L’ère du précariat: quand le travail devient supplication
A l’ère des contrats à durée déterminée n’offrant aucune protection, c’est l’obscurité qui guette l’avenir de nombreux travailleurs.
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L’origine du mot est éclairante : précariat vient du latin prex, qui veut dire prière. En gros, un travailleur précaire n’est ni plus ni moins qu’un individu obligé de prier, de supplier, de demander à genoux quelque chose qui lui est accordé comme une grâce. Du travail, par exemple. J’ai toujours eu l’impression que, dans cette image de la prière, se concentrait le sens psychologique de quelqu’un qui vit suspendu, complètement exposé à l’arbitraire d’une entité supérieure vers laquelle on se tourne sans la moindre garantie d’égalité, mais toujours avec déférence. En suppliant. Et en faisant preuve de gratitude pour la grâce accordée. Fin de l’histoire, c’est ici que se referme le cercle, se scellant dans le binôme supplication-gratitude d’où tout semblant de droit est nécessairement évincé, immédiatement transfiguré en revendication (vous vous souvenez du fameux adage qui dit qu’à cheval donné, on ne regarde pas les dents ?).

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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir2 Commentaires
Par quelle falsification de la réalité le néolibéralisme du roi-marché a-t-il pu faire entrer dans les esprits que l'on DONNE du travail. Si cela peut parfois être vrai de pouvoirs publics ou d'associations caritatives, aucune entreprise ne donne du travail. Au contraire et comme toujours et comme disait Karl Marx suite à Proudhon, le travail apporte une survaleur sans laquelle personne n'engagera un travailleur.
Luc, votre remarque est particulièrement pertinente. Un employeur n'est en effet pas un bienfaiteur : il paie le service que lui rend un travailleur, parce que cela lui rapporte. Idem pour les services publics : le travailleur est payé pour le service qu'il rend à la collectivité.