Fabrice Alleman propose trois concerts: «Together in spirit»

Restons un moment encore dans les chiffres : ça donne une idée de l’ampleur du travail du Gaume Jazz. Cette édition est la 38e du festival créé par les Jeunesses musicales du Luxembourg belge. Depuis 1985, le village de Rossignol (commune de Tintigny) a connu 919 concerts (657 projets belges et 263 étrangers), 81 créations originales et projets inédits, et a enchanté 605.416 auditeurs. Soit, comme aime à le rappeler Jean-Pierre Bissot, cheville ouvrière de l’événement, plus de 1.200.000 oreilles. Si le Gaume Jazz propose, comme les autres festivals, des stars du jazz, belges et étrangers, son ADN, c’est la création. « Nous voulons faire confiance à des musiciens qui ont des choses importantes à dire », lance Jean-Pierre Bissot. Son boulot, c’est donc d’identifier des groupes novateurs sur des scènes extérieures à la Belgique, en France, au Luxembourg, en Espagne, en Pologne… Et de travailler sur la multiplicité des expressions du jazz et de s’ouvrir sur les expressions actuelles, du jazz manouche au jazz contemporain. Et c’est bien ce qui se passe au Gaume Jazz, qui propose une mosaïque de musiques. Des voyages orientaux avec l’Eym Trio français et la chanteuse indienne Varijashree Venugopal, et le groupe de Stracho Temelkovski. Les effets novateurs du Christophe Imbs Trio. Le violon de Mathias Levy. Le trio féminin quasi punk Nout, entre Nirvana et Sun Ra. Le jazz-rock psyché de Yôkaï. Le Jemm Music Project italien entre racines tribales et voyages cosmiques. Le Double Quartet de la trompettiste Pauline Leblond, entre Miles Davis et Henry Purcell. La fanfare Funky Bodding. Le Télé-Port luxembourgeois aux sons électroniques. L’hommage à Toots avec l’harmoniciste espagnol Antonio Serrano. Les cordes de l’Atom String Quartet polonais… [scald=29321582:sdl_editor_representation] Un afflux de musiques tourbillonnantes. Mais comme dit Fabrice Alleman, « le jazz s’est toujours nourri des énergies de toutes les musiques, il est central dans les musiques actuelles ». Pour sa part, le saxophoniste belge va proposer trois concerts au Gaume Jazz. Des concerts pensés, réfléchis, quasi politiques, regroupés sous le titre Together in Spirit. « C’est un peu la conséquence de ma propre folie », admet le musicien. « La période covid a été pour moi une catastrophe, j’étais triste. Mais j’ai eu le temps de réfléchir au rôle de la musique dans la société. Et j’ai échafaudé des idées sur l’évidence de la musique, sur le partage, sur l’engagement politique et sociétal. Et j’ai proposé à Jean-Pierre Bissot les trois projets de base issus de mes réflexions. Et il a dit : “OK, je prends les trois, parce que tout tient ensemble”. C’est inespéré pour moi. » Voilà donc trois concerts, un chaque jour. Qui se concluront aussi par trois albums, le premier est d’ailleurs déjà enregistré pour Igloo. « Ces trois concerts sont une manière de rassembler les gens autour de trois façons d’appréhender la musique en tant que musicien. » Premier concert : Evidence, Chet’s Spirit. En quartet avec Nicola Andrioli, Jean-Louis Rassinfosse et Philip Catherine. « Chet Baker était le gourou de mon père, avec Leslie Tristano, Thelonious Monk et Miles Davis. J’en ai parlé à Philip et Jean-Louis. Et nous allons faire un concert inspiré du monde de Chet. Il ne s’agit pas d’un hommage mais de montrer l’évidence de la musique. Des mélodies simples, l’évidence du moment. Il n’y a pas d’autre engagement qui procure autant de paix et de plaisir que la musique. » Deuxième concert : Life Spirit Now. C’est en sextet, avec Reggie Washington, E.J. Strickland, Jean-Paul Estiévenart, Wajdi Riahi et Diego Di Vito. « Là, on touche à l’essence même de l’humanisme », reprend Fabrice Alleman. « C’est le rôle politique de la musique. Sans paroles, c’est difficile de produire une musique politique, mais écoutez Ornette Coleman ou Don Cherry, c’est engagé quand même. Ce Now s’appuie sur les urgences ; climatique, philosophique, de biodiversité, d’intégration, de la peur. Chaque aspect donne un morceau. On va jouer à Rossignol, puis on enregistrera, avec des textes, des chœurs d’enfants, etc. Dans ce concert-là, on va aussi réserver l’une ou l’autre surprise… » Troisième concert : Voices Spirit, from one… to all. « C’est l’universalité de la voix. De tous les temps, la voix a été un transmetteur d’énergie et de culture. Je commencerai sans doute ce concert seul, avec un piano droit. Je me servirai de ma voix, puis des chanteurs et chanteuses me rejoindront : Barbara Wiernik, Véronique Schotte, François Vaiana. » Là aussi, un album suivra. Mais le public du Gaume Jazz aura la primeur de la trilogie. Gaume Jazz. Les 12, 13 et 14 août. gaume-jazz.com

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