Les pros du voyage s’opposent au supplément de 16 euros du Groupe Lufthansa
Dès septembre, les compagnies du groupe Lufthansa appliqueront un supplément de 16 euros sur les billets achetés en dehors du réseau de distribution direct de la marque. La fin des agences de voyages ?


La décision du Groupe Lufthansa, donc aussi de Brussels Airlines, d’imposer un supplément de 16 euros pour les réservations faites via les réseaux de réservation mondiaux suscite une levée de réactions. Pas des passagers des avions qui ne sont pas visés en premier chef par cette augmentation (pourtant, elle retombera sans doute indirectement sur une partie d’entre eux) mais par les professionnels du voyage. Les agences de voyages en tête. Une partie d’entre elles y joue en effet sans doute leur survie.
Les compagnies du groupe Lufthansa (et bientôt celles des autres grands groupes aériens ?) estiment que dans l’évolution du prix des billets d’avion, la part réservée aux réseaux de distribution mondiaux traditionnels (il y a trois « GDS » global distribution system ») était trop importante. Brussels Airline’s explique, ainsi, que sur un vol vendu 69 euros, 49 euros allaient aux taxes aéroportuaires et 16 euros aux frais de GDS. Restent 4 « pauvres » euros pour la compagnie elle-même. Globalement, à travers la chaîne commerciale de l’aviation, les GDS empochent la plus grosse part du gâteau aérien, 20 %, quand les compagnies doivent se contenter de 4 %.
À partir du 1er septembre, le groupe Lufthansa (Austrian, Brussels Airlines, Lufthansa, Swiss) a donc décidé d’appliquer un supplément de 16 euros (distribution cost charge) à tous les achats qui ne passent pas par un support direct du groupe (site internet, call center, vente directe). Des solutions de distribution contournant les GDS traditionnels vont être proposées aux professionnels.
Brussels Airlines, prudent, assure que les agences de voyages restent des partenaires privilégiés mais chacun comprend que le « système » commercial est à un tournant. Demain, les compagnies aériennes pourront proposer, en direct, les services, les plus, qui font jusqu’ici la différence, la valeur ajoutée, des agences (réservation d’hôtel, de moyen de transport vers/depuis l’aéroport, location de voiture…).
Amadeus, un des principaux GDS, n’a pas tardé à parler de coup de force, empêchant les passagers de profiter des comparaisons de tarif entre différents groupes, de la facilité des « packs » de différents services composés par les agences, etc. L’association belge des agences de voyages d’affaires (BATM) a également vite rappelé que ce sont leurs clients, les entreprises, qui vont rapidement devoir payer l’addition qui ne manquera pas de leur être répercutée (visiblement, ces agences n’envisagent pas l’avenir sans un GDS) qu’elles y perdront « la possibilité de localiser le voyageur (via les PNR Records – les données des dossiers passagers disponibles via GDS), ce avec un impact direct sur la sécurité du voyageur. Par ailleurs, effectuer des réservations en dehors des canaux de l’entreprise (tel que le GDS) ajoute une couche supplémentaire de complexité (et donc des coûts) et des difficultés de gestion (intégration et qualité des données de voyage et de réservation, optimisation des procédures de voyages). »
L’Union professionnelle des agences de voyages (UPAV) dénonce une décision prise sans concertation, sans alternative ni période de test. La fédération des agences de voyage (Belgian Travel Organisation- BTO), elle, rappelle que Lufthansa risque gros en se mettant à dos les agences qui réalisent encore 60 % des ventes de tickets (mais en diminution constante par rapport à Internet). Certains cherchent déjà comment organiser une forme de boycott des compagnies du groupe allemand au profit des autres, d’ici le début septembre.
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