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Les socialistes français entre apaisement et apathie

Le congrès du PS se tient ce week-end à Poitiers. Une semaine après les Républicains, c’est la gauche qui se met en ordre de marche. Les tensions sont retombées. Mais l’enthousiasme n’y est pas.

Temps de lecture: 4 min

POITIERS

De notre envoyée spéciale

Ce ne sera pas un remake du congrès de Rennes, en 1990, quand Jospiniens et Fabiusiens s’étaient déchirés. Ce ne sera pas non plus un revival de celui de Reims, en 2008, quand Martine Aubry et Ségolène Royal s’étaient disputé la victoire. Le congrès du Parti socialiste s’est ouvert ce vendredi à Poitiers dans une ambiance torride. Mais seulement météorologiquement parlant… Depuis les turbulences de la loi Macron sur la croissance (lorsque le gouvernement avait fait passer le texte en force à l’Assemblée pour contourner les députés frondeurs), l’atmosphère s’est apaisée. Les jeux sont d’ailleurs faits depuis le vote des « motions » (les textes programmatiques) et la reconduction du Premier secrétaire. Jean-Christophe Cambadélis a été élu dès la semaine dernière avec 70% des voix.

Dans le hall encore quasi vide du parc des expos de Poitiers, l’enthousiasme n’est pas pour autant au rendez-vous.

« L’ampleur du dégoût »

«Je prends acte de ce congrès », se résigne Christian Paul, qui portait une motion plus à gauche que celle sur laquelle se sont rassemblés la plupart des ministres et Martine Aubry. Une déception : il n’a fait que 30%. «Maintenant, il faut que Jean-Christophe Cambadélis rentre vraiment dans l’habit du Premier secrétaire. Il faut qu’il cherche loyalement des accords sur des majorités d’idées et que le gouvernement ne passe pas en force à l’Assemblée dès la première inquiétude », explique-t-il en réclamant toujours un coup de barre à gauche, avec davantage de mesures pour le pouvoir d’achat. Laurent Baumel, autre chef de file des députés frondeurs, se montre encore plus inquiet. «Le quinquennat n’est pas fini », diagnostique-t-il. « Mais est-ce qu’on va encore pouvoir modifier l’impression que les Français pourraient avoir de notre bilan ? C’est cela, la question. La présidentielle ne viendra que dans un deuxième temps. Franchement, je crois que personne ne peut dire aujourd’hui dans quel état psychologique et politique se trouvera François Hollande en 2016. Je crains qu’on ait une énorme surprise. Parce qu’on ne mesure pas l’ampleur de la désillusion et même du dégoût pour la politique. Ce qui est certain, c’est que les Français n’ont absolument aucune, mais alors aucune envie d’assister à une revanche entre François Hollande et Nicolas Sarkozy ».

Dès sa campagne de 2012, François Hollande avait juré que « lui, Président », il ne s’occuperait plus des affaires du parti. Celui qui a été pendant onze ans premier secrétaire du PS garde pourtant de vieux réflexes. Il n’est pas totalement étranger au ralliement de Martine Aubry au courant majoritaire. La seule qui aurait pu prendre la tête de la fronde est « neutralisée ». Martine Aubry a accepté de se ranger des voitures pour autant que le PS prenne quelques engagements (dont celui de ne pas aller plus loin sur le travail du dimanche). La maire de Lille sera bien présente ce week-end à Poitiers. Mais elle ne prendra pas la parole.

Ce congrès, ce n’est pas le sien, mais celui de Manuel Valls. Devant tous ses ministres rassemblés ou presque (Ségolène Royal est excusée : elle s’est rendue aux Etats-Unis pour l’arrivée de l’Hermione, la copie de la frégate de La Fayette qui vient de traverser l’Atlantique), il prononcera samedi midi le discours qui fixera le cap pour les prochains mois. « On ne sifflera pas », promettent les frondeurs. Allusion évidente aux huées qui avaient accueilli, la semaine dernière, Alain Juppé et François Fillon, au congrès des Républicains. Le Premier ministre qui, il y a quelques mois encore, voulait renommer le Parti socialiste, devra convaincre les siens de la pertinence de son cap. Pour ce faire, il ne sera pas encombré par la présence d’Emmanuel Macron. Symbole des réformes sociales-libérales, le ministre de l’Economie ne sera pas là. « Il n’est pas socialiste ! », dit de lui le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis. De fait, le locataire de Bercy n’a pas sa carte…

Mais le plus dur sera de donner un élan. Alors que le PS ne compte plus que 130.000 militants, seuls la moitié d’entre eux se sont déplacés pour voter lors de ce congrès. Un signe que l’envie n’y est vraiment pas…

 

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