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Et le gagnant sera… Dewin!

Focus sur l’œuvre de Jean-Baptiste Dewin, figure majeure de l’architecture bruxelloise.

Temps de lecture: 4 min

Les travaux de restauration de sa maison personnelle au 151 avenue Molière achevés, la publication d’un dossier spécial de la Région de Bruxelles-Capitale et les travaux de l’hôtel communal de Forest en cours sont autant d’événements qui ont permis et permettent de découvrir et redécouvrir l’œuvre de Jean-Baptiste Dewin, figure majeure de l’architecture bruxelloise.

Jean-Baptiste Dewin (1873-1948), architecte connu pour sa dimension humaine et son sens du détail est notamment l’auteur de la Maison Communale de Forest, de bâtiments hospitaliers tels que l’hôpital Saint-Pierre ou l’Institut chirurgical Berkendael (ancien complexe de la Croix-Rouge) place Brugmann, et de nombreuses maisons particulières dans les communes d’Anderlecht, Bruxelles, Forest, Ixelles et Molenbeek…

Or, si l’ensemble de son travail est aujourd’hui identifié, il est urgent d’y jeter un regard particulièrement attentif et surtout de faire preuve d’ambition à la fois pour sa préservation et pour la conservation du contexte dans lequel chacun de ses bâtiments a été conçu.

Maison de Jean-Baptiste Dewin, avenue Molière.
Maison de Jean-Baptiste Dewin, avenue Molière. - Le Soir

Une propriété totalement préservée

Une de ses œuvres maîtresses est située à proximité de l’avenue Molière à Forest au 29-33, rue Meyerbeer : il s’agit de la villa commanditée par l’industriel Jean Danckaert en 1922 et édifiée au sein d’un jardin paysager planté, sur tout son pourtour, d’arbres aujourd’hui presque centenaires.

La propriété originelle occupait l’angle des rues Meyerbeer et de la Mutualité, la villa étant flanquée sur son côté d’un petit pavillon mitoyen qui, dans les années 50, a été transformé en habitation plus spacieuse pour les enfants des propriétaires. À l’exception de cette modification, la propriété, restée aux mains de la famille jusqu’il y a peu, a été totalement préservée.

Dans la villa, vitraux, et lambris ont été réalisés par les ateliers courtraisiens De Coene. Avec les marbres, les fers forgés et les pierres sculptées en façade, ils portent indéniablement la signature de Dewin ; mais plus étonnant encore est l’état de conservation des bains, de la cuisine et de son office et de rangements originaux formant décor sur les paliers.

Le jardin à l’anglaise, lui aussi, n’a rien perdu de son charme originel ; si les vues aériennes entre 1930 et aujourd’hui montrent l’évolution de la végétation, les tracés de promenade sont restés identiques et la roseraie, visible de la rue, continue de ravir les passants. Conçue pour ouvrir diverses perspectives sur son jardin, la villa forme avec lui un ensemble cohérent et indissociable.

L’intérêt historique et esthétique de l’ensemble n’a pas échappé à la Commission Royale des Monuments et Sites qui a pris la décision de proposer le classement pour totalité de la maison et de son jardin et remarque notamment que si « plusieurs maisons remarquables de Dewin datant de la première période ont été classées  », « aucune maison datant de l’Entre-deux-guerres n’a été protégée jusqu’ici alors que la carrière de l’architecte a connu de nouveaux développements et une belle ampleur durant cette période ».

« Une séquence urbaine inattendue »

Par ailleurs, la CRMS note que si plusieurs immeubles protégés ont été « altérés, transformés et/ou profondément dénaturés », ce n’est pas le cas de cette villa, dont la typologie, par ailleurs, lui donne un statut particulier qui témoigne de la manière non conventionnelle dont Jean-Baptiste Dewin a traité un programme somme toute assez classique pour en faire une séquence urbaine inattendue, à mi-chemin entre l’hôtel de maître et la « campagne ».

Soumise à la Direction des Monuments et Sites début octobre, la proposition a été actée en décembre par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale.

Tout irait donc bien dans le meilleur des mondes si, récemment, un tout autre développement du devenir de la propriété n’avait pas eu lieu. Achetée par un promoteur immobilier, la totalité de la propriété d’origine a fait l’objet d’une redistribution des parcelles : la villa de Dewin, à l’exception de quelques mètres est désormais amputée de la totalité de son jardin. Le promoteur entend démolir la maison contiguë, abattre tous les arbres à front de rue et en fond de parcelle, et ériger en lieu et place un immeuble de plus de 50 appartements et 80 emplacements de parking.

Une perspective de sauvetage

Face au mépris témoigné par le promoteur pour les multiples facettes de l’intérêt que présentent l’œuvre de Dewin et son contexte, le voisinage a accueilli la proposition de classement de la maison et du jardin comme perspective de sauvetage et l’a relayée par un appel à pétition et une campagne d’information via le site www.notrehistoire.be.

À ce jour, la pétition a recueilli près de 2000 signatures et la campagne a reçu l’appui d’associations œuvrant pour le patrimoine, d’institutions publiques, d’architectes, de journalistes, d’écrivains… tous soucieux du sort réservé à cet ensemble.

Forts de ces réactions et conscients de l’intérêt que provoque la question du patrimoine et sa sauvegarde – à en juger notamment l’affluence lors des Journées du Patrimoine dans tout le pays — nous demandons au Ministre-Président Vervoort et au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale de s’allier à ses concitoyens en se prononçant en faveur de la protection du patrimoine et en privilégiant la préservation de l’environnement.

 

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