Les piétonniers sont-ils l’avenir des centres-villes?

Depuis le lancement de la phase test, il y a un an, la pertinence du piétonnier sur les boulevards du centre de Bruxelles reste largement controversée. Sur la forme – Yvan Mayeur n’a pas assez consulté, estiment les uns – mais aussi sur le fond : pas touche à la place de la voiture, estiment d’autres. C’est de cette seconde question que nous vous proposons de débattre aujourd’hui. Quel avenir pour nos centres-villes ? Un peu partout dans le monde, les villes connaissent d’importantes mutations. Fini les autoroutes urbaines, place à la mixité des modes de déplacement, avec une part rendue aux modes de déplacements doux, et notamment aux piétons. Avec de belles réussites, par exemple à Gand, ou en France à Lyon, Nantes, Strasbourg, Bordeaux… « La théorie du chaos ne fonctionne pas » Jean-Luc Calonger est le président de l’AMCV, l’association de management de centre-ville. Il est également professeur de marketing et de management commercial à l’Institut Condorcet de Mons. Le piétonnier est-il l’avenir des centres-villes ? « L’avenir, c’est à coup sûr de concevoir des centres-villes pour les gens. C’en est fini du centre-ville « shopping centre ». Il faut que les gens aient envie de revenir habiter en ville. Dans cette optique, le piétonnier n’est qu’un outil d’aménagement. Les villes ont été aménagées pour les voitures, pas les habitants. Les axes pénétrant les villes ont coupé à la hache des quartiers, qui se trouvent isolés les uns des autres, dans des conditions de vie inacceptables avec du bruit et de la pollution. Mais depuis une bonne dizaine d’années, de nombreuses villes ont entamé leur mutation », explique-t-il. Mais là où les villes scandinaves, New York et certaines villes françaises et flamandes ont entamé leur mutation il y a plus d’une dizaine d’années, les villes belges francophones sont à la traîne. Pourquoi ? Par manque de vision cohérente et par facilité. » Les rendements des zonings commerciaux en périphérie sont plus sûrs. On continue donc la politique d’étalement urbain. » Concernant Bruxelles, il estime que la « théorie du chaos » choisie ne fonctionne pas. ► Son interview complète sur Le Soir+ « A Bruxelles, le projet a été mal mené » « C’est ce qu’on essaye de faire maintenant avec les rapports de l’observatoire du piétonnier : objectiver ce qui a marché et ce qui n’a pas marché », explique Michel Hubert de Brussels Studies. « Si on remet les compteurs à zéro, comment remettre tout ça dans une perspective plus constructive et aller de l’avant malgré tout. Le statu quo ou le retour en arrière n’est certainement pas une solution puisqu’il faut réaménager ce centre-ville qui ne fonctionnait plus très bien et les boulevards centraux auxquels on n’avait plus touché depuis les années 1970. Il faut réfléchir par étapes. C’est ce qu’a fait la ville de Gand, par exemple ». ► Son interview complète sur LeSoir+ Bordeaux a réussi son piétonnier, mais «ça ne s’est pas passé en une année» Bordeaux est l’un des exemples de transition réussie. Une grande part du centre-ville de la cité girondine est piéton depuis les années 2000. Michel Duchène, vice-président de la Communauté Urbaine de Bordeaux en charge des grands projets d’aménagement urbains, explique comment s’est opéré ce changement dans une ville qui, pourtant, partait de loin. « L’important, c’est que ça s’est fait au fil du temps. Ça ne s’est pas passé en une année, ça s’est étalé sur près de dix ans », explique-t-il au Soir. Cette mise en place progressive passe par des événements ponctuels, comme des dimanches sans voitures, « un bon moyen de faire de la pédagogie », dit-il. Si les habitants ont plutôt bien réagi, certains commerçants bordelais « plutôt traditionnels », s’y sont opposés. Mais cette opposition s’est progressivement éteinte, « et maintenant ils y sont très favorables. Personne n’envisage de fermer ce grand secteur à contrôle d’accès », affirme Michel Duchène. ► Son interview complète sur LeSoir+ L’avenir des centres-villes appartient-il aux piétons ? Vos commentaires ci-dessous. ( Participer au débat sur mobile )

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