec des rendements plus faibles voire des pertes totales de cultures pouvant entraîner des crises alimentaires. Dans d’autres régions du monde, sécheresses riment déjà avec famine pour des centaines de milliers de personnes.
Des canicules plus fréquentes, ce n’est pas synonyme de plus de barbecues, de baignades anticipées ou de pouvoir enfin profiter pleinement de la nouvelle piscine. Ce sont aussi des personnes qui meurent et une menace pour la sécurité alimentaire mondiale.
Et les alertes environnementales de cette envergure s’enchaînent au quotidien. Nous suffoquons sous leur poids. Ces risques estivaux ne sont qu’une petite facette des problèmes écologiques et pourtant, les politiques et les entreprises continuent à faire comme si tout allait bien se passer, à s’enfermer dans un modèle révolu. Ils n’acceptent pas de voir les limites du système qu’ils adulent et les conditions de notre perte, alors même qu’ils en sont à l’origine.
Un extractivisme qui ne faiblit pas
Le dernier rapport du GIEC est formel, il faut arrêter les infrastructures fossiles avant leur fin de vie initialement prévue, et surtout ne plus soutenir de nouveaux projets, laisser le pétrole et le gaz dans le sol. On ne peut que comprendre que les politiques et les entreprises se fichent complètement de notre avenir quand on lit, jour après jour, des nouvelles comme le projet
Ces mêmes politiques qui se bercent d’illusions technologiques et de croissance verte alors que le GIEC souligne explicitement que c’est inenvisageable avec la sobriété que nous devrions atteindre, ce sont des risques énormes que nous ne pouvons pas nous permettre.
La semaine dernière, le Qatar se réjouissait d’une autre « bonne nouvelle » : la conclusion d’un partenariat avec Total Energies pour son projet North Field East (NFE), qui devrait lui permettre d’augmenter sa production de gaz naturel liquéfié (GNL)
Enfin, quand certains élus ont un peu de lucidité et de courage politique, une majorité suffisante se laisse soudoyer et les lois ambitieuses se font détricoter tous les jours par les lobbys (
La désobéissance civile comme dernier recours
Le changement climatique ce n’est plus une prédiction hasardeuse, c’est une réalité physique, c’est un consensus ferme. Les gouvernements du monde entier ainsi que les médias ont une responsabilité historique dans la condamnation de l’humanité, il est temps qu’ils répondent de leurs actes. L’impunité, c’est terminé.
Les pétitions, les appels à voter pour des personnalités qui comprennent vraiment les enjeux, le lobbying, les marches pour le climat et autres manifestations continueront, mais face à l’inaction politique, la désobéissance civile s’impose désormais à nous.
Blocages, occupations, irruptions, démarchage, nous serons présents partout pour éveiller les consciences sur la catastrophe qui se joue aujourd’hui, à tous les rassemblements décisionnaires, aux AG des grandes entreprises qui soutiennent et développent les énergies fossiles ou qui portent des projets climaticides, devant les parlements pour rappeler aux décideurs leurs engagements, sur les réseaux pour combattre les discours et les comportements niant la réalité climatique.
Nous nous battrons contre toutes les décisions et tous les projets qui détruisent notre avenir, la pression ne diminuera plus tant que la société n’aura pas enfin changé de logiciel et que la justice climatique et sociale sera devenue la vraie priorité politique dans chaque secteur et chaque pays.
