Libéralisation du rail: le CDH wallon veut protéger l’avenir de la SNCB

Le CDH wallon veut encadrer la libéralisation du rail et protéger le chemin de fer en zone rurale. Mercredi, le parlement wallon prendra en considération une proposition de résolution de Dimitri Fourny, chef de groupe CDH, qui vise à protéger l’avenir de la SNCB, avant l’application de ce que l’Europe appelle le « quatrième paquet ferroviaire », un ensemble de mesures qui doivent permettre la libéralisation totale du chemin de fer en Europe, y compris le transport « national » des voyageurs, jusqu’ici protégé. Un « paquet » qui devrait être partiellement entériné pour la fin de l’année avant d’être transposé dans chaque pays membre et entrer en vigueur d’ici à 2026. Protéger la desserte des zones rurales En lançant cette procédure, le député-bourgmestre de Neufchâteau veut attirer l’attention sur l’avenir du rail en général, forcer le débat politique et la prise de position de tous les partis mais aussi, en particulier, protéger la desserte des zones rurales de Wallonie. Un sujet de préoccupation déjà évoqué lors de la suppression du Thalys wallon ou avec le « train de la colère » illustrant que les liaisons entre Bruxelles et la province du Luxembourg « sont plus lentes qu’à l’après-guerre ». « Le quatrième paquet ferroviaire permettra à chaque État d’attribuer directement le service public ferroviaire à un opérateur ou de lancer une mise en concurrence par appel d’offres, explique Dimitri Fourny. Si c’est par attribution directe, le pays devra expliquer en quoi ce choix va permettre d’améliorer la qualité du service. Or on voit bien que la SNCB laisse entendre qu’elle tente juste de maintenir le service, pas d’améliorer l’offre parce qu’on ne lui en donne plus les moyens. » Pour étayer sa conviction, le député se base sur la présentation du futur plan de transport 2017 que la SNCB fait actuellement auprès des élus des différentes provinces et où elle explique qu’elle va maintenir le nombre de trains kilomètres effectués chaque année, qu’elle ne va plus fermer de gares mais c’est tout. « Elle explique, en gros, qu’elle n’ira pas en dessous du niveau actuel, sans plus. » Même si le nouveau ministre fédéral François Bellot (MR) plaide plutôt pour cette première option, la crainte du CDH, c’est que le reste du gouvernement fédéral ne cherche même pas à l’envisager et préfère la seconde : « Attribuer le marché public par lots. Par lignes, par zone géographique… À partir du moment où on déstructure l’offre, c’est la régionalisation larvée de l’offre ferroviaire. Et dans tous les cas, la composition de lots fera apparaître des lots plus rentables, parce que situés dans des zones plus densément peuplées, et cassera la nécessaire solidarité envers les zones les plus rurales. Vu la tendance du gouvernement, si on doit en arriver à cette option, le CDH plaide pour que l’ensemble du territoire reste un lot unique. » On a entendu lors des récentes grèves sur le rail que la séparation des liaisons ferroviaires par communauté est plus qu’une tentation dans le chef de certains partis flamands. Le quatrième paquet ferroviaire offrirait juste un cadre politique et légal favorable. Proposer une alternative à la voiture Dimitri Fourny plaide l’inverse : le rail doit rester uni pour équilibrer les forces et les faiblesses. Mais « au cas où », les Wallons ont intérêt à veiller à ce que leur réseau ferré reste/redevienne « à la hauteur, c’est le meilleur moyen de rester attractif et de proposer une véritable alternative à l’automobile puisque c’est pas en élargissant les autoroutes qu’on va arranger le problème de mobilité et d’encombrement de la capitale. » Il faut donc veiller à l’équipement et à l’entretien du réseau wallon, malgré une clé de répartition des investissements défavorables (60/40 pour la Flandre) et l’attente d’un plan pluriannuel d’investissement qui rencontre les priorités wallonnes. « Le gouvernement wallon a mis 200 millions de préfinancement sur la table pour aider à trouver une solution pour le RER et n’a jamais reçu la moindre réponse à sa proposition… » C’est donc en introduisant sa proposition de résolution que le député entend forcer le débat ferroviaire et toutes ses facettes : un statut pour les emplois du secteur ferroviaire qui permette aux différents opérateurs de reprendre le personnel existant (« Il n’y a pas de raison que les changements se fassent au détriment du personnel »), une meilleure concordance des offres avec les opérateurs voisins pour les liaisons transfrontalières (« y compris l’intégration tarifaire »)… Concrètement, la proposition qui sera prise en considération ce mercredi, ira en commission (aujourd’hui présidée par la MR Jacqueline Galant, ancienne ministre fédérale de la Mobilité, ça peut être piquant…) avant de revenir, amendée ou pas, au Parlement. C’est alors que la résolution pourra « forcer une prise de position du gouvernement wallon et du gouvernement fédéral. » Le CDH étant au pouvoir au premier (c’est Carlo Di Antonio qui gère la mobilité), pas trop de doute que ça suivra. Étant dans l’opposition au second, l’accueil risque d’être différent. Pour le député wallon, « c’est là qu’on verra le vrai visage du MR ».

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