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Prolongation du nucléaire: des critiques de toutes parts

L’annonce ce vendredi d’un accord de principe avec Engie sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires n’a pas manqué de faire réagir.

Temps de lecture: 4 min

C’est le plus gros cadeau jamais fait à Engie », ont affirmé vendredi les associations environnementales Greenpeace, Inter-Environnement Wallonie et Bond Beter Leefmilieu après l’annonce d’un accord de principe avec Engie sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires.

Selon ces associations, le citoyen risque de payer trois fois : pour les risques financiers liés à l’exploitation partagée des réacteurs, pour l’augmentation de la quantité de déchets nucléaires, puisqu’Engie va bénéficier du plafonnement de sa contribution aux coûts de gestion de ces déchets ; et pour les subventions aux énergies fossiles accordées pour les centrales au gaz, notamment lorsque la production d’énergie nucléaire sera moindre que prévu.

« Un impact important sur notre avenir énergétique »

Le fait que l’Etat deviendra actionnaire de la société dans laquelle seront placés les deux réacteurs montre également, aux yeux des environnementalistes, que le nucléaire n’est pas rentable.

« La faillite de l’énergie nucléaire a un impact important sur notre avenir énergétique », a expliqué Jan Vande Putte (Greenpeace). « Aussi bien l’énergie nucléaire que les énergies fossiles ont aujourd’hui besoin de lourdes subventions et entraînent des factures astronomiques pour nos familles et nos entreprises. Seules des mesures d’efficacité énergétique et une transition plus ambitieuse vers les énergies renouvelables apporteront une solution durable à ce problème. » L’association « Stop Nucléaire » a quant à elle évoqué un « accord aussi mauvais que celui de Faust avec le Diable », en pointant du doigt non seulement les risques financiers de l’opération mais aussi la responsabilité de l’Etat en cas d’accident.

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Des coûts « répercutés sur la classe travailleuse »

Du côté du Parti du travail de Belgique, les mécontentements se font également entendre. Le gouvernement a franchi les lignes rouges qu’il s’était fixées dans le dossier de la prolongation de deux réacteurs nucléaires, estime vendredi le PTB après l’annonce d’un accord de principe entre l’État belge et Engie Electrabel.

« Les coûts de la prolongation sont répercutés sur la classe travailleuse. Avec cet accord, le gouvernement se met à plat ventre devant Engie-Electrabel », a déclaré la cheffe de groupe à la Chambre. Le gouvernement avait assuré qu’il ne deviendrait pas l’exploitation des centrales et ne paierait pas pour les déchets nucléaires. Or, en créant une société dont le capital sera détenu à parts égales par l’État et Engie dans laquelle seront placés les deux réacteurs, il s’écarte de ces principes, jugent les communistes.

« Se cacher derrière le prétexte que le gouvernement n’est donc pas l’exploitant direct, c’est vraiment du bla-bla politicien. Il a été démontré à maintes reprises que, dans ces partenariats public-privé, les bénéfices sont pour le secteur privé, les pertes pour la société », a souligné Sofie Merckx. L’annonce d’un « accord de principe » avec Engie Electrabel, que ce dernier qualifie plutôt de « déclaration d’intention », ne rassure pas non plus le PTB, qui y voit le signe que l’État devra faire de nouvelles concessions. « La multinationale en veut toujours plus », a encore dit Mme Merckx.

Un « accord de principe » décrié

Du côté de Démocrates fédéralistes indépendants, la déclaration d’intention pose également problème. Le gouvernement n’a pas levé l’incertitude qui pèse sur la relance de deux réacteurs en 2026, estime DéFI.

« Un soi-disant ’accord de principe avec Engie’ qui n’est en réalité qu’un accord pour commencer à négocier un tant soit peu sérieusement jusqu’en décembre 2022. Aujourd’hui donc, 22 juillet 2022, il n’y a toujours aucune certitude que les deux réacteurs rouvriront en 2026. La première pierre d’une nouvelle centrale au gaz, choix du gouvernement pour ’compenser’ la fermeture des réacteurs nucléaires, n’a toujours pas été posée. Pour DéFI, nous sommes face à un désastre énergétique et écologique total » a souligné le parti dans un communiqué.

Les amarantes pointent du doigt le report de décisions qui caractérise ce dossier depuis les négociations gouvernementales. La seule certitude qui demeure est la fermeture complète du parc nucléaire en 2025, conformément à une loi de 2003 confirmée en 2015. Les Engagés s’étonnent aussi que le gouvernement en soit toujours à une déclaration d’intention. « Un accord pour négocier ? Toujours rien de plus ? Et Engie qui parle juste d’une ’déclaration d’intention’ ? Pas un mot sur une durée supérieure à 10 ans ? Ni sur les autres centrales ? Ce n’est pas sérieux face à l’absence de sécurité d’approvisionnement et à l’explosion des prix », a dit la cheffe de groupe, Catherine Fonck, sur Twitter.

« Une nouvelle étape »

De son côté, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) se dit vendredi « satisfaite » de l’accord de principe entre le gouvernement et Engie sur la prolongation des centrales de Doel 4 et Tihange 3.

« Il s’agit d’une nouvelle étape dans la prolongation des réacteurs nucléaires qui donne donc à notre pays et à son économie une plus grande confiance dans la future sécurité d’approvisionnement », se félicite la fédération patronale.

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10 Commentaires

  • Posté par Smyers Jean-pierre, samedi 23 juillet 2022, 15:42

    Ce pilonnage incessant d'Ecolo prend un tour excessif. Des torts, on peut en trouver de plusieurs côtés, les verts ne sont certes pas à l'abri, mais faut-il pour autant crier haro sur le baudet? Les ministres chargés du dossier n'ont pas été tous écolos, loin de là. Ici, de surcroît, la Russie est venue jouer les trouble-fête, c'est le moins qu'on puisse écrire. Il me paraît bien plus utile que tout le monde se serre désormais les coudes et cherche à gérer au mieux une situation de crise. Le passé, personne ne le changera.

  • Posté par S E, samedi 23 juillet 2022, 13:55

    Dans la vraie vie faut arrêter de croire dans des utopies, le nucléaire est nécessaire tant que des vrais alternatives ne sont pas disponibles et efficaces.

  • Posté par Mauer Marc, samedi 23 juillet 2022, 16:30

    Il est incroyable que les écolos continuent à parler comme si nous pouvions nous passer de l’électricité nucléaire au bénéfice du renouvelable ! Il faut gérer la crise et permettre au pays de vivre, ce qui ne sera le cas ni avec l’éolien, ni avec le solaire ! Et je suis un convaincu, ma maison est équipée de panneaux solaires, et j’ai commandé un véhicule tout électrique !

  • Posté par Baeyens Remi, samedi 23 juillet 2022, 9:24

    Les partis politiques doivent se frotter les mains. Encore des amis à placer dans la nouvelle structure à mettre en place.

  • Posté par Mauer Marc, samedi 23 juillet 2022, 16:26

    Tu penses vraiment que le monde s’arrête à ça ? Que cela doit être dur de vivre en ne voyant que le mal partout. Les gens comme toi me fatiguent, à un point …

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