(1) Climate change 2021. The physical science basis. Giec, 9 août 2021, Genève
*Signataires : Adélaïde Charlier, Corentin Tassignon, Laurie Pazienza, Brenda Odimba, Baptiste Dutron, Marie Gomrée, Chloé Mikolajczak, Lucie Morauw, Aline Florin, Antoine Van Liefferinge, Gilles Vander Borght, Youth For Climate
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Les "usual suspects" sont complètement à côté de la plaque, une fois de plus! La multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes est, de manière vérifiée, sans lien avec le "climat". Et elle n'est absolument pas le produit d'un pseudo réchauffement climatique, largement contenu en-dessous de 1°C selon les données constantes consignées dans les rapports successifs AR4, AR5 et AR6 du GIEC. Données savamment dissimulées, rendues opaques voire inintelligibles, excepté pour les meilleurs spécialistes, au profit d'un alarmisme hystérique servant des objectifs particuliers. Il serait d'ailleurs plus exact de parler des climats, tellement il y en a, et dont la seule caractéristique commune est la variabilité! Les extrêmes ne sont pas dus au CO². Ils ne sont pas non plus d'origine anthropique, n'en déplaise à certains illusionnistes. Ils ne sont pas dus à la consommation de viande, ni à la combustion des énergies fossiles. Les extrêmes sont dus à la croissance du nombre de points chauds sur la planète, aux revêtements artificialisés stockant et restituant des températures élevées, et au déséquilibre croissant avec les surfaces aux températures basses ou modérées, aux latitudes tempérées. Ici, la restauration maximale du couvert végétal partout où c'est possible s'impose pour contrecarrer la dynamique actuelle et la sécheresse. Il faut verduriser les toits, les murs, les trottoirs et les allées. Planter autant d'arbres que possible pour créer de l'ombrage et faire baisser la température ambiante. Permettre l'infiltration des eaux de pluie et de surface plutôt que de les laisser ruisseler vers de grands collecteurs en béton. Partout où c'est possible, à nouveau, mettre en œuvre des solutions recourant à de l'hydraulique douce, ralentissant le flux de l'eau, la stockant partout où c'est possible et sans béton, des solutions écologiques, rapides à mettre en place, faciles à entretenir et à reconstruire en cas de submersion ou de destruction et fournissant des réservoirs dans lesquels puiser contre le feu. Entretenir les sols et démaquiser pour prévenir les départs de feux trop faciles et priver les incendies de leur aliment favori. Pareil pour les conséquences désastreuses des phénomènes extrêmes. Elles sont avant tout le résultat de nos négligences, dans le public comme dans le privé: politiques inadaptées; manque de formation et personnels en charge souvent incompétents; absence ou mauvaise gestion et mauvais entretien des surfaces et des infrastructures (plans d'urbanisme permettant la construction en zones inondables!); manque d'anticipation et de prévoyance, sous-investissement systématique; infrastructures et moyens de secours existants souvent obsolètes et inadaptés; mauvais calibrage et manque de moyens adaptés des services de secours ainsi que des réformes ou restructurations totalement contre-productives; et enfin des procédures d'alerte n'utilisant pas le plus grand commun dénominateur: les sirènes qui sont audibles par tous en tous lieux et en tout temps, sont non-équivoques et ne nécessitent pas d'être connecté à l'une ou l'autre application plus ou moins confidentielle. Commençons par restaurer le couvert végétal, mettre des gens compétents aux endroits clés et orienter les investissements vers l'adaptation aux événements et l'acquisition de sirènes et de moyens de secours adaptés. On sera alors dans la bonne dynamique. Gardons-nous surtout de céder à toute fumisterie du type "sauver la planète" ou "sauver le climat". C'est à nous qu'il faut penser d'abord! Considérons-nous comme en guerre avec le climat et avec la planète!
Certes il y a un problème car les ressources non renouvelables s'épuisent, mais ce qui ne va pas dans le message de ces excitées manipulées : c'est les solutions. La Natalité dans les zones où elle est incontrôlée est l'urgence numéro 1 (au XVI le siècle,la température a diminué de 0,1° suite à la forte diminution des amérindiens). L'urgence numéro 2 est la réussite de la fusion nucléaire . L'urgence numéro 3 est la remise en route du nucléaire fissile comme pilier de la transition énergétique. Tout le contraire de ce que font les écologistes.
Donc, tout ce qui doit être fait, c'est par les autres? M. D L, vous avez un vrai problème avec la notion de solidarité d'une part, et d'efficacité d'autre part: c'est en tirant TOUS à la même charrette qu'on la fait avancer, comme on dit du côté du Car d'Or à Mons.
À ceux qui reprochent à d’autres leur jeunesse j’aimerais dire que la jeunesse est une maladie dont on guérit un peu tous les jours. Il est triste que cette guérison se fasse parfois dans l’aigreur et le rejet. On peut être jeune et conscient, jeune et intelligent, jeune et capable de comprendre, jeune et concerné, jeune et capable de se mobiliser. Nous avons la chance d’avoir une jeunesse à la fois réaliste et idéaliste, constante et persévérante, mieux au fait du monde qui se prépare que beaucoup d’adultes accrochés à leur refus de le regarder en face, terrorisés à l’idée de devoir changer quoi que ce soit à leur mode de vie. Que ces derniers continuent à exprimer leur colère en évitant de réfléchir s’ils ne peuvent pas faire autrement.
Vous avez oublié de citer "jeune et bête". Toutes les totalitarismes en font usage ...