La FGTB signe un accord «historique» avec Uber

Ce vendredi, le téléphone risque de chauffer dans les centrales FGTB. La décision prise par sa branche « transport » – la FGTB-UBT/ABVV-BTB, encore nationale, avec environ 60.000 membres à son actif – ne plaira pas à tout le monde. Le représentant des taxis, des conducteurs de bus ou encore des chauffeurs routiers vient en effet de signer un accord avec la division belge d’Uber, le géant américain de la mobilité. [scald=29548177:sdl_editor_representation] « C’est une étape extrêmement positive », assure Tom Peeters, secrétaire fédéral adjoint transport et logistique. Historique aussi. « On s’est battu durant des années contre les plateformes, en particulier contre Uber. Et cela a mené à quoi ? A rien. Ces entreprises ne vont pas disparaître. Appelez-nous progressistes si vous le souhaitez, notre job, c’est de défendre les travailleurs, tous les travailleurs. La Belgique est une terre de compromis, ce qu’il faut, c’est du dialogue. » Et du dialogue, social, il y en aura chaque trimestre désormais entre les responsables d’Uber en Belgique et les syndicalistes. Des milliers de travailleurs concernés Concrètement, l’accord implique que la plateforme reconnaît la FGTB-UBT comme représentant de ses collaborateurs indépendants et s’engage à travailler dans le cadre de la concertation à l’amélioration des conditions de travail et des revenus de ces derniers. Qui auront, bien sûr, le choix de s’affilier ou pas. Au total, plusieurs milliers de personnes sont concernées car le « deal » porte à la fois sur les filiales « transport rémunéré de personnes » (présente à Bruxelles et en Flandre avec environ 2.000 chauffeurs) et Uber Eats, spécialisée dans la livraison de plats de restaurant à domicile (installée dans 236 communes du pays avec au moins 3.000 livreurs à vélo et à scooter à son actif). [scald=29548178:sdl_editor_representation] Un permanent – « plus si nécessaire, mais ce n’est que le début » – prendra début 2023 ses quartiers dans le « hub » bruxellois où transitent régulièrement les chauffeurs et les coursiers partenaires de la plateforme. « Comme dans n’importe quelle entreprise en réalité », explique Laurent Slits, à la tête d’Uber en Belgique. Qui assume le fait qu’une telle avancée n’aurait pas été possible il y a encore quelques années. « Le management a changé, l’entreprise a changé. Nous n’avons pas d’intérêt à ce que nos chauffeurs et nos livreurs soient mécontents, notre business en pâtit également. » Tom Peeters insiste cependant : « Cela ne veut pas dire qu’on est au diapason sur tout, loin de là. Notre souhait, c’est, bien sûr, de salarier ces travailleurs. Mais dans l’intervalle, il y a de la marge pour améliorer leur quotidien. » Une base de négociations internationale Les premières discussions entre la société et la FGTB datent de mai dernier. Elles font suite à un mémorandum signé en février par l’ITF, la fédération internationale des ouvriers du transport (700 syndicats, 150 pays, 20 millions de travailleurs) et la maison mère californienne d’Uber, qui ouvre la porte à des négociations au niveau local. La Belgique est le premier pays européen à sauter le pas, après la Grandre-Bretagne et l’Australie (où syndiquer des travailleurs indépendants est plus « commun »). Chez nous, la CSC (Confédération des syndicats chrétiens), via sa section United Freelancers, représente déjà des travailleurs « à la demande », dont des collaborateurs d’Uber, mais sa démarche est essentiellement offensive. « Si on veut être constructifs, il faut un accord à la base, sans ça, aucune discussion n’est possible et on finit devant les tribunaux », argumente encore Tom Peeters. Le 16 novembre prochain, le Tribunal du travail de Bruxelles rendra un verdict – portant sur la nature de la relation de travail – dans une affaire opposant justement un ancien collaborateur d’Uber (rejoint par United Freelancers) à la plateforme. La FGTB-UBT ne compte en tout cas pas s’arrêter là. « Nous allons maintenant contacter les autres plateformes actives en Belgique – Bolt, Heetch, Deliveroo et TakeAway – pour tenter d’instaurer la même dynamique. » [scald=29548176:sdl_editor_representation]

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