Le pardon est décidément très à la mode
Les politiques de pardon sont avant tout des processus politiques et sociaux. Elles sont devenues une composante de la com’ de bien de leaders soucieux d’attirer sur eux l’émotion. Et donc l’attention.


Le pardon est indémodable. Lundi, le pape a renouvelé sa demande de pardon pour le mal commis contre les autochtones au Canada, notamment dans les pensionnats pour enfants amérindiens gérés par l’Eglise. Mardi, l’ancien président burkinabé Blaise Compaoré en a fait de même auprès de la famille de son « frère et ami Thomas Sankara » qu’il fit assassiner en 1987. Il y a un an, Emmanuel Macron demandait pardon aux Harkis, ces supplétifs de l’armée française abandonnés au lendemain de la guerre d’Algérie…
Demander pardon pour l’impardonnable est un classique de la politique internationale. Outre-Rhin, plusieurs hommes politiques ont porté le genre à son sommet. Que l’on pense au chancelier chrétien-démocrate Adenauer qui reconnut les souffrances infligées aux Juifs au nom du peuple allemand. Ou au social-démocrate Willy Brandt s’agenouillant devant le mémorial des morts du ghetto de Varsovie.

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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir13 Commentaires
Les excuses "collectives" sont très questionnables. Monsieur Scholz ou Madame Merkel ne sont pas responsables moralement des actes du IIIe Reich. Par contre, ils le sont civilement et ce sont donc des dédommagements qui sont à la rigueur justifiés. ------ Pour ce qui concerne les crimes de Léopold II, mes ancêtres "blancs", à son époque, travaillaient dans les mines de charbon dans des conditions atroces avec une espérance de vie fortement réduite. Je ne vois pas en quoi ils seraient "moins" (ni "plus", d'ailleurs) victimes du système en place sous le règne de ce roi que les Congolais des exploitations de caoutchouc. Si maintenant, on compare leur sort à celui des "Rois africains" qui s'enrichissaient à la même époque dans différents types de commerces douteux, nul doute, par contre, que la situation de mes ancêtres blancs était plus défavorable. Qu'on en finisse avec ces oppositions morbides entre groupes de population. Ce n'est pas plus aujourd'hui les "Blancs" contre les "Noirs" que ce n'était hier les "Juifs" contre les "Germains". Vive le Congo, vive la Belgique et vive l'avenir !
C'est Elio Di Rupo, le type avec sa coiffe à plume et ses béquilles sur la photo ? Il présentait les excuses de la Wallonie pour ne pas s'être opposée assez fortement à la conquête de l'Ouest ?
Les excuses sont à la mode...le pardon manifestement un peu moins vu le nombre de fois qu'il faut présenter des excuses. On présente en effet ses excuses mais on demande pardon...sans qu'il soit nécessairement accordé.
Pour ce qui est du Congo, je n'ai pas compris le discours du Roi Philippe comme une demande de pardon ou une posture de repentance, le Roi ayant précisé que les générations actuellement aux affaires n'avaient pas connu cette époque (ce qui signifie implicitement qu'elles n'en sont pas responsables et n'ont pas à demander pardon pour ce qu'elle n'ont pas fait elles-mêmes), mais la reconnaissance d'une réalité historique, avec l'expression des "profonds regrets" qu'elle inspire nécessairement.
Normalement, le pardon est demandé par celui qui a commis l'acte. Sans cette condition, ça n'a bien sûr pas beaucoup de sens et la situation manquera toujours de sincérité. Logiquement, on ne peut pas, par suppléance, s’accuser de la faute d’un autre. À ma connaissance, il n'y a que dans la pure tradition catholique qu'un prêtre, ou le pape, peut intercéder pour un repentant en s'y substituant. Encore faut-il que cette dimension culturelle soit comprise et perçue par ceux qui reçoivent la demande de pardon. Le reste c'est du "cinéma woke", très pervers, qui remplace par l'hypocrisie la sincérité de la repentance. Socialement, les "excuses" du roi Philippe sont à mes yeux une immense maladresse et le refus de les présenter n'aurait jamais pu être considéré comme de l'arrogance. Mais aujourd'hui, les gens mal éduqués et sortis de nulle part, mélangent absolument tout.